

Cameroun : Le ministre de la Santé sous le feu des critiques après des visites musclées dans les hôpitaux
Au Cameroun, les méthodes du ministre de la Santé, Manaouda Malachie, suscitent la colère de l’Ordre national des médecins (Onmc). Ses descentes inopinées dans les hôpitaux, souvent médiatisées, sont jugées autoritaires et humiliantes pour le personnel soignant.
Le 15 février 2025, lors d’une visite à Meiganga (Adamaoua), le ministre a fait une halte surprise au Centre hospitalier de Ngaoundéré. Accompagné du gouverneur Kildadi Taguiéké Boukar, il s’en est pris violemment au personnel, pointant des erreurs dans la prise en charge d’un patient. « Des noms, maintenant, pas demain ! », a-t-il exigé. S’adressant à une employée, il a lancé : « La dame qui attend là, c’est vous ? Accepteriez-vous cela si c’était votre mère ou votre sœur ? Alors pourquoi ne le faites-vous pas ? On ne s’amuse pas ici, ce n’est pas une discussion entre copains… C’est une urgence. »
Le 17 février, le ministre a nommé Gaya Hamza, chirurgien traumatologue, directeur par intérim de l’hôpital de Ngaoundéré, resté sans direction depuis plusieurs mois.
Des visites médiatisées et controversées
Manaouda Malachie est connu pour ses inspections surprises, souvent nocturnes, où les directeurs d’hôpitaux sont sommés de se présenter sous peine de sanctions. Ces visites, largement couvertes par les médias, donnent lieu à des réprimandes publiques envers le personnel. Les images de ces descentes circulent ensuite massivement sur les réseaux sociaux.
En septembre 2023, le ministre avait fermé plusieurs cliniques illégales à Douala, dont la Polyclinique de Poitiers et le Trust Care Medical Center. En octobre, il avait exigé la mise aux normes du Centre Médical Bethel. Le 9 août 2024, il avait critiqué le manque d’équipements au centre médical de Bonamoussadi et dénoncé la location illégale de matériel médical à l’Hôpital de district de Deido.
L’Ordre des médecins monte au créneau
L’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC) a exprimé son indignation dans un communiqué daté du 17 février. Tout en reconnaissant le droit des autorités à effectuer des contrôles, l’Ordre dénonce « la présence régulière des caméras de télévision au sein des hôpitaux lors des contrôles administratifs et visites inopinées ».
Ces « vidéos humiliantes pour le personnel de santé circulent de façon virale sur les réseaux sociaux, suscitant de nombreuses réactions, y compris celles des confrères étrangers. Elles altèrent significativement la sacralité des enceintes hospitalières, fragilisent la confiance des populations envers les soignants et les hôpitaux, et renvoient une image négative de la profession tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays », souligne le communiqué.
L’Ordre rappelle que « chaque personnel de santé a un droit inaliénable à la dignité, quel que soit la situation. Même en cas de faute, les enquêtes et sanctions doivent suivre une procédure bien établie.»
Sans défendre les éventuelles défaillances, l’ONMC exhorte les autorités à agir « avec fermeté, mais dans la discrétion et le respect. »
Pour l’Onmc, les méthodes du ministre divisent : si elles visent à améliorer le système de santé, elles risquent aussi de saper le moral des soignants et la confiance du public.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com


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