Côte d'Ivoire : Me Coulibaly Soungalo rompt le silence : « La candidature de Bédié ne dérange ou n'inquiète nullement le Rhdp »
Maître Coulibaly Soungalo
Maître Coulibaly Soungalo, membre de la Direction du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) et avocat dudit parti, après un long silence, a accepté de se prononcer sur l’actualité sociopolitique en Côte d’Ivoire. Dans cette interview, il parle, sans détour, entre autres, des candidatures à la présidentielle d’Amadou Gon Coulibaly pour le Rhdp et de Henri Konan Bédié pour le Pdci ; de l’allègement des restrictions contre Gbagbo et Blé Goudé par la Cpi ; des attaques terroristes au Nord ; du départ d’Amon Tanoh du Rhdp et de la position de l’ex-ministre Albert Mabri Toikeusse
Cela fait un bon moment qu’on ne vous entend plus. On est tenté de se demander où est passé Me Soungalo ?
Me Coulibaly Soungalo : Je suis là, j’exerce ma profession d’avocat avec la passion qui m’a toujours animé. Si votre question est relative à mes activités politiques, sachez que je reste toujours convaincu des idéaux de mon parti qui est le Rdr, devenu aujourd’hui le Rhdp. Seulement, il faut noter que mon parti est aujourd’hui aux affaires et qu’il y a moins de soubresauts en ce moment, pour que je sois toujours en première ligne. Enfin, la création du Rhdp a entraîné la restructuration des instances dirigeantes. Le parti étant au pouvoir, les appétits ont évolué. Il s’est donc installé une guerre de positionnement, chacun voulant se faire remarquer pour satisfaire ses ambitions. Je ne suis pas un adepte du clientélisme, car je tiens à mon honorabilité et à ma dignité.
A vous écouter, vous en avez gros sur le cœur. Pouvez-vous nous donner quelques précisions ?
Non, permettez que je n’étale pas nos problèmes internes sur la place publique. Mais en ce qui me concerne, j’estime que le mérite doit être privilégié.
N’est-ce pas le cas au Rhdp?
Malheureusement, on constate aujourd’hui, que notre parti est gangréné par certaines personnes qui ont vocation de nuire aux autres. Ces gens passent leur temps à faire le tour des cabinets pour faire de la délation. Bref, je suis dans mon coin. J’occupe toujours pour le parti qui est l’objet, en ce moment, de maintes procédures engagées contre lui par notre ex-allié, le Pdci-Rda.
A cinq (05) mois de la présidentielle en Côte d’Ivoire, votre formation politique, le Rhdp, est secouée par des faits successifs qui semblent troubler sa quiétude. Peut-on penser à une guerre de succession qui y fait rage, après le retrait de la course du chef de l’État Alassane Ouattara?
C’est vrai, lorsqu’un chef charismatique de la qualité de son Excellence Monsieur Alassane Ouattara déclare qu’il n’est plus candidat à l’élection présidentielle, cela crée naturellement un problème au sein de son parti. Il faut noter que beaucoup de nos militants s’attendaient, après l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution du 30 octobre 2016, à voir l’actuel chef de l’Etat briguer un dernier mandat afin, non seulement de renforcer la stabilité que nous connaissons depuis qu’il est aux affaires de l’Etat, mais également pour permettre au Rhdp de s’implanter solidement sur le territoire national. Son refus de s’engager pour un autre mandat a pris de court les militants.
Mais la succession du président Alassane Ouattara à la tête du Rhdp, visiblement, engendre des tiraillements. Une voix discordante a même été enregistrée lors de sa désignation….
Pour ce qui est de la succession de son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, tout le monde savait que c’est son Excellence Monsieur le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly qui était le candidat naturel du Rhdp à l’élection présidentielle. Il n’y a donc pas de guerre de succession. Il y a eu certes des incompréhensions qui se sont dégagées, mais dans l’ensemble, tout le monde est satisfait. En témoignent les déclarations des différents intervenants, lors du Conseil politique du Rhdp, qui s’est tenu à l’Hôtel Ivoire, le 12 mars 2020.
Quel jugement portez-vous sur le candidat désigné de votre parti, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly ?
Amadou Gon Coulibaly est un excellent technocrate, un très grand bosseur et il a fait preuve de sa fidélité au président Ouattara et au parti. Il mérite d’être le candidat du parti. En définitive, le Rhdp garde sa sérénité et ne saurait être troublé par quelque événement que ce soit.
