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Côte d'Ivoire: Ndongo Samba Sylla économiste sénégalais, «Pourquoi la monnaie unique de la Cedeao sera un cuisant échec»
© Koaci.com - lundi 01 juillet 2019 - 09:20Ndongo Samba
© koaci.com - Lundi 1er Juillet 2019 - La question de la monnaie unique a été évoquée samedi dernier à Abuja, au Nigeria lors du sommet des chefs d’État de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Si sa création pourrait être une excellente nouvelle pour ceux d’entre eux qui utilisent le franc CFA, le symbole continue de diviser les pays qui adhèrent au projet comme révélé par KOACI dans un précédent article.
L’économiste Sénégalais, Ndongo Samba Sylla fait partie des intellectuels africains qui ne croient à la réussite de la monnaie unique dénommée, l’Eco. Dans une tribune dont nous avons reçu copie, il relève les obstacles au projet tant rêvé par les pays membres de la Cedeao.
« Une objection importante contre le franc CFA est que les deux blocs qui l’utilisent, c’est-à -dire l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac), ne présentent pas les caractéristiques de « zones monétaires optimales ». Cela veut dire que leur existence ne se justifie pas économiquement : les inconvénients à partager la même monnaie pour les pays membres pris individuellement sont supérieurs aux avantages à la maintenir. Partant de ce fait relevé par des travaux empiriques, on peut difficilement concevoir qu’une union monétaire plus large permettra d’inverser la tendance », indique-t-il et en veut pour preuve le dernier rapport 2018 du comité ministériel de la Cedeao.
Selon le document, aucun pays de la région n’avait rempli en 2018 les critères requis pour faire partie de la zone monétaire éco.
« Dans le cas des pays de l’UEMOA, cette observation est plutôt dévastatrice. Elle signifie qu’ils ne satisfont toujours pas les préalables en vue d’une intégration monétaire, malgré près de soixante ans de partage d’une même monnaie ! Soulignons au passage que les pays de l’UEMOA n’ont toujours pas présenté le plan de divorce d’avec le Trésor français exigé par le Nigeria depuis 2017 », fait-il observer.
Pour le chargé de programmes et de recherche au bureau Afrique de l’Ouest de la fondation Rosa-Luxemburg, à supposer que l’éco voie le jour, ses bénéfices risqueraient d’être limités au regard de la faiblesse du commerce intra-Cedeao (9,4 % en 2017).
« L’argument selon lequel l’intégration monétaire va changer la donne est sujet à caution. Il suffit de se référer par exemple à l’expérience des pays de la Cémac : le commerce intra-régional y est de l’ordre de 5 %, en dépit de plus de soixante-dix ans d’intégration monétaire », explique Mr Ndongo.
Pour lui, les architectes du projet éco ont copié dans le détail le « modèle » de l’Euro zone, sans s’être souciés de ses défauts devenus apparents avec la crise des subprimes, ce qui semblerait assez paradoxal.
« S’il y a bien une leçon à retenir de l’Euro zone, c’est qu’une zone monétaire sans fédéralisme budgétaire est vouée à l’échec », ajoute-t-il avant de proposer.
« Pour aller vers une monnaie unique, il faudrait d’abord mettre en place un gouvernement fédéral sur une base démocratique avec des pouvoirs fiscaux forts. Avoir la gestion monétaire au niveau supranational et laisser la gestion budgétaire au niveau national est une terrible erreur de conception », propose l’économiste avant de prévenir.
Enfin, Sylla conclut: « Le projet éco risque, tout comme la zone de libre-échange continentale (ZLEC), d’être un échec cuisant parce qu’il n’aura pas été fondé sur un socle politique fédéraliste. »
Donatien Kautcha, Abidjan
© koaci.com - Lundi 1er Juillet 2019 - La question de la monnaie unique a été évoquée samedi dernier à Abuja, au Nigeria lors du sommet des chefs d’État de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Si sa création pourrait être une excellente nouvelle pour ceux d’entre eux qui utilisent le franc CFA, le symbole continue de diviser les pays qui adhèrent au projet comme révélé par KOACI dans un précédent article.
L’économiste Sénégalais, Ndongo Samba Sylla fait partie des intellectuels africains qui ne croient à la réussite de la monnaie unique dénommée, l’Eco. Dans une tribune dont nous avons reçu copie, il relève les obstacles au projet tant rêvé par les pays membres de la Cedeao.
