Côte d'Ivoire-Burkina : Braquage de la BCEAO en 2002, Béatrice Sanon, la policière à l'origine de l'arrestation de Sia Popo Prosper relate les faits
Béatrice Sanon (Ph)
En 2002, la police Burkinabée mettait fin à la cavale Sia Popo Prosper, de l’un des hommes les plus recherchés d’Afrique de l’Ouest et auteur du vol à main armée de plus de 2 milliards de francs CFA dont a été victime l’agence nationale de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest à Abidjan.
Près de 20 ans après les faits, Béatrice Sanon, la policière à l’origine de l’arrestation de Sia Popo Prosper à l’aéroport de Ouagadougou relate les faits.
Dans un entretien accordé au confrère Burkinabè (Ndrl Le faso.net) ce mardi 08 Mars 2022, elle revient sur les conditions dans lesquelles Sia Popo Prosper a été arrêté à l’aéroport de Ouagadougou en 2002.
« C’est un travail d’équipe. Le commissaire que je secondais, était malade. Tout a commencé un samedi dans l’après-midi lorsque les formalités d’embarquement ont démarré pour un vol Air France. Hénoch Sorgho, le chef de la brigade de recherche de l’aéroport à l’époque, avec qui je collaborais, est venu me présenter un passeport. C’était un passeport ghanéen avec un visa Schengen falsifié. J’ai donc donné l’ordre de bloquer le passeport et de dire à l’intéressé que son voyage se terminait ici. Ordonnant également à ce qu’il se présente le lundi prochain au bureau, c’est là que l’on m’a présenté de loin un homme grand de taille qui portait une perruque », explique Mme Sanon aujourd’hui à la retraite, avant de poursuivre.
« Et en ce moment on ne savait pas à qui on avait affaire. Quand il est revenu le lundi, après avoir été entendu par la brigade de recherche, l’équipe est venue me faire le point de leurs échanges. Il est ressorti que le suspect a dit qu’il avait été abusé et escroqué par ses amis au Ghana grâce à qui il avait obtenu le visa. Il a aussi précisé qu’il avait payé entre 1 500 000 et 2 000 000 de francs CFA pour l’acquérir. Après ce compte rendu de la brigade, j’ai demandé moi-même à l’écouter pour mieux comprendre. Dans ce genre de situation, il ne faut jamais être tout seul avec le suspect pour l’auditionner. Parce que ce dernier peut à l’issue de l’interrogatoire sortir dire aux autres qu’il a remis telle chose au patron et il est en ce moment difficile de nier en pareilles circonstances.
Donc les agents de la brigade l’on conduit à moi et s'en est ensuivi une série de questions que je lui ai adressées. J’ai ainsi cherché à comprendre comment se fait-il qu’il demande le visa tout en restant à la maison ? J’ai dit quand on demande un visa, on se présente à l’ambassade non ? À moins que l’intéressé ne soit malade pour qu’on aille à sa place demander le visa pour l’évacuer, ce qui n’était pas son cas. Même si Sia Popo Prosper était très courtois, il y avait assez d’incohérences dans ce qu’il racontait. J’ai alors jugé qu’il fallait annuler ce visa, chose qui a été immédiatement faite. Et les agents sont repartis avec lui. Quelques instants après je me suis absentée du bureau pendant la période de la pause aux environs de 13 heures, mais j’y suis encore revenue à cause de l’absence du commissaire. Cela dans le but de gérer les urgences vu que le visa se délivrait aussi à l’aéroport.
Donc à mon arrivée au bureau, j’ai rencontré mes éléments qui m’ont fait savoir que je tombais à pic parce qu’ils s’apprêtaient à laisser Sia Popo Prosper partir. »
La fouille, qui s’est déroulée en présence d’Interpol à la Direction générale, a permis de retrouver sa pièce d’identité ivoirienne et avec beaucoup d’argent (des liasses d’euros, de dollars et de FCFA), a-t-elle précisé, puis d’ajouter. « Du Ghana, Sia Popo Prosper avait loué spécialement un véhicule pour Ouagadougou. Et toutes les filles avec qui, il a été en contact depuis l’hôtel où il séjournait dans la capitale ont bénéficié d’une moto. »
Donatien Kautcha, Abidjan
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C'est après cette affaire de Sia Popo qu'il y a eu rébellion dans notre cher pays la Cote d’Ivoire. L'argent volé est resté où et dans la main de qui ? Il y a des interrogations qui trouverons leurs réponses un jour au pays.
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