La démission du ministre des Affaires étrangères, Marcel Amon-Tanoh, et la « révolte » du ministre Mabri Toikeuse, président de l’Udpci, qui a publiquement contesté le choix du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly comme candidat du Rhdp, n’ont-elles pas fragilisé ce parti pour les élections à venir ?
Comme je le disais tantôt, il y a eu des incompréhensions peut-être sur la manière de choisir le candidat, qui n’a pas plu à certains comme les personnalités que vous venez de citer, ce qui est normal dans un parti politique qui se veut démocratique. Il faut qu’il y ait de la contradiction pour parvenir à équilibrer les positions. Il convient de faire observer que Marcel Amon Tanoh -qu’il faut reconnaître, est une icône du parti- en démissionnant du gouvernement, n’a jamais dit qu’il quittait le parti et qu’il n’était plus un Alassaniste, comme il aime le dire.
Mais il ne participe plus aux activités du Rhdp. Ne pensez-vous pas que le divorce soit définitivement consommé ?
Je pense que les choses vont revenir à la normale, tôt ou tard, car Amon-Tanoh ne peut retourner le dos à Alassane Ouattara, comme Alassane Ouattara ne peut l’ignorer. Beaucoup de choses les lient.
Quid de Mabri Toikeusse ?
Quant à Monsieur Albert Mabri Toikeuse -qui est également une forte personnalité du parti-, son attitude ne démontre pas que ce soit une « révolte ». Moi, je dirai plutôt que c’est la preuve qu’il y a la liberté d’expression au sein de notre parti. Il a exprimé sa désapprobation quant à la manière de procéder au choix du candidat du parti à l’élection présidentielle. Néanmoins, je lui reproche le fait qu’il soit resté assis, alors que le président du parti et chef de l’Etat était debout. Il pouvait manifester son désaccord autrement, mais rester courtois. En tout état de cause, à ce jour, le ministre Albert Mabri Toikeusse n’a pas encore déclaré officiellement qu’il quittait le Rhdp. J’espère que les choses vont s’arranger et que Monsieur le ministre Albert Mabri Toikeuse continuera à manifester sa fidélité au Rhdp et à son président.
Quelles sont les chances de votre parti à l’élection présidentielle d’octobre 2020, face à une opposition qui pourrait être pilotée par des poids lourds, comme les anciens présidents Bédié et Gbagbo, ainsi que l’ex-président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro et le président du Cojep, Charles Blé Goudé, même si la plupart d’eux sont hors du pays ?
Nos chances sont intactes pour l’élection présidentielle sinon, nous n’allons pas être candidat. Nous n’avons pas à nous faire des soucis parce que telle ou telle personnalité conduit l’opposition et que surtout le président Bédié est candidat. Nous avons fait nos preuves au pouvoir. Notre bilan parle, car il est très positif, les Ivoiriens sont satisfaits des progrès réalisés par son Excellence, le président Alassane Ouattara et son équipe. Je pense que les Ivoiriens ne sont pas prêts à opter pour l’inconnu ou se retrouver dans une cacophonie dont ils ont souffert, de 2000 à 2010. Le pouvoir Ouattara a remis en selle la Côte d’Ivoire, tant sur le plan diplomatique que sur celui de l’économie. La Côte d’Ivoire est redevenue fréquentable. Il est notable aux yeux de tout Ivoirien, que la Côte d’Ivoire va bien économiquement et que les investisseurs se bousculent dans les avions à destination de la Côte d’Ivoire.
En définitive, le Rhdp déroulera sans inquiétude et, très certainement, conservera le pouvoir pour le bonheur des Ivoiriens.
Pensez-vous, au regard de la pandémie de Covid-19 et du processus électoral en cours, qu’il est possible d’organiser encore la présidentielle à la date du 31 octobre prochain ?
S’il est vrai que la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a pu déranger le calendrier de travail de la Cei, il n’en demeure pas moins que ce retard peut être comblé. La Cei travaille d’arrache-pied dans ce sens. Actuellement, les Ivoiriens, avec engouement, sont en train de se faire enrôler sur la liste électorale, et l’établissement des Cartes nationales d’identité est bien avancé. Je crois, sauf si la crise sanitaire prend une autre ampleur, que l’élection présidentielle aura bel et bien lieu le 31 octobre 2020.
La Côte d’Ivoire a fait face, récemment, à des attaques armées, notamment à sa frontière Nord. Une dizaine de Forces de défense et de sécurité ont été tués et d’autres ont été blessés. Quel commentaire ?
