

Côte d'Ivoire : Renforcement de la couverture sociale des travailleurs des secteurs informels, l'Etat va s'inspirer des exemples du Rwanda et du Cap-Vert
Le coordinateur national du projet de protection sociale pour l’Organisation Internationale du Travail (OIT) en Côte d’Ivoire, Martial Kouakou, a présenté les enjeux du développement de la protection sociale en Afrique, lors d’un atelier virtuel organisé ce jeudi à Abidjan. Cet atelier, qui regroupe des acteurs gouvernementaux, des organisations d’employeurs et des syndicats de plusieurs pays africains, a pour objectif de renforcer la coopération Sud-Sud, en particulier dans les domaines du financement de la protection sociale et de la formalisation des unités économiques.
Le projet en question vise à promouvoir l'échange de bonnes pratiques entre quatre pays africains – la Côte d'Ivoire, le Rwanda, le Cap-Vert et la Guinée-Bissau – dans le but de renforcer la couverture sociale, particulièrement dans les secteurs informels.
Selon Martial Kouakou, ces pays ont des expériences variées, mais complémentaires à partager.
"Le partage des succès entre ces pays, notamment en matière de financement de la protection sociale, est crucial pour bâtir des stratégies communes adaptées à nos réalités", a-t-il expliqué.
Le principal objectif de ce projet est de permettre aux pays participants d'atteindre une couverture sociale plus large. En effet, la stratégie de l’OIT vise à toucher 40% de la population en matière de sécurité sociale d'ici la fin de l'année 2025.
Le cas du Rwanda et du Cap-Vert, qui enregistrent des taux de couverture sociale significatifs, servira de modèle pour d'autres pays comme la Côte d'Ivoire et la Guinée-Bissau, où les défis demeurent importants, en particulier dans l'intégration des travailleurs du secteur informel.
"Il est essentiel de développer des mécanismes de financement durables et d'identifier de nouvelles sources de financement pour atteindre ces objectifs", a ajouté le coordinateur de l'OIT.
Il a notamment souligné les efforts à fournir pour formaliser les travailleurs de l'économie informelle, secteur qui représente près de 90% de l'économie ivoirienne.
La régularisation de ces travailleurs et leur affiliation à des régimes de protection sociale est un impératif pour garantir une couverture plus équitable.
Le Cap-Vert, exemple de réussite dans ce domaine, présentera des pratiques innovantes pour la formalisation des entreprises et des travailleurs. Parmi les solutions proposées, on note la création de régimes juridiques spéciaux pour les micro et petites entreprises, avec des mesures incitatives comme des taxes simplifiées, des crédits à faible taux d'intérêt et un système de garantie de crédit.
Le système de "monotaxe" qui combine les cotisations sociales et les impôts constitue également une approche à envisager, inspirée des modèles latino-américains.
Le Rwanda, pour sa part, a développé un modèle fiscal innovant qui permet de financer la sécurité sociale à travers des taxes affectées à la santé.
"Ce modèle pourrait être adapté pour augmenter les ressources allouées à la protection sociale en Côte d'Ivoire", a précisé Kouakou.
Le pays a également mis en place un système d'épargne à long terme pour les travailleurs informels, permettant à plus de 3 millions de personnes d’épargner pour leur vieillesse.
Le projet inclut des visites d’échanges entre les délégations des pays participants. En mai 2025, une délégation conjointe de la Côte d'Ivoire et de la Guinée-Bissau se rendra au Rwanda pour en apprendre davantage sur ses modèles de financement et de protection sociale.
À la fin du mois de mai, une visite inverse permettra aux délégations rwandaise et bissau-guinéenne de découvrir les initiatives ivoiriennes.
La conférence régionale prévue à Abidjan en juin 2025, à laquelle participeront des mandants du Cap-Vert, marquera une étape clé du projet. Elle permettra de formaliser une stratégie commune pour le financement de la protection sociale et de valider des documents stratégiques destinés à renforcer la couverture sociale dans la région.
En Côte d'Ivoire, bien que des progrès aient été réalisés, notamment avec l’adoption d’un régime de couverture maladie universelle qui a déjà permis d’enrôler 18 millions de personnes, le financement de la protection sociale reste faible, représentant environ 2,1% du PIB.
Pour y remédier, le gouvernement met en place des solutions innovantes comme l’extension de la couverture maladie universelle aux travailleurs du secteur agricole, en particulier ceux du café et du cacao. Cependant, le pays continue de faire face à des défis structurels, notamment l’élargissement de la base fiscale et la formalisation des unités économiques.
Le projet de coopération Sud-Sud entre ces quatre pays africains s'étendra jusqu'à la fin de l'année 2025.
"Nous avons une fenêtre de temps pour ajuster notre stratégie, et l’objectif est d’obtenir une couverture sociale plus inclusive, qui touche les populations les plus vulnérables, y compris les travailleurs indépendants, les personnes âgées et celles vivant avec un handicap", a conclu Martial Kouakou.
Ce projet marque un tournant pour l'Afrique, qui cherche à renforcer sa solidarité régionale tout en abordant les défis communs de la protection sociale et de la formalisation des économies informelles.
Wassimagnon


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