Le 22 janvier 2025, la Côte d'Ivoire a accueilli le lancement officiel de la phase 3 du Programme Equité, un projet ambitieux visant à promouvoir une agriculture durable et équitable dans la région de l'Afrique de l'Ouest. L'événement a été présidé par Touré Yao Antoine, Sous-Directeur à la Direction de l'évaluation des projets du ministère de l'Agriculture, en présence de plusieurs partenaires financiers, dont l'Agence Française de Développement (AFD) et le Fonds Français pour l'Environnement Mondial (FFEM).

Avec un financement de 8 millions d'euros pour une durée de quatre ans (2024-2028), ce programme se déploie en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Togo et au Bénin. L'objectif est d’accompagner la transition agroécologique des filières agricoles et d’assurer une rémunération équitable pour les petits producteurs des principales filières agricoles de la région, telles que le cacao, l’anacarde, le karité, les bananes et les mangues.

Les filières agricoles de la région sont confrontées à de nombreux défis. Le cacao, secteur clé en Côte d'Ivoire, par exemple, fait face à des enjeux majeurs tels que la déforestation, le travail des enfants et les impacts du changement climatique. La culture intensive et non durable du cacao a contribué à la destruction des forêts, avec des surfaces cultivées multipliées par trois en 60 ans. De plus, des pratiques agricoles peu respectueuses de l'environnement, comme l'utilisation intensive d'intrants chimiques et la déforestation, menacent la durabilité de ces filières.

Les femmes, qui représentent une part importante de la force de travail agricole, subissent également de plein fouet ces fragilités. Leur travail n’est pas toujours valorisé, et elles n'ont que peu accès aux ressources nécessaires pour adopter des pratiques agricoles plus durables.

Le Programme Equité 3 s'inscrit dans une dynamique de renforcement des filières agricoles équitables en Afrique de l'Ouest. Son objectif principal est de contribuer à la lutte contre la pauvreté en soutenant les petits producteurs à travers des pratiques agricoles durables, tout en assurant leur inclusion dans les marchés locaux et internationaux. Il met l’accent sur la transition agroécologique, la professionnalisation des coopératives et la consolidation des filières certifiées commerce équitable (CE).

Le programme se décline en plusieurs composantes stratégiques. Il s'agit de la Consolidation des Organisations de Producteurs (OP). Le programme prévoit un soutien à la transition agroécologique, à travers des pratiques telles que l’agroforesterie et la diversification des cultures, ainsi qu’à la mise en conformité avec les réglementations internationales sur la déforestation. Il s’agira de former les acteurs locaux sur les pratiques durables, la traçabilité et la création de marchés équitables, en particulier dans le secteur du cacao. Le programme soutiendra les plateformes nationales de commerce équitable (PNCE) pour renforcer leurs capacités de plaidoyer et influencer les politiques publiques en faveur de la durabilité. Enfin, il s'agit de la question de l’égalité des sexes et de l’inclusion sociale qui est transversale à toutes les activités du programme, avec un accent particulier sur l’autonomisation des femmes dans les filières agricoles.

Le lancement a également été l’occasion de souligner les résultats positifs obtenus lors des phases précédentes du programme. En Côte d'Ivoire, par exemple, près de 59 000 producteurs ont vu leurs rendements augmenter de 11 à 39 % grâce aux actions d’accompagnement.

Magali Kreitmann, Directrice adjointe de l'AFD, a salué les résultats du programme et insisté sur la nécessité d’adapter rapidement la filière cacao aux nouvelles exigences, notamment le règlement européen sur la déforestation importée, qui imposera une traçabilité totale du cacao destiné au marché européen à partir de 2024. 

Selon elle, l’AFD prévoit également de mettre en place des facilités financières pour renforcer les coopératives et accompagner la transition agroécologique des producteurs.

La Directrice adjointe a enfin rappelé que cette troisième phase d'Équité est financée à 8 millions d'euros apportés par l'AFD et le FFEM. 

Notons que ce programme sous régional financé par l'Agence française de développement et le Fonds feançais pour l'environnement mondial est mis en œuvre par Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF) et Commerce équitable France (CEF).

Dans son discours, Touré Yao Antoine a souligné que le Programme Equité 3 s’inscrit parfaitement dans les ambitions de la Côte d'Ivoire, telles qu’énoncées dans le Programme National d'Investissement Agricole (PENIA 2), qui vise à renforcer les systèmes de production agro-sylvopastoraux respectueux de l'environnement.

Il a appelé à une collaboration renforcée entre les différents acteurs des filières agricoles, y compris les producteurs, les coopératives, les entreprises privées et les institutions de recherche, pour faire du programme Equité un succès collectif et durable.

En conclusion, la phase 3 du Programme Equité marque un tournant décisif pour l'agriculture en Afrique de l'Ouest. Avec un financement solide et un partenariat renforcé, ce programme vise à transformer durablement les filières agricoles tout en garantissant une rémunération équitable pour les petits producteurs.

Il incarne enfin, une réponse nécessaire aux défis de la durabilité, de l’inclusion sociale et du changement climatique, offrant ainsi un modèle pour une agriculture plus juste et résiliente dans la région.

Wassimagnon