Don Mello sur NCI (Ph Koaci)

La déclaration d’Ahoua Don Mello sur le plateau de NCI, ce jeudi 26 décembre 2024, marque un tournant dans le débat politique au sein des partisans de Laurent Gbagbo.

« Nous avons choisi le président Laurent Gbagbo à la convention parce que c’est le meilleur choix pour nous. Nous avons débattu sur les stratégies et les raisons et nous avons estimé que le président Laurent Gbagbo était le meilleur choix », a affirmé l’ancien ministre et cadre influent du PPA-CI, confirmant ainsi son soutien à la candidature de l’ex-président pour l’élection présidentielle de 2025.

Si cette prise de position semble sceller son alignement avec la figure emblématique du camp souverainiste, elle soulève néanmoins des questions stratégiques et suscite des remous parmi ses partisans.

Ahoua Don Mello s’était imposé ces dernières années comme une alternative crédible et dynamique, en particulier auprès d’une jeunesse militante désireuse de renouveler les visages et les stratégies politiques du camp Gbagbo. Certains de ses soutiens espéraient même qu’il se porte candidat, arguant que Laurent Gbagbo, absent de la liste électorale, pourrait rencontrer des obstacles juridiques insurmontables. Mais la sortie de Don Mello, qui réaffirme son attachement indéfectible à l’ancien président, a pris à contre-pied ceux qui misaient sur une candidature propre et indépendante de sa part.

Ce choix, bien que présenté comme stratégique, place Ahoua Don Mello dans une position délicate. D’un côté, il manifeste une loyauté sans faille à Laurent Gbagbo, consolidant ainsi son rôle de fidèle lieutenant au sein du mouvement. De l’autre, il court le risque d’aliéner une partie de sa base, qui voit en lui une opportunité de dépasser les blocages institutionnels et d’incarner une relève politique.

L’argument avancé par Don Mello, selon lequel Gbagbo demeure le meilleur choix malgré les incertitudes légales, pourrait apparaître comme un pari risqué, voire un aveu d’impuissance à projeter une vision renouvelée pour le mouvement.

Cette prise de position relance aussi le débat sur la place de Laurent Gbagbo dans la prochaine échéance présidentielle.

Bien que plébiscité par ses partisans comme l’homme providentiel, l’ancien président reste confronté à des obstacles juridiques, notamment son absence sur la liste électorale et les restrictions liées à ses condamnations passées dans l'affaire du casse de la BCEAO. La stratégie du camp Gbagbo, qui mise sur un éventuel retournement juridique ou une mobilisation massive pour contourner ces obstacles, pourrait être perçue comme une fuite en avant si aucune alternative solide n’est envisagée.

Pour Ahoua Don Mello, l’équilibre est fragile. En choisissant de se ranger derrière Gbagbo, il confirme son rôle d’allié loyal mais pourrait voir son image d’homme politique autonome et visionnaire s’éroder. Cette décision risque également de cristalliser les tensions internes parmi les partisans du camp souverainiste, où certains plaident pour une stratégie pragmatique et diversifiée.

Le soutien affiché au natif de Mama place donc Don Mello à la croisée des chemins. Tandis qu’il réaffirme sa fidélité à un leader incontesté, il devra s’efforcer de convaincre ses partisans que ce choix, loin d’être une capitulation, reflète une vision stratégique cohérente.

À quelques mois de la présidentielle, la scène politique ivoirienne reste plus incertaine que jamais, et les réponses apportées par le camp Gbagbo aux défis actuels pourraient bien déterminer son avenir.

Jean Chresus, Abidjan