Côte d'Ivoire : Milieu carcéral, selon un rapport de sept ONG, «au 31 août 2018, l'effectif des détenus était de 18592 soit un taux de surpopulation d'environ 266% »
© koaci.com -- Jeudi 23 Mai 2019—L’Observatoire des lieux de détention (ObsLiD) est une faitière de 28 Organisations non gouvernementales intervenant dans le milieu carcéral ivoirien présidée par Paul Angaman, Président de l’ACAT-CI qui a bénéficié d’un soutien financier de l’Ambassade de Suisse à hauteur de 12 millions de FCFA dans le cadre du projet « amélioration des Maisons d’arrêt et de correction de Côte d’Ivoire ».
L’observatoire a effectué en 2018 une visite des 34 établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire. Le Premier responsable de l’ObsLiD a lancé officiellement aujourd’hui le rapport de cette visite qui a eu lieu du 20 au 30 août 2018 en présence de Marino Cuenat, conseiller d’Ambassade.
Il faut retenir que ce rapport a été rédigé sur la base d’un questionnaire guide et la mission a permis aux membres de l’ObsLiD de s’entretenir avec 340 personnes soit 10 personnes par prison.
Le but était de faire l’état des lieux des prisons ivoiriennes et le rapport a suivi une démarche. Des constats, des analyses et des recommandations ont été faites à l’État de Côte d’Ivoire et aux partenaires techniques et financiers en vue de contribuer à l’amélioration des prisons.
Malgré les efforts consentis par l’Etat, l’ObsLiD constate que les prisons ne sont pas aux normes, elles sont vétustes, surpeuplées et mettent très peu l’accent sur la resocialisation des détenus. Et il a pris l’exemple des prisons de Sassandra, Aboisso et Man qui doivent être reconstruites parce qu’elles sont vétustes et ne respectent pas les normes.
Le rapport mentionne que le personnel pénitentiaire semble insuffisamment formé et ou recyclé et pas très motivé par les conditions de travail. Les conditions de détentions restent globalement difficiles de sorte qu’elles ne garantissent pas la dignité des pensionnaires au regard des règles minima des Nations Unies relatives au traitement des détenus, les règles Mandela.
Paul Angaman affirme donc que l’opinion est à la répression non à l’éducation. Selon lui, malgré les grà¢ces présidentielles intervenues, les prisons restent surpeuplées en raison du recours quasi systématique à l’emprisonnement et en absence de peines alternatives à la détention.
«Au 31 août 2018, l’effectif des détenus était de 18592 soit un taux de surpopulation d’environ 266% par rapport à la capacité d’accueil de 6989. On y dénombrait 5933 prévenus soit 32% dont certains cumulent plusieurs années de détention sans jugement. Ce taux est cependant en baisse par rapport au 40% longtemps observés et cela grà¢ce aux efforts du Garde des sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme matérialisés par deux circulaires mais aussi des actions des ONG qui luttent contre la détention préventive injustifiée financée par les bailleurs de fonds, »a déploré le Président Angaman, saluant au passage, le nouveau code de procédure pénale publié depuis le 13 mars 2018 qui prévoit des mesures alternatives à la détention.
Le Président soutient que les prisons ont du mal à nourrir convenablement les détenus et à les soigner faute de moyens. Selon lui, sur environ 14 milliards de FCFA attendues, les prisons ont seulement 4 milliards de FCFA. Il reconnaît que les prisons ivoiriennes ne se sont pas encore adaptées.
M. Angaman et l’ObsLiD pensent que la question carcérale doit tenir compte de l’évolution du temps particulièrement des standards internationaux.
Le Président estime que cette question doit engagée le secteur privé, les organisations de la société civile particulièrement tous les acteurs humanitaires et ou de droits de l’homme.
De ce qui précède, l’ObsLiD fait des recommandations dans ce rapport de 88 pages intitulé «Etat des lieux des maisons d’arrêt et de correction de la Côte d’Ivoire ».
L’observatoire demande à l’Etat d’afficher sa volonté d’opter pour l’éducation au lieu de la répression, de conformer ses prisons aux standards internationaux, les gérer selon les règles Mandela et surtout rendre public sa politique d’amélioration de l’univers carcéral.
L’ObsLiD demande ensuite aux partenaires techniques et financiers, d’appuyer l’Etat dans sa politique d’humanisation des lieux privatifs de liberté et les OSC dans leurs actions en faveur de l’amélioration de l’univers carcéral.
Il demande enfin à la société civile de veiller au suivi de la mise en œuvre de la politique carcérale et au secteur privé de s’impliquer dans la mise aux normes et dans la gestion des prisons tout en offrant des possibilités de resocialisation et de réintégration socio-économique des détenus.
Par ailleurs l’ObsLiD estime qu’il apparaît important de créer un cadre permanent de concertation autour de l’amélioration du système carcéral.
Créé le 29 juin 2017, l’observatoire est dirigé par un Conseil d’Administration de sept membres issus de sept différentes ONG. Il s’agit de l’ACAT-CI, Amnesty International CI, Fondation Mireille Hanty, Lidho, Midh, OIDH et de N’Gboadô.
Wassimagnon
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