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Cameroun : Le gouvernement étouffe la voix des défenseurs des droits humains, HRW dénonce une suspension arbitraire
 

Cameroun : Le gouvernement étouffe la voix des défenseurs des droits humains, HRW dénonce une suspension arbitraire

 
 
 
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© Koaci.com - mercredi 18 décembre 2024 - 08:50

Alice Nkom et Maximilienne Ngo, deux principales figures du Redhac (Ph)


Le gouvernement camerounais vient de porter un nouveau coup porté à la liberté d'association en suspendant les activités du Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale (REDHAC). Cette décision, prise par le ministre de l'Administration territoriale Paul Atanga Nji le 5 décembre 2024, a provoqué une vive indignation parmi les défenseurs des droits humains et la société civile.

Sans notification préalable, le ministre a décrété la suspension des activités du REDHAC pour une durée de trois mois, avançant des accusations de « financements illicites et exorbitants » et de non-respect de la législation régissant les organisations à but non lucratif. Cette décision intervient dans un contexte de répression croissante contre la société civile, les médias et l'opposition politique au Cameroun.

Human Rights Watch a immédiatement condamné cette suspension, la qualifiant d'arbitraire et dépourvue de fondement légal. Selon l'organisation, cette mesure viole clairement le droit à la liberté d'association, garanti tant par la législation camerounaise que par le droit international des droits humains.

Les avocats du REDHAC ont rapidement réagi en déposant un recours administratif, qualifiant le décret d'abus de pouvoir et d'illégal. Ils soulignent que la loi camerounaise de 1990 sur la liberté d'association stipule que le ministre ne peut suspendre une association qu'avec l'autorisation préalable de l'autorité provinciale et pour des raisons liées à l'ordre public et à la sécurité.

La situation s'est encore aggravée lorsque les autorités administratives de Douala ont mis sous scellés les bureaux du REDHAC. La présidente du conseil d'administration, Alice Nkom, une avocate éminente des droits humains, a brisé ces scellés en signe de protestation.

Depuis 2010, le REDHAC lutte pour l'état de droit au Cameroun. En 2022, sa dirigeante Maximilienne Ngo Mbe a même reçu le prestigieux prix Robert F. Kennedy des droits humains pour son travail et sa persévérance face aux menaces constantes.

Récemment, le REDHAC a soumis un rapport au Comité des Nations Unies contre la torture, révélant les pratiques systématiques de torture par les forces de sécurité camerounaises. Cette suspension intervient donc à un moment où l'organisation jouait un rôle essentiel dans la dénonciation des violations des droits humains.

 

Cette décision s'inscrit dans une série d'actions visant à réduire l'espace civique au Cameroun. Depuis plusieurs mois, les autorités multiplient les attaques contre la liberté d'expression : interdiction de coalitions d'opposition, arrestations arbitraires de militants et d'artistes, menaces contre les personnes critiquant les institutions.

Les défenseurs des droits humains dénoncent unanimement cette suspension. Cyrille Bechon, directrice de l'association Nouveaux Droits de l'Homme, affirme que cette décision n'a aucune base légale et démontre la capacité des autorités à bafouer l'état de droit.

Human Rights Watch appelle le gouvernement camerounais à lever immédiatement cette suspension et à garantir un environnement libre et sécurisé pour les organisations de la société civile.  Selon HRW cette suspension à l'approche des élections présidentielles de 2025, symbolise les inquiétantes restrictions des libertés fondamentales dans le pays.

Manifestation interdite

Pour rappel, le 14 décembre 2024, le préfet du Wouri, Sylyac Marie Mvogo, a interdit la manifestation « Lundi en noir » prévue par le Réseau des droits humains en Afrique centrale (Redhac) à l'esplanade de la préfecture de Douala. Cette décision fait suite à la circulation de tracts sur les réseaux sociaux appelant à un rassemblement.

Le préfet a annoncé des contrôles renforcés du 15 au 17 décembre, avec des fouilles systématiques de véhicules et des contrôles intensifs des personnes. Il a prévenu que tout contrevenant s'exposerait à des sanctions.

Cette interdiction intervient après une double convocation de Me Alice Nkom, présidente du Redhac, suite à la suspension des activités de l'organisation par le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji. Le 6 décembre, ce dernier a suspendu le Redhac pour trois mois, l'accusant de financements illicites et d'activités potentiellement nuisibles au système financier national.

Me Alice Nkom a contesté cette suspension, la qualifiant de fallacieuse et illégale, et a même brisé les scellés apposés au siège de l'organisation. En réaction, 57 organisations et personnalités de la société civile camerounaise ont exprimé leur désaccord, dénonçant une restriction des libertés fondamentales.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com



 
 
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