Le village de Koulinlé (Ph Koaci)

Le premier jour de l’année 2025 a été marqué par un drame à Koulinlé, village de la commune de Logoualé, où la mort mystérieuse de Jérôme, un jeune homme originaire de Soapleu, a provoqué une flambée de violences intercommunautaires. Ce qui aurait pu rester un incident isolé s’est rapidement transformé en une crise majeure, nécessitant une intervention musclée des forces de l’ordre pour prévenir un embrasement généralisé.

Marié à une femme de Koulinlé, Jérôme s’était rendu dans ce village pour tenter de régler un différend familial. Après une soirée de réveillon passée dans une ambiance festive avec sa belle-famille, il avait prévu de rencontrer le chef du village au matin pour une médiation. Cependant, ce rendez-vous a pris une tournure tragique. Alors qu’il s’était temporairement éloigné, Jérôme a été retrouvé sans vie dans les toilettes du domicile du chef. L’infirmier du village a confirmé son décès, laissant planer un voile de mystère sur les causes de sa mort.

La nouvelle de ce décès a rapidement atteint Soapleu, où l’émotion a laissé place à la colère. Des jeunes, accusant les habitants de Koulinlé d’avoir causé la mort de Jérôme, ont organisé une expédition punitive. En quelques heures, des maisons ont été saccagées, et le domicile du chef du village a été la cible principale des assaillants. Craignant pour sa vie, ce dernier a dû chercher refuge à la gendarmerie de Logoualé.

Alertées de la gravité de la situation, les forces de l’ordre ont rapidement déployé des unités pour rétablir le calme. L’intervention, appuyée par des renforts venus de Man, a permis de disperser les groupes armés et de limiter les dégâts. Six personnes soupçonnées d’avoir participé aux violences ont été interpellées. Pendant ce temps, une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur les circonstances de la mort de Jérôme, toujours inexpliquées.

Si la tension semble s’être atténuée pour l’instant, les rancunes entre les deux villages restent vives. Les autorités locales, conscientes du risque d’une reprise des hostilités, ont engagé des efforts de médiation pour désamorcer la crise. Des appels au calme ont été lancés, soulignant l’importance de laisser la justice accomplir son travail.

La mort de Jérôme, bien que tragique, met en lumière la fragilité des équilibres sociaux et la rapidité avec laquelle des différends peuvent dégénérer en affrontements. Il s’agit également d’un rappel de l’importance des institutions, qu’elles soient traditionnelles ou modernes, pour apaiser les tensions et éviter des violences inutiles.

En dépit de ce contexte tendu, l’intervention rapide et efficace de la gendarmerie nationale a permis de prévenir une escalade encore plus grave. Leur action n’a pas seulement ramené l’ordre, mais a également ouvert la voie à un dialogue nécessaire pour une résolution durable des différends. Cette tragédie, bien que douloureuse, doit inciter à une réflexion collective sur les moyens de renforcer les mécanismes de prévention et de résolution des conflits au sein des communautés.

Jean Chresus, Abidjan