Côte d'Ivoire : La FESACI dénonce : « les responsables syndicaux sont traques comme du gibier devant la faiblesse totale de l'administration du travail »
La Côte d'Ivoire à l'instar de tous les pays du monde entier, a célébré le dimanche 1er mai dernier, la fête du travail. Cette célébration qui se voulait sobre, a été présidée par le premier ministre Patrick Achi. Au cours de la cérémonie officielle, les centrales syndicales, comme de coutume, ont chacune peint la situation des travailleurs rattachés à leurs centrales respectives et égrené leurs chapelets de revendications et de doléances au gouvernement, en vue de l'amélioration des conditions de vie de ceux-ci.
La FESACI dirigée par Dohia Mamadou Traoré n'a pas dérogé à la règle. Par la voix de Traoré Yacouba, Secrétaire général adjoint, qui s'est fait fort de lire l'allocution de cette centrale, la FESACI a dans un premier temps dressé le bilan des deux précédentes années marquées par la pandémie de la COVID-19.
" 2020 et 2021 auront été 2 années noires pour les travailleurs de toutes les corporations à cause de la COVID-19. Ce contexte difficile a eu un impact sur les activités syndicales, instruments de défense des travailleurs, mais surtout de régulation de la gouvernance sociale qui a été fortement impacté", a regretté le représentant de la FESACI.
Poursuivant son allocution, il a déploré le fait qu'en "2021, la FESACI ait assisté impuissant au licenciement de 5019 travailleurs pour motif économique dû en majeure partie à la pandémie de la COVID-19". Il s'est surtout insurgé contre " le déni total de la liberté syndicale et le harcèlement tous azimuts des travailleurs qui osent se syndiquer".
À l'en croire, " les responsables syndicaux sont traqués comme du gibier devant la faiblesse totale de l'administration du travail". L'intervenant a corroboré son propos par des exemples dans plusieurs sociétés privées mais aussi dans des institutions publiques où les syndicats sont purement et simplement supprimés. La FESACI a par ailleurs condamné avec fermeté l'incarcération courant mars de trois syndicalistes de la COSYFOPMA pour fait de grève et l'affectation d'office des 4 premiers responsables, ainsi que le gel des cotisations de leurs militants par les responsables de la fonction publique.
A cela s'ajoute la non application par l'inspection d'État et le ministère de la fonction publique de l'arrêté No 249 du 1er octobre 2018 de la chambre administrative de la Cour Suprême portant décision d'intégration des fonctionnaires interministériels suspendus à titre conservatoire en 2014.
La FESACI souhaite en outre, la vulgarisation et la mise en œuvre des principales résolutions issues des assises sur les États généraux de l'éducation nationale et de l'alphabétisation en vue de guérir le système éducatif mis en mal par plusieurs décennies de faiblesses structurelles.
Dans ce sens, elle préconise le paiement des arriérés des émoluments des 10300 enseignants contractuels du primaire et du secondaire et leur intégration à la fonction publique. S'agissant du secteur privé, la centrale syndicale FESACI revendique le respect de la légalisation du travail par tous les employeurs, le respect de la liberté syndicale sur les lieux du travail, la prise en compte de tous les décrets d'application de la loi No 2015-532 du 20 juillet 2015 portant code du travail.
A cela s'ajoute également l'ouverture du processus des discussions sur les minimas catégoriels, l'alignement des salaires des personnels de l'enseignement privé laïc et confessionnel sur ceux de la fonction publique, pour être conformes aux normes du travail décent.
La FESACI demande aussi aux pouvoirs publics de soutenir et d'accompagner le processus d'uniformisation des salaires minima dans les secteurs industriels, agricoles et agro- industriel. La FESACI a par ailleurs félicité le gouvernement pour les stratégies de modernisation du secteur informel, et l'a encouragé pour le dialogue politique porteur de cohésion et de paix. Elle n'a pas manqué de rappeler au gouvernement, son souhait de voir insérée au budget de l'État, la subvention allouée aux centrales syndicales, l'intégration au conseil économique social, environnemental et culturel, d'une représentation des travailleurs ainsi que du Sénat. La FESACI voudrait aussi que le Conseil national du dialogue social ait pour encrage institutionnel la primature. Dans la même vaine, elle veut aussi que la CMU revienne au ministère de l'emploi et de la protection sociale. La FESACI plaide enfin pour la reprise du plaidoyer de plus de 1000 ex- travailleurs de la compagnie ivoirienne de distribution licenciés en 2020.
Wassimagnon
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