Burkina Faso : Le procès Sankara suspendu sine die
Le procès des présumés assassins de Thomas Sankara et de ses douze compagnons a été suspendu ce lundi matin sur requête des avocats de la partie civile évoquant des risques d’irrégularités suite à la suspension de la Constitution intervenue après le putsch du 24 janvier.
Alors que la partie civile, l’agence judiciaire de l’état et le parquet militaire étaient tous favorables à la suspension du procès, les avocats de La Défense étaient partagés sur la question.
« Au niveau de la défense, il y avait deux tendances : une première qui disait que c’était au tribunal de prendre une décision sage par rapport à la demande de suspension de la partie civile et une deuxième qui consistait à demander au tribunal de poursuivre l’audience », a expliqué Me Ollo Larousse Hien, avocat de l’accusé Tonde Pascal.
Il dit estimer que « la suspension de la constitution ne met pas fin à toutes les lois de la république ».
« La constitution ne fixe que des axes fondamentaux et la loi dit comment cela se passe dans la pratique », s’est-il justifié.
« Nous estimons que ce n’est pas parce qu'il y a de nouvelles autorités notamment des militaires que le tribunal reste d’être indépendant. La justice est rendue au nom du peuple », a-t-il poursuivi.
Selon Me Prosper Farama, principal requérant de la suspension, « c’était une mesure de précaution nécessaire ».
« Sans prendre position, il est évident que tous les juristes se posent la question de savoir la situation juridique actuelle. Il il y a une sorte de vide juridique pour lequel il était important que nous patientions le temps du rétablissement de la constitution », a-t-il expliqué.
« Nous espérons que la constitution sera rétablie le plus tôt possible. Mais ce n'est pas une question de temps qui nous fera compromettre la régularité d’un procès que nous attendons depuis 34 ans », a déclaré l’avocat de la famille Sankara.
Le tribunal après concertations en chambre a décidé la suspension du procès jusqu’au rétablissement de la constitution.
Le procès reprendra donc au lendemain du rétablissement de la constitution, a précisé le président du tribunal Urbain Medah, invitant toutes les parties prenantes au procès à rester à l’écoute pour la nouvelle date de reprise de ce procès historique ouvert depuis le 11 octobre 2021.
« C’est une décision de justice que je respecte, mais estimons que c’est regrettable, car on va retarder le procès pour rien. Si on doit revenir à une vie constitutionnelle dans trois quatre ou cinq ans ça veut dire qu’on doit attendre tout ce temps », a regretté Me Hien.
Boa, Ouagadougou
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