Burkina Faso : Grève des magistrats après la libération forcée d'une guérisseuse
Le secrétaire général du syndicat des magistrats
Les magistrats du Burkina Faso observent depuis ce lundi une grève illimitée pour exiger la réintégration en prison d'une guérisseuse traditionnelle, accusée de complicité de séquestration et coups et blessures. Libérée de force par des militaires alors qu'elle venait d'être placée sous mandat de dépôt avec huit autres personnes.
Selon une déclaration parvenue a Koaci.com, l'intersyndicale des magistrats qui regroupe trois syndicats, a appelé « l'ensemble des magistrats du Burkina Faso à la suspension de toutes les activités en juridiction jusqu'à l'intégration de la dame dite guérisseuse traditionnelle à la maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou ».
Ce mot d'ordre a été observé dans les différents palais de justice de Ouagadougou comme constaté sur place.
Cette décision des magistrats fait suite à ma libération d'une guérisseuse placée sous mandat de dépôt dans le cadre d'une affaire de séquestration et de tortures sur un quinquagénaire.
En effet, le vendredi 28 juillet, après la diffusion d'une vidéo de torture d'un vieil sur les réseaux sociaux, et agissant dans le cadre de ses prérogatives, le Parquet près le Tribunal de Grande Instance Ouaga avait diligenté une enquête, puis décerné un mandat de dépôt contre neuf personnes dont Amsetou Nikièma, la célèbre guérisseuse traditionnelle de Komsilga. pour des faits de « séquestration, tortures, coups et blessures volontaires ».
« Alors que des mandats de dépôt venaient à peine d’être décernés contre les mis en cause pour les besoins de la procédure, l’on a constaté un encerclement du Palais de justice du Tribunal de grande instance Ouaga II par un groupuscule de militaires encagoulés et armés, à bord notamment de deux (02) pickups et d’un blindé pour, disent-ils, « libérer la guérisseuse » des mains des agents de la Garde de Sécurité Pénitentiaire (GSP), selon l’intersyndicale des magistrats du Burkina.
« Courant 04 h du matin, elle était cependant, contre toute attente, remise à des éléments dits relevés de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) sans accord du Procureur du Faso près le TGI Ouaga II, et ce, sur instructions du Directeur général (DG) de l’administration pénitentiaire, déclarant lui-même plus tard avoir agi sur instructions du Ministre en charge de la justice et des droits humains », selon les magistrats
«Face à l’extrême gravité des faits commis par ce groupuscule de militaires , l’intersyndicale des magistrats » dit condamne avec la dernière énergie cette réaction consistant à soustraire une citoyenne d’une procédure judiciaire, portant ainsi atteinte à l’indépendance et à l’autorité de la justice ».
Elle a invité les auteurs de cet enlèvement à procéder à la remise sans délai et sans condition de la mise en cause en vue de sa réintégration à la maison d’arrêt pour la suite de la procédure ».
L'intersyndicale dit appeler « l’ensemble des magistrats du Burkina Faso à la suspension de toutes les activités en juridiction jusqu’à l’intégration de la dame dite guérisseuse traditionnelle à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou ».
Par ailleurs, les magistrats ont interpellé le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré « sur l’étendue de sa responsabilité en tant que Garant constitutionnel de l’indépendance du pouvoir judiciaire ».
Dans un autre communiqué, le procureur de la cour d'appel, Laurent Poda a aussi interpellé le Ministre de la Justice « sur la nécessité qui lui incombe de respecter les principes de séparation des pouvoirs et d’indépendance de la justice, tout en l’invitant à prendre toutes dispositions utiles en vue de la réintégration de Nikièma Amsétou à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, en exécution du mandat de dépôt décerné contre elle ».
Le Procureur du Faso, près le tribunal de grande instance de Ouagadougou, Abdoul Kader Nagalo a déploré une « énième agression non fondée et inacceptable des acteurs judiciaires et à l’intrusion intempestive dans les procédures judiciaires portant gravement atteinte à l’autorité des actes de justice et à l’indépendance du pouvoir judiciaire ».
Il a « instruit l’ouverture d’une enquête des chefs d’évasion, de complicité d’évasion et de discrédit sur un acte juridictionnel ».
«Tout en marquant sa compréhension face à ces réactions, le gouvernement rassure l’opinion que toutes les dispositions sont prises pour réserver le meilleur traitement à ce dossier dans le strict respect des principes de l’État de droit, de tolérance zéro à l'impunité, de préservation de la paix sociale et de la sécurité », a rassuré de son côté le ministre et porte-parole du gouvernement, Jean-Emmanuel Ouédraogo.
Boa, Ouagadougou
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