Je commencerai d’abord par présenter mes sincères condoléances et mes encouragements aux familles éplorées et endeuillées, tout en souhaitant un prompt rétablissement aux victimes blessées, sans omettre de condamner ensuite cette barbarie qui ne s’explique pas. Je souhaite que toutes les mesures prises par les autorités, tant en Côte d’Ivoire qu’ailleurs, puissent aboutir à vaincre le terrorisme afin de permettre aux populations de vivre en paix et de vaquer à leurs occupations.
Au plan international, comment interprétez-vous l’allègement par la Cpi, des restrictions contre l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et son ex-ministre Charles Blé Goudé ? N’est-ce pas un camouflet pour les avocats de l’État qui se se sont opposés à leur mise en liberté?
En ma qualité de juriste, exerçant la profession d’avocat, je respecte la décision de cette juridiction internationale. Les avocats de l’Etat de Côte d’Ivoire ont fait ce qu’ils pouvaient, ils ont joué leur rôle. L’allègement des restrictions contre Messieurs Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ne peut être un camouflet pour l’Etat de Côte d’Ivoire, car la cause est encore pendante devant la Cour pénale internationale. La cause devant la Chambre des appels a été appelée, le 22 juin 2020. L’audience s’est déroulée, du 22 au 24 juin 2020. Nous attendons la suite. Il faut noter que les avocats de Messieurs Laurent Gbagbo et Charles Blé Goude avaient, par requête, souhaité le report de la date fixée pour la tenue de l’audience. La Chambre des appels n’a pas fait droit à leur requête.
La Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples qui dénonce les poursuites de l’État ivoirien contre Guillaume Soro et ses partisans incarcérés dont elle demande leur libération ; la Cpi qui acquitte Gbagbo et Blé Goudé et leur permet de voyager désormais. En tant qu’avocat de l’État de Côte d’Ivoire, comment expliquez-vous ce que certains qualifient de revers ?
Je ne crois pas que ce soit un revers pour notre pays. La Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples est une juridiction internationale. Comme je l’ai dit tantôt, je suis avocat et je dois respecter une décision prise par une juridiction, même si elle ne m’est pas favorable. A ce procès, je n’ai pas occupé pour l’Etat de Côte d’Ivoire, en conséquence, je ne sais pas trop ce qui s’est passé. Cependant, il serait illogique de croire que la Côte d’Ivoire, en déclarant son adhésion à la compétence de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples, s’attendait à gagner tous les procès qu’on engagerait contre elle. Il s’agit quand même d’une juridiction. Il reste à noter qu’il y a eu des procédures où l’Etat de Côte d’Ivoire était partie au procès et qu’il a gagné. D’ailleurs, la Côte d’Ivoire a tiré les conséquences de cette décision, en retirant sa déclaration de compétence à l’égard de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples (Cadhp).
D’aucuns estiment que c’est parce que l’ex-Première dame, Simone Gbagbo, a été déclarée non coupable des faits qui lui sont reprochés, par la justice ivoirienne, que la Cpi est en train de se désengager du dossier Gbagbo-Blé Goudé, en les acquittant. Qu’en dites-vous ?
C’est vrai que Madame Simone Gbagbo a été déclarée non coupable des faits de crime contre l’humanité, lors des assises à Abidjan. C’est aussi vraie que la Cour de Cassation, suite au recours exercé par l’Etat de Côte d’Ivoire devant cette haute juridiction, a cassé cet arrêt de la Cour d’Assises d’Abidjan et renvoyé Madame Simone Gbagbo devant la même Cour, autrement composée. Cependant, une loi d’amnistie a été prise au profit de nombre de prisonniers dont Madame Simone Gbagbo. Dire que son acquittement aurait influencé la Cpi pour les cas de Laurent Gbagbo et Blé Goudé, c’est faire injure aux hauts magistrats de cette juridiction internationale. Il appartient à Madame le procureur de démontrer, devant la Chambre des appels, que les juges, qui ont statué en Chambre d’instance, ont erré. La procédure est en cours et son issue permettra de faire la part des choses.
Le président Bédié, malgré son âge avancé, vient d’être retenu par son parti, le Pdci, en qualité de candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020. Qu’en pensez-vous ?
Monsieur Henri Konan Bédié est un Ivoirien, il a le droit d’être candidat à l’élection présidentielle, surtout que la Constitution de 2016 lui en donne la possibilité. Son âge avancé n’est pas un handicap si lui-même se sent physiquement au point pour gérer le pays. Cependant, à sa place, j’aurais privilégié une nouvelle génération. Le Pdci-Rda regorge de très bons technocrates tels que Jean-Louis Billon, Tidiane Thiam, Thierry Tanoh et j’en passe. Sa candidature ne dérange ou n’inquiète nullement le Rhdp qui est un parti, malgré les contradictions internes, qui sait toujours se retrouver pour gagner une élection.
