Gbagbo et Soro (Ph) 

Le 27 août 2022, l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, avait proposé lors d’une cérémonie à son honneur à Mama (Gagnoa) ses services pour la libération des 46 soldats ivoiriens détenus depuis le 10 juillet dernier à Bamako. 

Le Gouvernement a jugé de maladroit sa sortie, car ce n’était pas ni le lieu, ni la voie indiquée pour faire une telle proposition, du moment où il serait régulièrement en contact avec son successeur, Alassane Ouattara.

« Nous sommes dans un pays organisé, je ne crois pas que ce genre de demande doit se faire par voie de presse. Il y a un contact régulier entre le président de la République et les anciens chefs de l’Etat, que sont les présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo. Je reste persuadé que si le président Laurent Gbagbo veut proposer ses services, il sait par quelles voies, il peut s’adresser au président de la République, je ne crois pas que la voie de presse est la mieux indiquée, avait rétorqué le Porte-parole du Gouvernement, Amadou Coulibaly, à l’issue du Conseil des Ministres du 06 septembre dernier.

Ce jeudi 29 septembre 2022, au moment où la médiation de la CEDEAO se trouve à Bamako pour faire entendre raison aux autorités de la transition, c’est Guillaume Soro, dont ses proches ne cachent plus leur soutien à Assimi Goïta dans cette crise diplomatique (Franklin Nyamsi, Ben Souk, ndlr) qui revient sur la proposition de l’homme qu’il a voulu renverser son pouvoir démocratique une nuit du 19 septembre 2002.

Pour l'exilé ivoirien apparemment en Turquie, qui entretiendrait d'étroits liens avec la junte militaire pro russe au pouvoir au Mali depuis la chute d'IBK, et un brin provocateur, pour ne pas dire plus, le Gouvernement ne devrait pas se priver des services de Laurent Gbagbo pour obtenir la libération des soldats ivoiriens.

« Mais enfin, il faudra bien que le gouvernement ivoirien, se donne les moyens politiques pour ramener nos 46 soldats en famille », a écrit l’ancien chef du parlement ivoirien, puis d’ajouter, « L’ancien Président Laurent Gbagbo avait pourtant proposé ses services, pourquoi donc s’en priver ? ».

Une sortie qui sera diversement appréciée quand on sait que, pour rappel, Abidjan suspecte Guillaume Soro d'association avec la Russie et la junte au Mali pour la déstabilisation de la Côte d'Ivoire.

Enfin et encore pour rappel, une sortie de Soro qui s'arrêtera sans nul doute à son effet spectaculaire dans le jeu politique ivoirien quand on sait que le dossier des 46 soldats détenus au Mali est dans les mains de la Cedeao et de l'Onu qui s'activent pour sa résolution.

Donatien Kautcha, Abidjan