Côte d'Ivoire : Alépé, accusé d'être mystiquement à la base de la noyade d'un élève, un vieillard de 80 ans sévèrement battu par la foule
Un incident tragique survenu à Andoum’Mbatto, localité située dans le département d’Alépé, a réveillé des tensions ancestrales autour des croyances en sorcellerie.
La noyade d’un écolier de 10 ans dans le fleuve Comoé, le 18 janvier, a entraîné des accusations portées contre un vieillard de 80 ans, désigné par des pratiques traditionnelles comme responsable de ce décès.
Selon des témoins, le drame s’est produit alors que des enfants s’amusaient au bord du fleuve. Au cours de la baignade, l’un d’eux aurait été victime d’une crise avant de se noyer. Le lendemain, lors des funérailles, les villageois, profondément ébranlés, ont suivi une coutume visant à identifier un éventuel responsable de cette mort jugée suspecte. Portant le cercueil à bout de bras, un groupe de jeunes a conduit la dépouille jusqu’au domicile d’un vieil homme du village. Le cercueil, selon eux, aurait désigné ce dernier en cognant contre sa maison.
Face à cette "preuve" perçue comme irréfutable, la foule s’est déchaînée contre le vieillard, l’accusant d’être un sorcier ayant causé la mort de l’enfant. Sauvagement battu, il a échappé de justesse à une issue fatale grâce à l’intervention de quelques habitants qui l’ont protégé des assauts de la population.
La famille du défunt, bouleversée par la tragédie et les événements qui ont suivi, a insisté pour que le corps soit finalement inhumé selon les rites traditionnels. Pendant ce temps, le vieillard, ensanglanté et meurtri, a été laissé dans un état critique, victime d’une justice populaire alimentée par la peur et les croyances.
Cet incident est le reflet des tensions profondes qui subsistent dans certaines régions où la mort, surtout lorsqu’elle survient de manière inattendue, est rarement perçue comme naturelle.
Entre chagrin et quête de réponses, des pratiques anciennes continuent de dicter des comportements souvent empreints de violence. Une tragédie qui, au-delà de la douleur, interroge sur la nécessité de sensibiliser davantage aux dangers de la stigmatisation et des procès populaires basés sur des croyances traditionnelles
Jean Chresus, Abidjan
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