Tout le monde sait en Côte d’Ivoire que vous avez été à la pointe du combat du Rdr, pour votre courage à défendre les militants de votre parti, pendant des moments très difficiles et pendant les élections. Pourquoi vous semblez vous écarter de la gestion du pouvoir ?
Votre remarque est juste, mais il faut comprendre que tous les militants et sympathisants d’une organisation politique ne peuvent pas être au sommet de l’Etat pour gérer le pouvoir qu’ils ont obtenu par leur combat et leur engagement. Alors, chacun à son niveau, fait ce qu’il peut pour que le peuple continue à faire confiance à son parti. Il faut aussi noter que la politique rythme beaucoup avec l’hypocrisie, l’ingratitude, le favoritisme, la délation, le clientélisme et j’en passe.
Ah bon ? Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Voilà un parti qui a souffert pour parvenir au pouvoir, et dès qu’il a réussi à être à la tête du pays, on a connu une véritable guerre de positionnement. Résultat, les militants et sympathisants se sont découragés à un moment donné, et les critiques contre le parti ont été animées de partout. L’important sacrifice et la détermination des militants et sympathisants ont été ignorés, de sorte que les contacts avec certains dirigeants sont devenus une traversée du désert et de l’humiliation pour eux.
Ok, revenons à la question. Pourquoi êtes-vous à l’écart de votre parti ?
Pour revenir à votre question, je continue le combat politique de mon parti, même s’il est vrai que certains comportements m’ont déçu, notamment lorsqu’on abuse de son pouvoir pour instrumentaliser ses subordonnés à poser des actes contre une personne, dans le seul but de la détruire ou de la dénigrer. Je me dis qu’un parti, qui a connu ce que nous avons souffert pour arriver aux affaires de l’Etat, les militants et sympathisants devraient être soudés et unis. Nous avons connu en Côte d’Ivoire, un parti politique à qui on ne donnait pas plus de 10% de l’électorat, mais qui, aujourd’hui, grâce à sa considération pour ses militants et sa politique de recrutement, se trouve être parmi les plus grands partis du pays.
Réalisée par BAMBA Idrissa
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C'est le RDR à travers certains de ses barons qui critique le choix de Konan Bédié. Vous(RDR) devrez plutôt soutenir "VOTRE cœur " qui inquiète. Rouler une voiture sur une longue distance avec un moteur défectueux qui peut vous lâcher à n'importe quel moment n'est pas agréable. La voiture du PDCI est certes vieille, mais son moteur est encore puissant.
Idiot !!.. C'est conscient que AGC avait eu des pépins de santé qui peuvent ressurgir, que le PRAdo, qui depuis 1989 a toujours eu au moins 10ans d'avance sur tout le reste de la classe politique ivoirienne, a fait ôter en Mars dernier par le parlement (AN et Sénat) la formule de "candidature en ticket" pour l'élection présidentielle !..comme ça le dauphin qui est déjà connu en "secret" pour assurer la continuité constitutionnelle du pouvoir au cas où AGC faillirait !..Oumarou Yar'adua au Nigeria, avait été dans un état de santé pire que celui de AGC et avait été élu !! Le PR Goodluck Jonathan a assuré sa suite ai pouvoir !!..bref !! .. AGC sera élu (ce qui est d'ailleurs déjà entériné par les bailleurs créanciers et autres copropriétaires de notre pays) et vous connaîtrez alors ensuite celui qui le relayera que nous connaissons déjà !!..compris ?.
@LeMalotouRien Sache que plus personne ne fera de OPA sur ce pays. KO les Copropriétaires de la Côte d'Ivoire ! Si dans ton entendement, le pays est vendu, alors apprêtes toi au remboursement de ce que tu as reçu. Plaisanterie !
Bien dit, Srika le versatile !
Bon discours dans l'ensmble et dans le respect des uns et des autres que les parachutés du rdr qui prospèrent dans les injures et la délation liées à leur mauvaise éducation, loin du discours respectueux et protocolaire de leur mentor à l'endroit du président Bédié qui l'a fait depuis les Usa en passant le Fmi et à présidence,même en étant qu'un piètre président jamais connu dans ce pays.
Un militant rdr un peu lucide. C'est la première fois que je vois ça. Sûrement parce qu'il est allé un peu plus loin à l'école que les autres djihadistes! En gros, ce monsieur nous dit qu'il y a de serieux problèmes dans son parti le rdr. On a compris
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