Samedi à Yopougon (ph KOACI)

Le fléau du Coronavirus réside dans sa propagation facilitée par la faille intellectuelle résultante principalement du désastre éducatif public, héritage d’au moins trois décennies d’échec politique.

Des messages de prévention ou d’alerte sur le virus venu de Chine, quand ils parviennent, non compris, non pris en considération par au moins 80% de la population, comme nous avons pu le constater tout le week-end durant d’Abidjan à Bouaké en passant par Gagnoa et Abengourou.

L’éduqué comprendra les enjeux et s’attèlera au mieux, avec conscience de responsabilité, à respecter les mesures préventives, le moins bien éduqué, la victime du système, communément appelé localement « analphabète » devient malgré lui, inconsciemment par sa condition, une menace à grande échelle pour l’intérêt général.

Même si les habitants du pays, zone classée « à risque » sanitaire par l’OMS, vivent depuis longtemps au quotidien avec les pandémies (Paludisme, hépatites, fièvre jaune, fièvre typhoïde…,ndlr), c’est dans ces moments de constat situationniste, laboratoire d’observation politico-sociale en direct, mesurable pour les éduqués dans son magistral désastre, qu’on s’interroge sur la gestion des gérants de l’éducation nationale.

S’ils paradent sous les projecteurs à coup de distribution de bancs ou de craies, ils sont, bien souvent, premiers à envoyer les leurs vers les zones de confort d'ici ou d'ailleurs.

En temps de crise, quand les élites se terrent, quand les responsables délaissent la classe non réceptive, et que les conscients observent l’évolution avec un grand nombre d’interrogations, entre espoirs de non évolution exponentielle et craintes au regard des capacités à faire face, la « bêtise ivoirienne », assurance vie de rêve pour le Coronavirus, elle, nous menace tous.

Amy Touré