Longtemps considéré comme un corridor vert à l'entrée sud d'Abidjan, l'axe Akwaba–Aéroport Félix Houphouët-Boigny est en train de disparaître sous les assauts du béton. Alors que le monde entier adopte des politiques urbaines respectueuses de l'environnement, Abidjan semble suivre la trajectoire inverse en sacrifiant ses derniers espaces naturels sur l'autel de l'urbanisation.

Depuis plus de 40 ans, la route reliant la Place Akwaba à l'aéroport a conservé son statut de double voie bordée d'une bande verte, offrant aux voyageurs un dernier souffle de verdure avant de quitter la capitale économique ivoirienne. Cependant, avec l'émergence du projet « Aéro-cités », cet espace subit une transformation radicale : immeubles de bureaux, hôtels, commerces et infrastructures se multiplient, grignotant chaque parcelle disponible.

Si cette dynamique semble répondre aux ambitions de modernisation de la ville, elle se fait malheureusement sans adaptation des infrastructures routières. Pire, les nouvelles constructions empiètent sur les anciennes emprises vertes, réduisant à néant la possibilité d'un élargissement futur de la route. D'ici quelques années, cet axe deviendra un goulot d'étranglement, congestionné et asphyxiant.

L'un des aspects les plus préoccupants de cette urbanisation galopante est la disparition totale du poumon vert qui caractérisait cet axe. À l'heure où la protection de l'environnement devient un enjeu majeur, Abidjan fait figure d'exception en détruisant ce qui aurait pu être le second grand poumon vert de la ville après la forêt du Banco.

Les conséquences de cette bétonisation sont multiples : Hausse des températures due à la disparition des arbres et à la multiplication des surfaces imperméables : Pollution atmosphérique accrue, faute de végétation pour absorber le CO₂ ; Inondations aggravées, car le béton empêche l'absorption naturelle des eaux de pluie ; Perte de biodiversité, avec la disparition progressive des espèces végétales et animales de la zone.

Abidjan ne peut pas se permettre d'attendre que la situation devienne irréversible. Une ville ne se construit pas uniquement avec du béton et du verre, mais aussi avec une vision à long terme, intégrant la qualité de vie et la durabilité. Si aucune mesure n'est prise aujourd'hui, dans quelques années, l'entrée d'Abidjan ne sera plus qu'un amas de béton étouffant, sans âme et sans avenir. Autorités de Côte d'Ivoire saisissez la balle au bond.

Donatien Kautcha, Abidjan