

Côte d'Ivoire : Profanation sans précédent à Moossou, 46 sépultures saccagées, les populations en quête de réponses
des tombes profanées à Moossou (Ph Koaci)
Le village de Moossou, situé dans la commune de Grand-Bassam, a été frappé par un acte de vandalisme d’une ampleur inédite.
Quarante-six tombes du cimetière ancestral ont été éventrées dans la nuit du 8 au 9 mars 2025 par des individus non identifiés, emportant avec eux des ossements humains, des bijoux en or, des pagnes précieux et d’autres objets funéraires de valeur.
Ce crime, qualifié d’« abominable » par les habitants, plonge le peuple abouré, attaché au respect sacré de ses défunts, dans un profond traumatisme.
Pour ce peuple akan, dont les traditions reposent sur un lien spirituel étroit avec les ancêtres, les sépultures ne sont pas de simples lieux de repos.
« Les morts vivent parmi nous », rappelle un proverbe local, soulignant l’importance des rites funéraires et des offrandes déposées auprès des défunts, symbole de leur statut et de leur passage vers l’au-delà.
Les tombes, régulièrement entretenues et fleuries, incarnent un héritage culturel immuable. La découverte de ces violations a donc provoqué un choc collectif.
Sur les lieux, le spectacle est désolant : des caveaux fracturés à l’aide d’outils, des débris de cercueils éparpillés, et des traces de pillage systématique.
Les autorités locales, alertées en urgence, ont lancé une enquête pour identifier les responsables et comprendre les motivations de ce vol macabre. Si les hypothèses incluent le trafic d’objets précieux ou des pratiques rituelles occultes, aucun mobile n’est encore confirmé.
Certains habitants pointent du doigt l’installation récente de débits de boissons et d’ateliers informels aux abords du site, jugés facteurs de désacralisation.
Alors que la gendarmerie procède à des relevés d’indices, les questions s’accumulent. Pourquoi Moossou, réputé pour son calme et son respect des traditions, a-t-il été ciblé ? Comment des malfaiteurs ont-ils pu agir sans être repérés dans un village où la cohésion sociale est forte ? Les habitants réclament justice, mais aussi des réformes pour protéger les lieux sacrés, désormais perçus comme vulnérables.
Pour les Abourés, la priorité reste de rendre hommage aux disparus : des cérémonies de purification sont déjà envisagées pour apaiser les esprits, selon les rites ancestraux. Reste à savoir si cette souillure, gravée dans les mémoires, pourra un jour être effacée.
Jean Chresus, Abidjan


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