Côte d'Ivoire : Man, plus de 4000 tonnes de cacao détournés vers la Guinée et le Libéria chaque semaine, les syndicats de producteurs tirent la sonnette d'alarme
Le samedi 21 décembre 2024, les syndicats des producteurs de cacao de l’Ouest, à savoir la FESOMACI, le SYSCOOP AGO et le SYBEA-CI, se sont réunis à Man pour dénoncer un phénomène inquiétant qui menace l’économie ivoirienne : le trafic frauduleux de cacao à destination de la Guinée et du Liberia.
Cette situation, qui prend de l’ampleur depuis le début de la campagne cacaoyère 2024-2025, cause des pertes énormes et met en péril les efforts de développement de la région.
Depuis octobre 2024, plusieurs milliers de tonnes de cacao sont systématiquement détournées des circuits officiels pour être envoyées illégalement vers les pays voisins. Les syndicats font état de colonnes de camions traversant quotidiennement les corridors de l’Ouest, sans que les autorités en charge du contrôle des marchandises n’interviennent.
"Pourquoi ces camions passent-ils en toute impunité ? Où sont les autorités responsables ?", s’interrogent-ils.
Les pertes dues à ce trafic s’élèveraient à plus de 4 000 tonnes par semaine. Une situation particulièrement préoccupante, car bien que ce type de trafic existe depuis des décennies, il n’avait jamais atteint une telle ampleur. Cette fraude menace directement l'économie cacaoyère de la Côte d’Ivoire, première productrice mondiale, et met en lumière l'inefficacité des contrôles.
Les syndicats dénoncent également la libre circulation de ces trafiquants, souvent étrangers et non-résidents, opérant sous le regard des autorités. Ils s’interrogent sur les éventuelles complicités au sein de l’administration qui permettraient à ces trafiquants de mener leurs activités en toute tranquillité.
Les syndicats estiment que ces "ennemis de l’économie ivoirienne" n’hésitent pas à nuire aux intérêts du pays, notamment en privant les producteurs ivoiriens de leurs revenus légitimes au profit des pays voisins.
Face à cette situation désastreuse, les syndicats ont lancé un appel urgent au gouvernement ivoirien, en particulier au Président Alassane Ouattara, pour qu'il prenne des mesures immédiates, afin de stopper ce trafic. Ils demandent la mise en place de régulations strictes et efficaces sur le commerce du cacao, garantissant un circuit formel et transparent, respectueux de l’État de droit.
"Le cacao de l’Ouest ne doit pas enrichir la Guinée et le Liberia au détriment de notre région qui souffre d’un manque criant d’infrastructures et de projets de développement", affirment-ils.
Les syndicats appellent à une intervention rapide de l'État afin de protéger les corridors et soutenir l’économie locale, tout en préservant l’image et les intérêts de la Côte d’Ivoire sur le plan international.
Ce phénomène de trafic, s’il n’est pas rapidement maîtrisé, pourrait non seulement fragiliser l'économie ivoirienne, mais également faire sombrer dans l’oubli les efforts de développement de l’Ouest du pays, déjà confronté à de nombreux défis. Le gouvernement se doit de répondre à cette crise pour assurer l’avenir de la filière cacaoyère et de l’économie nationale.
Wassimagnon
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire