Côte d'Ivoire : Projets avec la Banque mondiale, le Coordonnateur général déplore l'incapacité du secteur privé ivoirien à les mettre en œuvre
Les ministres et les représentants de la banque mondiale jeudi à Abidjan (ph KOACI)
La neuvième édition de la revue annuelle de la performance du portefeuille des projets et programmes financés ou cofinancés par la Banque mondiale a eu lieu le jeudi 24 mars 2022 à la Primature en présence de Coralie Gevers, Directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d'Ivoire. En l'absence du Premier ministre, c'est Adama Coulibaly, ministre de l'Economie et des finances qui a présidé cette cérémonie.
Ce portefeuille compte 27 projets dont 22 nationaux et 5 projets régionaux qui se mettent en œuvre dans plusieurs pays d'un montant de 3,571 milliards de dollars, soit, 2126 milliards de FCFA.
Les 27 projets sont regroupés en quatre secteurs. 2 projets dans le secteur gouvernance économique, 8 projets dans le secteur développement durable et environnement, 10 projets dans le secteur développement humain et 7 projets dans le secteur infrastructures.
15 projets sont jugés satisfaisants, 8 projets sont cités moyennement satisfaisants, 3 projets jugés moyennement insatisfaisants. De façon globale, l'aspect décaissement est faible. Le ratio utilisé par les bailleurs met en rapport le montant décaissé sur l'exercice financier pour la Banque qui coure du 1er juillet au 30 juin.
La Côte d'Ivoire avait un stock au 1er juillet de 2,72 milliards de dollars et au 21 mars, le portefeuille a consommé 267 millions de dollars. Ce qui donne un taux de 9,8%. Il y a des projets qui tirent le portefeuille par le haut en termes de décaissement. Il y a 8 projets qui ont pu atteindre au moins 8% objectif, la COVID-19, les filets sociaux, le projet d'investissement forestier, etc.
Cinq projets jugés à problème sont moyennement insatisfaisants sur l'atteinte des objectifs et leur mise en œuvre. Il s'agit du Projet d'appui au développement de l'enseignement supérieur (PADES), du E-agriculture, du Projet d'infrastructure pour le développement urbain et la compétitivité des agglomérations secondaires (PIDUCAS), du Projet d'appui à la compétitivité du grand Abidjan (PACOGA), du Programme d'identification unique pour l'intégration régionale et l'inclusion (WURI) et du Projet d'assainissement et de résilience urbaine (PARU).
Comme l'a indiqué Bamba Adama, coordonnateur, pour ces 5 projets, il n'y a pas lieu de s'alarmer, car ce sont des problèmes qui sont identifiés et des plans de remédiation sont en cours. Selon lui, pour le PIDUCAS, le retard est du à la faible capacité des entreprises. Il y a beaucoup d'entreprises défaillantes.
« L'unité de coordination mène des discussions pour des rétributions ou des regroupements de marchés », a-t-il précisé.
Pour PACOGA, l'on note des retards au niveau des études de la première composante et puis les travaux de la composante 2. Pour le PADES se sont essentiellement des retards pour des raisons qui sont hors du contrôle de l'unité de coordination.
« Pour vous rassurer, il y a beaucoup de blocages qui sont levés. Pour le WURI, c'est un problème institutionnel qui est en cours de solutions, pour E-agriculture, il s'agissait d'enrôler les acteurs de la filière agricole », a ajouté, M.Bamba.
Une augmentation de la contrepartie des projets, notamment les projets financés par la Banque mondiale de 2 milliards de FCFA a été faite sur le budget, même si ça ne répond pas à tous les besoins.
Il s'est réjoui du fait que les comités de pilotages siègent à bonne date et régulièrement. Néanmoins, 38 défis sont à relever.
Le défi majeur est le relèvement du taux de décaissement, car l'objectif est de 20%, la maîtrise des nouveaux instruments de la Banque mondiale, l'intégration des nouveaux projets, la mise en œuvre de cartographie des risques environnementaux et sociaux, la mise à disposition des arrêtés d'approbation de l'évaluation environnementale et sociale, la création d'organe national de gestion de sauvegarde sociale, l'augmentation des ressources pour le financement des parts.
