Côte d'Ivoire : Premier colloque sur les troubles du spectre autistique, plaidoyer pour la prise en charge des malades face aux coûts de traitement trop élevés
Les Troubles du Spectre Autistique (TSA) sont des troubles complexes, sévères et précoces du développement de l’enfant. Ils touchent environ 1 enfant sur 150 aujourd’hui dans le monde, et quatre fois plus les garçons que les filles pour des raisons non encore identifiées. Tous les pays du monde sont concernés par cette problématique. Ils se manifestent avant l’âge de trois ans et affectent le domaine des comportements ainsi que celui des interactions sociales et de la communication.
L’autisme est une réalité mal comprise des africains. La Côte d’Ivoire ne fait pas exception à cette règle. Les représentations culturelles en Côte d’Ivoire marginalisent l’enfant TSA vécu comme un enfant persécuteur (et parfois persécuté) par les familles et qui souvent peut se voir dépouiller de son humanité en fonction de la sévérité de ses troubles.
A ce jour, le nombre de personnes avec TSA n’est pas connu en Côte d’Ivoire. Cependant, l’on constate un accroissement des demandes de consultations pour ce type de trouble. Les structures spécialisées existantes en Côte d’Ivoire non seulement sont en nombre insuffisant, et le personnel n’a pas toujours la formation requise pour faire face au handicap de l’enfant. Des structures privées ainsi que des ONG et Associations essayaient d’apporter une réponse à la problématique de l’Autisme. L’Etat de Côte d’Ivoire, à travers la Direction de l’Institut National de Santé Publique, s’est engagé dans le combat par la création en juillet 2017 du Centre Marguerite TE-BONLE pour apporter une réponse à la problématique de l’autisme en Côte d‘Ivoire en tenant compte de l’évolution de la recherche sur l’autisme.
Il s'est ouvert aujourd'hui à Abidjan, le premier colloque sur l’autisme qui vise à rassembler la communauté scientifique autour de cette maladie. Ce colloque vise essentiellement à mettre en place un cadre d’information et de valorisation des travaux des chercheurs sur la thématique de l’autisme et du handicap.
Le colloque porte sur le thème « Actualités sur l’autisme et du handicap en côte d’Ivoire » et se tient à l’Institut National de Santé Publique d’Abidjan.
Le Directeur Coordonnateur du Programme National de Santé Mentale a affirmé qu'en Côte d’Ivoire, l’accès aux soins et interventions de qualité pour des personnes TSA reste encore un parcours du combattant pour la personne, sa famille et ses accompagnants.
Selon lui, ce colloque, à destination d’un large public, a pour objectif de dresser le bilan des travaux scientifiques, de vulgariser les bonnes pratiques de prise en charge et de partager les expériences des familles, des associations afin d’améliorer la qualité de vie des personnes autistes et leurs familles. Docteur Koua Asseman Médard a à l'occasion remercié la Première Dame Dominique Ouattara pour sa légendaire contribution à la tenue de ce colloque.
L’autisme en Côte d’Ivoire est depuis quelques années au devant de la scène en matière de handicap. Selon Dr Bissouma AC, Présidente du Comité d’organisation le colloque qui prend fin demain, s’inscrit dans la volonté portée par le Gouvernement de Côte d’Ivoire et Pierre Dimba ministre de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle à travers le Programme National de Santé Mentale et l’Institut National de Santé Publique et le Centre Marguerite Té Bonlé, de contribuer à l’amélioration de la santé des personnes avec autisme et de leur famille.
Conscients que la prise en charge de l’autisme ne peut se faire qu’avec les parents, la thématique sur laquelle nous réfléchissons pour cette année porte sur L’Alliance parents-professionnel pour les personnes avec autisme. La Journée Internationale de Sensibilisation à l’autisme a permis d’affiner la réflexion . Ce colloque scientifique est l’occasion d’aller plus loin :les travaux qui en seront issus de ce colloque devraient nous fournir les arguments pour amorcer une politique et une stratégie nationale dans l’autisme et je l’espère pour les autres troubles neurodéveloppementaux que sont les déficiences intellectuelles, les troubles attentionnels, les troubles des apprentissages, de la communication et de la coordination », a-t-elle conclu.
Le Directeur de l'INSP, a indiqué que de plus, ce trouble génère de grande souffrance en partie renforcée par l’insuffisance de soins, de lieux de prise en charge adaptés et de personnels formés spécifiquement à la problématique de l’autisme.
Selon lui, la prise en charge est lourde et confronte les professionnels à la difficulté de prodiguer des soins adaptés dans un contexte où l’autisme est méconnu.
«Pour répondre au défi de l’autisme, il nous faut joindre nos forces et nos efforts pour comprendre l’autisme et ses répercussions au sein de la population nationale mais aussi apporter des solutions concrète pour une meilleure sensibilisation des populations et une prise en charge, répondant aux standards internationaux, adaptée pour les personnes vivant avec autisme et leurs familles. L’INSP s’engage, avec tout son personnel et ses professionnels, à soutenir la recherche, la formation et la vulgarisation de l’autisme en Cote d’Ivoire », a conclu, le Directeur.
Le ministre de la Santé et de l'hygiène publique a reconnu qu'officiellement dans le pays, c’est depuis 2019 que les autorités se sont engagées à allumer une lumière pour mieux voir l’autisme.
«Depuis lors de nombreuses activités et manifestations menées par les structures sanitaires, éducatives et sociales mais aussi par le milieu associatif ont permis de sensibiliser de plus en plus la population sur cette question majeure de santé publique », a précisé, le représentant de Pierre N'Gou Dimba.
Il est connu que l’autisme fait le lit de beaucoup de souffrance, et que pour prendre soin d’une personne avec autisme, plusieurs professionnels doivent se mobiliser auprès des parents.
Le représentant du ministre a salué la bravoure des parents, mère et père, qui se battent pour aider leurs enfants mais aussi pour tirer la sonnette d’alarme en s’engageant dans la sensibilisation sur les réseaux sociaux. Bravo pour toutes les actions de sensibilisation qui se multiplient depuis plusieurs années.
Selon lui, des efforts sont faits pour améliorer la prise en charge de l’autisme, c'est pourquoi, il appelle à la mobilisation autour de la recherche afin de pouvoir collecter les données probantes qui permettront de prendre des décisions éclairées pour les personnes avec autisme et leur famille.
«Je compte sur les résultats de ce colloque pour pouvoir avancer vers l’amélioration des soins sur la base de données factuelles. En effet, nous devons mobiliser nos forces et nos moyens pour que la situation évolue dans le sens du mieux-être pour tous », a-t-il insisté.
Le représentant de Pierre N'Gou Dimba a indiqué que le challenge du ministère est de faire en sorte que les efforts des uns et des autres se rejoignent et se mutualisent.
Il est convaincu que ces deux journées de travaux vont permettre de faire le point, d’ajuster la marche et les actions.
«Nous espérons, par la suite, que nous pourrons apporter une réponse plus globale, inclusive et mieux adaptée dans la prise en charge de l’autisme en Côte d’Ivoire. Notre ambition est de faire des personnes vivant avec un trouble du spectre autistiques des citoyens de plein droit, participant à la Construction de la Côte d’Ivoire nouvelle », a-t-il conclu.
Wassimagnon
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