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Cameroun : Décapitation filmée d'une gardienne de prison en zone anglophone, deux arrestations et des questions
 

Cameroun : Décapitation filmée d'une gardienne de prison en zone anglophone, deux arrestations et des questions

 
 
 
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© Koaci.com - samedi 11 juillet 2020 - 10:27

Les présumés assassins de Florence Ayafor (Ph)


Deux suspects ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête sur l’horrible décapitation filmée de Florence Ayafor, gardienne de prison à Bamenda. Les deux présumés meurtriers ont été présentés aux médias vendredi. Qui sont-ils ?


Il y a huit mois, Florence Ayafor, âgée de 46 ans, mère de 3 enfants et gardienne de prison à Bamenda (Nord-ouest), enlevée le 29 septembre 2019 était atrocement décapitée. La scène avait été filmée puis partagée sur les réseaux sociaux camerounais. 

On pouvait y voir, son corps traîné sur des centaines de mètres et les hommes en train de la décapiter vivante. La vidéo d’une horreur insoutenable, avait suscité l’émoi et l’indignation générale. Les autorités avaient promis de retrouver les assassins. 


Qui sont les présumés meurtriers ?


Formellement identifié dans la vidéo, Niba Innocent 31 ans, natif de Njong une localité de l’arrondissement de Santa dans le Nord-ouest a été arrêté le premier. Son exploitation a permis de mettre la main sur Ngu Roger 30 ans. Ce dernier a été arrêté le 24 juin 2020 à Douala au lieu-dit Ndombo-Bonaberi dans le quatrième arrondissement de la métropole économique. 


 Selon le colonel Cyrille Serge Atonfack Guemo, chef de la division communication du ministère de la défense, ce dernier finalisait une opération clandestine d’achat d’armes et de munitions au moment de son arrestation.

Les autres membres du groupe courent encore mais les enquêteurs disent être déterminés à mettre la main sur eux.  


 

Les horribles scènes filmées de personnes décapitées, éviscérées, mutilées ou enterrées vivantes sont devenues l’arme des sécessionnistes camerounais qui revendiquent la création de l’Etat d’Ambazonie. 


Comment en est-on arrivé là ?


Le Cameroun compte dix régions dont deux majoritairement anglophones. Les anglophones représentent environ 20% des 23 millions de camerounais.

Une majorité de ces 20% s’estime marginalisée. Elle dénonce un partage inéquitable des richesses et l’usage abusif du français dans leurs régions, alors que la constitution fait du Cameroun un pays bilingue avec l’anglais et le français comme langues officielles.


Les tensions s’accentuent en fin octobre 2016, avec les revendications socioprofessionnelles d’enseignants et d’avocats.

Les manifestations sont violemment réprimées et font de nombreuses victimes parmi les indignés.

 En janvier 2017, plusieurs leaders séparatistes sont arrêtés. Ils sont accusés de terrorisme. Le président Biya ordonne l’arrêt des poursuites en août et les fait libérer.


Le 1er octobre 2017, une frange radicale des séparatistes proclame l’indépendance virtuelle de l’Ambazonie et demande le départ de l’armée camerounaise des deux régions. C’est le début du conflit armé.

S’en suivent villes mortes, rançonnements des populations, kidnapping, meurtres et assassinats ciblés des agents de l’Etat et représentants de l’administration. Les éléments des forces de défense et de sécurité sont les principales cibles.

Des marchés, édifices publics, écoles, résidences des proches du pouvoir et hôpitaux sont incendiés. 

En octobre 2018, un missionnaire américain est tué par balles. En novembre de la même année 80 élèves sont enlevés à Bamenda. Dans ce contexte sécuritaire tendu, l’élection présidentielle est organisée et Biya est réélu. Les camerounais des deux régions anglophones sont empêchés par les bandes armées d’exercer leur droit de vote.


Le 1er décembre 2018, le gouvernement lance un programme de désarmement dans les régions en conflit notamment à l’extrême-Nord ravagé par les incursions de Boko Haram et au Sud-Ouest et Nord-ouest.

Le 20 août 2019, Sisiku Ayuk Tabe arrêté au Nigeria en janvier 2018 et 10 autres leaders séparatistes sont condamnés dont certains à la prison à vie.


 

Du 30 septembre au 4 octobre 2019, Yaoundé organise un grand dialogue national pour trouver une solution à la crise et à d’autres problèmes que traverse le pays. 

À ce jour le conflit entre groupes séparatistes a fait plus de 3000 morts. Selon le HCR plus de 30 000 camerounais fuyant les violences dans les deux régions sont réfugiés au Nigeria.


Human Right Watch estime à 575 000 le nombre de déplacés internes. Si la situation s’améliore au Sud-ouest et que la vie semble y reprendre normalement, le conflit se poursuit au Nord-ouest ou des camps de séparatistes sont quotidiennement démantelés. 

Dans ce contexte, en avril 2020, le gouvernement a lancé la reconstruction des régions sinistrées avec une première mobilisation de 9 milliards FCFA.


Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun. 

-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com-

  



 
 
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