Côte d'Ivoire : Etat des lieux du Crédit-bail, Charles Yvan Tanon de la SFI: « l'ensemble des prêts alloués aux PME et TPE ne représentent que 1,77 % des encours »
Employé à la Société Financière Internationale (SFI), une structure du Groupe de la Banque Mondiale, Charles Yvan Tanon est spécialiste du secteur financier, chargé de coordonner les activités du crédit-bail en Côte d’Ivoire. En marge du séminaire de renforcement des capacités des acteurs du système judiciaire sur cet outil de financement des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et des Très Petites Entreprises (TPE), qui se tient en ce moment à l’Institut National de Formation Judiciaire (INFJ) à Abidjan-Cocody, nous avons échangé avec cet employé de la SFI qui nous fait l’Etat des lieux du crédit-bail en Côte d’Ivoire, depuis 2015 où il a été mis en œuvre.
Koaci.com : Quelle est la pertinence pour une structure comme la SFI d’initier un séminaire de renforcement des capacités des acteurs de la justice sur le crédit-bail ?
Charles Yvan Tanon : De prime abord, il faut signaler que la Société Financière Internationale (SFI), est une société sœur de la Banque Mondiale, spécialisé dans le développement du secteur privé. Au sein de cette structure financière, je suis chargé de coordonner les activités du crédit-bail en Côte d’Ivoire. Nous avons entamé cette activité du crédit-bail depuis une décennie maintenant avec des réflexions sur le secteur. Nous avons travaillé sur la mise en place d’un cadre légal et réglementaire sur le crédit-bail, parce que jusqu’en 2015, il n’existait pas de texte de loi sur cet instrument de financement des PME.
Nous avons commencé les réflexions à partir de 2012 et nous avons fini par avoir un texte ivoirien régissant le crédit-bail. Ensuite, nous avons eu un texte communautaire en 2017 qui régit l’activité du crédit bail en Côte d’Ivoire. Le constat, c’est que depuis l’adoption de ces textes, les entreprises faisant du crédit-bail ont commencé à augmenter. Des banques et Institutions spécialisées ont commencé à s’intéresser à l’activité du crédit-bail et nous avons aujourd’hui, sept (7) banques et deux (2) Institutions spécialisées qui font du crédit-bail en Côte d’Ivoire.
Partant de ce constat, nous nous sommes également rendus compte qu’il y avait un état des lieux à faire, pour voir depuis l’adoption de la loi, les différentes évolutions que l’on a pu noter, les avantages qui ont pu émerger de cette activité et les défis à relever. De plus en plus, nous avons une croissance des activités du crédit-bail et donc de plus en plus de crédits-bails sont alloués aux entreprises et aux entrepreneurs.
Toutefois, le problème, c’est que plus, vous avez de l’activité, plus il y a des risques de litige entre bailleurs et preneurs et les litiges en crédit, bail, sont amenés devant les juridictions et il nous est apparu important de travailler avec les magistrats, mais aussi avec les juges et les conseillers consulaires, afin de leur rappeler les textes de loi qui sont des textes spécifiques, parce que l’activité de crédit-bail est une activité spécifique. C’est donc une loi spécifique qui la régit, car elle est différente du droit commun.
Les discussions vont porter sur l’application pratique de cette activité. Il s’agit de rappeler ce qu’est l’activité du crédit-bail, ses principes, mais aussi partager des cas pratiques dont les magistrats pourraient avoir connaissance et même échanger avec eux sur les cas qu’ils ont à traiter en ce moment et voir dans quelle mesure s’assurer d’avoir la meilleure compréhension sur ce sujet.
Koaci.com : Quel est l’état des lieux du crédit-bail en Côte d’Ivoire ?
C.Y.T : Nous avons un encours en crédit-bail à la fin de l’année 2020 qui était autour de 178 milliards CFA. En langage facile, ce sont les prêts alloués. Cependant, sur la même période, cela ne représentait que 1,77 % de l’ensemble des encours ou des prêts. Quand vous comparez ce taux par rapport à des pays comme la Tunisie, où nous sommes à 17 % et le Maroc qui est à 18 % des prêts dus au crédit-bail, vous vous rendez compte qu’il y a un travail à faire. Ce qu’il faut dire, c’est que le crédit-bail est un outil qui est adapté au financement des PME. Ce financement règle souvent la question des garanties que les PME n’ont pas souvent lorsqu’elles veulent avoir accès aux prêts. Grâce au crédit-bail, la question des garanties est amoindrie, mais malgré tout, on se rend compte que l'on n'est qu’à 1,77 % des encours.
Koaci.com : Que faut-il faire pour améliorer l’activité du crédit-bail en Côte d’Ivoire ?
C.Y.T : Le crédit-bail connait déjà une amorce de développement avec les banques et Institutions spécialisées qui ont commencé à s’y intéresser. Cependant, si l'on veut financer un peu plus les Petites et Moyennes Entreprises et même les petites, il faut que l'on s’assure de vulgariser le plus possible cet outil. C’est vrai que ce n’est pas le seul outil en l’espèce, mais c’est l’un des outils qui permet justement aux Petites et Moyennes Entreprises d’avoir accès plus facilement aux financements. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous travaillons ardemment avec l’Etat de Côte d’Ivoire pour booster cette activité et faire en sorte que dans la poursuite de cette vulgarisation, lorsqu’il s’agira de faire recours aux juridictions compétentes, elles soient outillées pour pouvoir répondre le plus efficacement possible aux problématiques des usagers.
Wassimagnon
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