Côte d'Ivoire : Égalité homme/femme, Maître Bitty Kouyaté exhorte les femmes chercheures à faire une étude pour savoir les obstacles et faire des propositions
En marge de la commémoration de la journée internationale des droits de la femme, l'Association des femmes chercheures et enseignantes chercheures de Côte d'Ivoire (AFEM-CI) a organisé hier une conférence débat pour ses membres autour du thème : « Femme chercheure, épouse, mère et citoyenne : Quels droits et devoirs dans la perspective de l'équité ».
Cette cérémonie était parrainée par Fatimata Bictogo, l’épouse du Président de l'assemblée nationale et la conférence a été coanimée par Maître Christiane Bitty Kouyaté, académicienne de l'ASCAD et Coulibaly Pelibien Gislain sociologue, spécialiste sur les questions de genres et inclusion sociale et président fondateur du Réseau des hommes engagés pour l'égalité de genres en Côte d'Ivoire.
Maître Christiane Bitty Kouyaté, académicienne de l'ASCAD a reconnu que beaucoup d'efforts ont été faits par la Côte d'Ivoire pour se conformer aux instruments internationaux qu'elle a ratifiés.
« Le problème est que ratifier des instruments, promouvoir des lois nationales avec à la tête notre constitution qui prône l’égalité homme femme, ne suffit pas. J'ai pris l'exemple de trois personnes. Deux personnes qui ont la même taille et une troisième personne qui est moins grande pour qu'elle atteigne les deux autres, il faut lui mettre un tabouret et ce tabouret constitue l’équité. Malheureusement, vous conviendrez avec moi qu'on n'est pas du tout au stade de l’équité quand dans toutes nos lois nationales, économiques, droit du travail », a-t-elle déploré.
Maître Bitty a pris l'exemple de la terre. Selon elle, dans les villages, pour obtenir une terre, il faut se baser pour avoir un certificat foncier à la tradition, or la tradition ne donne pas la terre aux femmes. L'académicienne estime que dans ce cas, on ne peut pas parler d'égalité, bien que la loi dise que la Femme et l'homme ont droit à la terre.
Elle a également évoqué la question de filiation où il y a une inégalité dans la reconnaissance de l'enfant. Pour la conferencière, il faudrait imposer à la Femme de permettre l'ADN pour l'enfant de son mari qui est reconnu.
« Mais bon. On ne va trop en parler, parce que les hommes n'aiment pas trop cela », a ironisé, Maître Bitty Kouyaté.
Elle a exhorté les femmes chercheures à faire une étude pour savoir quels sont les obstacles pour parvenir à l'égalité réelle effective et qu’elles fassent des propositions.
« Il faut que les femmes prennent conscience de leurs forces et qu'elles soient dans les instances de prises de décisions, comme ça, elles vont voter des lois qui tiennent compte de la minorité que nous sommes. Nous sommes mineurs, parce que nous ne sommes pas majeurs à l'heure actuelle vue l'application de la loi », a conclu, Maître Bitty.
Coulibaly Pelibien Gislain sociologue, spécialiste sur les questions de genres et inclusion sociale et président fondateur du Réseau des hommes engagés pour l'égalité de genres en Côte d'Ivoire, a dans son exposé soutenu que les femmes, chercheuses, épouses, mères doivent prendre conscience de l'existence des inégalités hommes et femmes en milieu universitaire.
« Parce que très souvent ces femmes sont dans le déni de la réalité et lorsqu'on est dans le déni de la réalité, on ne peut pas développer de stratégie de déconstruction de ces inégalités, de ces disparités et de tout type. Il faut d'abord prendre conscience. Deuxième chose, il faut que les femmes chercheuses comprennent que la problématique de la conciliation de la vie professionnelle et de la vie privée familiale est une réalité », s'est justifié M. Coulibaly.
Qu'est-ce que la femme chercheure doit faire. Pour le sociologue, elle doit mettre en place une politique d'éducation à l’autonomisation et cela commence dans la cellule familiale.
«Il faut qu’elle soit dans une logique de collaboration, de partenariat avec les aides que nous appelons communément les nounous. Il faut que nos enfants cessent d’être dans l'assistanat perpétuel. Il faut qu'ils comprennent que maman à un statut d'enseignant chercheur et elle a besoin de silence pour travailler, elle a besoin toujours d’être en déplacement pour construire sa carrière professionnelle. Et quand c'est comme ça, on apprend aussi dans la répartition des tâches à leur donner des responsabilités. Il faut que ces enfants apprennent à rentrer dans la cuisine, à aider la nounou pour qu'elle ne fuit pas parce que si les tâches domestiques pèsent sur les nounous, elles finiront par quitter la maison », a expliqué, président fondateur du Réseau des hommes engagés pour l'égalité de genres en Côte d'Ivoire.
Selon lui, les hommes doivent comprendre que lorsque leur femme est dans une telle carrière, la masculinité positive commande qu'on l'accompagne.
« Donc les hommes doivent faire preuve d'engagement de la même manière que les femmes font preuve d'engagement en accompagnant les hommes dans la réalisation de leur dessein les plus égoïstes souvent ou les plus personnels, il faut que nous les hommes, on accepte, nous ne sommes pas en compétition avec les femmes, bien entendu elles, sont des agents de développement, des agents économiques, la preuve en Côte d'Ivoire, elles sont à plus de 47%. C'est une force économique, c'est une force productive. Il faut qu'on permette aux femmes de libérer leur plein potentiel », a-t-il ajouté.
Le succès de ce pays repose sur l’Agriculture. Selon le conférencier, des dispositions légales sont prises pour que l'accès à la terre soit équitable, mais dans les faits, dans la pratique sociologique, les femmes sont dans la précarité, précarisation de leurs droits fonciers, comment voulez-vous qu'elles aient le pouvoir.
« En réalité, si dans le système matrilinéaire ou patrilinéaire ce sont les hommes qui ont le pouvoir de la gouvernance foncière, c'est normal qu'on ait des taux de pauvreté qui se féminisent en Côte d'Ivoire. Les femmes ne luttent pas pour s'affranchir de ces jougs.
Le harcèlement sexuel qu'on ne dénonce pas. Il faut que cesse la loi de l'omerta pour que les femmes puissent prendre leur autonomie en main », a-t-il déploré.
Docteur Céline Nobah épouse Kacou Wodjé, enseignante chercheure à l'Ecole normal supérieure d'Abidjan, Hydrobiologiste, présidente de l'AFEMC-CI a reconnu que les femmes de sa corporation ne maîtrisent pas ses droits et ses devoirs.
« En tant qu’épouse, quelle attitude à adopter vis-à-vis de certains problèmes. En tant que mère, en tant que citoyenne, quelle attitude à adopter ».
Selon la Présidente, il était important que l'Association s'arrête pour enseigner, former, les femmes chercheures sur leurs droits et devoirs.
Wassimagnon
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