Sénégal : Surpêche, Dakar refuse ses eaux à des dizaines de chalutiers étrangers
Campagne de sensibilisation sur la surpêche au Sénégal
Le Sénégal vient de refuser ses eaux à des dizaines de chalutiers étrangers. Ce refus de Dakar intervient alors que des défenseurs de l’environnement et des pêcheurs locaux mènent une lutte pour leur survie et celle de la ressource face à la surpêche asiatique et européenne, a appris KOACI.
Il faut dire que la pression qui à pousser les autorités à dire non aux 54 chalutiers étrangers avait atteint son paroxysme.
En effet, les acteurs du secteur vital de la pêche sénégalaise, qu’ils s’agissent des petits pêcheurs, très majoritaires, des plus gros professionnels ou des femmes transformatrices du poisson, faisait cause commune avec les défenseurs de l’environnement et Greenpeace depuis qu’ils avaient appris en avril que le gouvernement examinait les demandes de permis de 54 armements étrangers. S’ensuivit un duel médiatique entre autorités, principalement le ministère de la Pêche et certains acteurs du secteur dont le Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (Gaipes).
Hier, les demandes ont été rejetées, selon des responsables gouvernementaux qui ont parlé à l’Afp sous le couvert de l’anonymat, sans préciser les motifs.
Ce refus «contribue à assurer la subsistance des communautés côtières et donne une chance à l’océan de se régénérer, après une décennie où l’industrie de la pêche industrielle avait menacé d’épuiser nos stocks de poissons», a déclaré le Dr Ibrahima Cissé, responsable de la campagne Océans de Greenpeace Afrique, cité dans un communiqué de l’Ong.
Arrivés ces dernières décennies avec leurs vastes filets et leurs équipements automatisés, les bateaux usines étrangers, attirés par la richesse des fonds atlantiques, écument les mêmes eaux que la flotte sénégalaise, essentiellement constituée d’étroites pirogues traditionnelles.
Certains opèrent avec des permis tarifés par les autorités suivant la taille des bateaux, qui paient moins cher s’ils sont sénégalais. Beaucoup d’autres agissent clandestinement, disent les experts.
Les quelque 50.000 pêcheurs sénégalais doivent s’éloigner chaque année davantage de la côte pour des prises de plus en plus maigres. Or, la pêche fait vivre directement ou indirectement environ 500.000 Sénégalais pour une population d’environ 16 millions. Le poisson représentait environ 17% des revenus des exportations sénégalaises en 2018, selon des chiffres gouvernementaux.
Pour ce qui est de ce lot de 54 demandes qui ont fait objet de refus, la plupart des postulants recalés étaient chinois. Sur le lot des 54 permis demandés, 15 navires d’origine chinoise et 2 senneurs turcs ont demandé une licence pour pêcher les petits pélagiques, une ressource déjà surexploitée, notamment la sardinelle, qui est une ressource clé pour la pêche artisanale et un aliment de base au Sénégal mais également dans toute l’Afrique de l’Ouest.
Il y a également 36 demandes de licence pour le merlu, une ressource surexploitée qui est d’ailleurs partagée avec d’autres pays de la région.
Mais le plus grave dans cette affaire est sans doute l’irresponsabilité de chalutiers demandeurs. En effet, selon un rapport de l’Ong Environmental Justice Foundation, plusieurs d’entre ces chalutiers ont déjà été repérés pêchant illégalement au large de l’Afrique de l’Ouest.
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