228 millions de dollars peuvent être décaissés d'ici au 30 juin et cela va permettre d'atteindre 19 %, si les marchés qui sont en cours de signature sont traités, disponibles au plus tard le 31 mars. Et il faut que les facteurs soient réglés avant le 30 mai. Que tous les virements soient faits sur le compte dédié.
Dr Silué, conseiller technique à la Primature, Coordonnateur général des projets et programmes financés par les partenariats technique et financier a affirmé que le retard de certains projets est lié à l'incapacité du secteur privé à les conduire.
Il a pris l'exemple du Projet d'infrastructure pour le développement urbain et la compétitivité des agglomérations secondaires (PIDUCAS) qui s'exécute à San-Pedro et Bouaké. Selon lui, ce projet de 120 millions de dollars est aujourd'hui classé comme un projet à problème, car simplement les activités prévues ne s'exécutent pas à temps.
«La nationale A3 qui traverse Bouaké, c'est un projet de 11,44 milliards FCFA à 4 mois de la date d'achèvement de ce projet, l'entreprise n'a décaissé que 30%. 30% du taux d'exécution du projet. Les 11,4 milliards de FCFA que nous avons dans les bras ne peuvent pas être décaissés, la rue du grumier à San-Pedro, un projet de 7,4 milliards de FCFA, on était obligé de résilier le contrat parce que l'entreprise était incapable de faire le travail. Résiliation pour raison de service, cette entreprise s'est retournée contre nous pour qu'on puisse la payer près de 4 milliards de FCFA », a expliqué, Docteur Silué et s'interroge, au passage, si le secteur privé a, la capacité de faire ce que l'Etat veut.
«On a un projet, nous avons la ressource nécessaire et nous ne décaissons pas, ça nous interpelle. On parle de champions nationaux. Si le secteur privé national n'arrive pas à résoudre nos problèmes et qu'on se retrouve dans une situation comme celle-là, on a un problème », a mentionné, le Coordonnateur général des projets et programmes financés par les partenariats technique et financier.
Il a également pris l'exemple sur le projet de l'ère de repos d'un coût de 4 milliards de FCFA qui pour des problèmes fonciers, le site doit changer et le processus recommencer.
« Souvent les responsabilités sont partagées. Il faudra qu'on prenne du recul de temps en temps pour voir pourquoi notre portefeuille souffre. Il y a un problème de capacité des entreprises qu'il faut résoudre au niveau du secteur privé sinon on serait obligé d'avoir des taux de décaissement faible. Il y a des problèmes avec les contrôleurs financiers, les agents comptables. Le PARU, 315 millions de dollars pour résoudre le problème d'assainissement. Bientôt la saison des pluies. Le PARU 3% de taux de décaissement. Au niveau du ministère, c'est une préoccupation pour le ministre Bouaké Fofana. Le paiement des PAR, le programme d'action et de réinstallation des populations. Il est prévu que la Côte d'Ivoire mobilise 18 milliards de FCFA, pour déplacer les populations. L'année dernière, ils ont fait une demande de 7 milliards de FCFA, ils n'ont reçu que 1,3 milliard de FCFA. Bien entendu, avec ça, ils ne peuvent pas utiliser les ressources de la Banque pour travailler comme il se doit », a-t-il conclu.
Siaka Bakayoko, parrain de cette étude et Coordonnateur, a soutenu que la revue a permis de s'assurer que les projets de la Banque mondiale présentement en cours d'exécution, les projets à venir étaient très bien alignés sur la vision 2030 du chef de l'Etat ivoirien et que cet alignement se faisait avec le PND et les axes retenus pour le développement de la Côte d'Ivoire étaient bien intégrés dans le projet.
Selon lui, désormais, tous les projets de la Côte d'Ivoire qui seront approuvés par le Conseil de la Banque mondiale devront entrer en vigueur dans un délai de trois mois maximum entre l'approbation et l'entrée en vigueur.
Wassimagnon
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