« Une objection importante contre le franc CFA est que les deux blocs qui l’utilisent, c’est-à -dire l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac), ne présentent pas les caractéristiques de « zones monétaires optimales ». Cela veut dire que leur existence ne se justifie pas économiquement : les inconvénients à partager la même monnaie pour les pays membres pris individuellement sont supérieurs aux avantages à la maintenir. Partant de ce fait relevé par des travaux empiriques, on peut difficilement concevoir qu’une union monétaire plus large permettra d’inverser la tendance », indique-t-il et en veut pour preuve le dernier rapport 2018 du comité ministériel de la Cedeao.
Selon le document, aucun pays de la région n’avait rempli en 2018 les critères requis pour faire partie de la zone monétaire éco.
« Dans le cas des pays de l’UEMOA, cette observation est plutôt dévastatrice. Elle signifie qu’ils ne satisfont toujours pas les préalables en vue d’une intégration monétaire, malgré près de soixante ans de partage d’une même monnaie ! Soulignons au passage que les pays de l’UEMOA n’ont toujours pas présenté le plan de divorce d’avec le Trésor français exigé par le Nigeria depuis 2017 », fait-il observer.
Pour le chargé de programmes et de recherche au bureau Afrique de l’Ouest de la fondation Rosa-Luxemburg, à supposer que l’éco voie le jour, ses bénéfices risqueraient d’être limités au regard de la faiblesse du commerce intra-Cedeao (9,4 % en 2017).
« L’argument selon lequel l’intégration monétaire va changer la donne est sujet à caution. Il suffit de se référer par exemple à l’expérience des pays de la Cémac : le commerce intra-régional y est de l’ordre de 5 %, en dépit de plus de soixante-dix ans d’intégration monétaire », explique Mr Ndongo.
Pour lui, les architectes du projet éco ont copié dans le détail le « modèle » de l’Euro zone, sans s’être souciés de ses défauts devenus apparents avec la crise des subprimes, ce qui semblerait assez paradoxal.
« S’il y a bien une leçon à retenir de l’Euro zone, c’est qu’une zone monétaire sans fédéralisme budgétaire est vouée à l’échec », ajoute-t-il avant de proposer.
« Pour aller vers une monnaie unique, il faudrait d’abord mettre en place un gouvernement fédéral sur une base démocratique avec des pouvoirs fiscaux forts. Avoir la gestion monétaire au niveau supranational et laisser la gestion budgétaire au niveau national est une terrible erreur de conception », propose l’économiste avant de prévenir.
Enfin, Sylla conclut: « Le projet éco risque, tout comme la zone de libre-échange continentale (ZLEC), d’être un échec cuisant parce qu’il n’aura pas été fondé sur un socle politique fédéraliste. »
Donatien Kautcha, Abidjan
Par Koaci
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3 Commentaire(s)
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SRIKA BLAH
Je ne suis pas de ton avis.....Il faut revoir ta copie
Je ne suis pas de ton avis.....Il faut revoir ta copie
il y a 5 ans
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YAIRAILON
C'EST CE QUE JE DISAIS,QUELQUES SOIENT LES VOIES EMPRUNTÉES POUR ABOUTIR AU CHOIX D'UNE MONNAIE COMMUNE, IL SE TROUVERA TOUJOURS DES AVIS CONTRAIRES.IL FAUT UNE VOLONTÉ POLITIQUE FORTE POUR ALLER DE L'AVANT.
C'EST CE QUE JE DISAIS,QUELQUES SOIENT LES VOIES EMPRUNTÉES POUR ABOUTIR AU CHOIX D'UNE MONNAIE COMMUNE, IL SE TROUVERA TOUJOURS DES AVIS CONTRAIRES.IL FAUT UNE VOLONTÉ POLITIQUE FORTE POUR ALLER DE L'AVANT.
il y a 5 ans
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Almok
Vraiment l'Afrique fait pitié,rien ne va loin. Ce que nos dirigeants savent faire est de piller les caisses des États.
Vraiment l'Afrique fait pitié,rien ne va loin. Ce que nos dirigeants savent faire est de piller les caisses des États.
il y a 5 ans
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