

Cameroun : Nkoteng, une grève pacifique tourne au drame, plusieurs victimes déplorées
Un véhicule vandalisé de Sosucam (Ph)
Ce mardi, la ville de Nkoteng, située à quelques kilomètres d’Obala dans la région du Centre, a été le théâtre de violents affrontements. Ce qui devait être une grève pacifique des employés de l’usine annexe de la Sosucam a rapidement dégénéré en émeute, faisant plusieurs victimes et plongeant la ville dans un climat de tension extrême.
Les employés de la Sosucam, usine sucrière bien connue au Cameroun, sont sortis manifester leur mécontentement face à ce qu’ils qualifient de « gestion défaillante » de la part du nouveau directeur général. Depuis plusieurs mois, les travailleurs dénoncent des retards de paiement, voire des absences de salaires. « Parfois, les salaires arrivent en retard, d’autres fois, ils n’arrivent pas du tout. Quand nous allons à Yaoundé, les banques nous disent que nous n’avons pas été virés », explique un gréviste, visiblement épuisé par cette situation.
La grève, initialement organisée pour revendiquer de meilleures conditions de travail, a pris une tournure dramatique lorsque des jeunes désœuvrés, sans lien direct avec le mouvement, ont rejoint les manifestants. Ces derniers ont pris d’assaut plusieurs édifices, les vandalisant et mettant le feu à des champs de cannes à sucre. Les images diffusées sur les chaînes de télévision locales montrent une ville en proie à la violence, avec des coups de feu et une ambiance de frayeur générale.
L’intervention des forces de l’ordre
Alertées par la direction de la Sosucam, les forces de l’ordre sont rapidement intervenues pour tenter de rétablir le calme. Cependant, elles ont été accueillies par une foule en colère. Les affrontements entre les grévistes et les policiers ont été violents, faisant au moins deux morts parmi les forces de l’ordre et plusieurs blessés des deux côtés. Un bilan non officiel fait également état d’au moins un mort parmi les manifestants.
La situation reste extrêmement tendue à Nkoteng. Les employés, déterminés à faire entendre leurs revendications, refusent de baisser les bras. Ils exigent une normalisation des conditions de travail et une gestion plus transparente de la part de la direction de la Sosucam.
Ces événements montrent une crise plus profonde au sein de la Sosucam. Les tensions liées au management et aux conditions de travail ne datent pas d’hier, mais elles semblent avoir atteint un point de non-retour. Le député et président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale a appelé, dans un communiqué, la direction de l’entreprise à prendre ses responsabilités et à engager un dialogue sincère avec les travailleurs. « Il est urgent de trouver une solution juste et durable pour éviter que de tels drames ne se reproduisent », a-t-il déclaré.
Alors que la ville de Nkoteng panse ses plaies, les autorités locales et nationales doivent agir rapidement pour rétablir le calme. La priorité est désormais d’ouvrir un dialogue constructif entre les grévistes et la direction de la Sosucam. Sans une résolution rapide et équitable de cette crise, les tensions risquent de persister, voire de s’aggraver.
En attendant, les habitants de Nkoteng espèrent que cette tragédie servira de catalyseur pour des changements positifs. La balle est désormais dans le camp des autorités et de la direction de la Sosucam, qui doivent faire preuve de responsabilité et d’écoute pour éviter de nouveaux drames.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com


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