Lors du sommet extraordinaire des Chefs d’Etat, tenu ce lundi 16 décembre à Yaoundé, les dirigeants de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac) ont exprimé une préoccupation urgente face à la situation économique critique de la région. Réunis autour du président camerounais Paul Biya, les chefs d'État et représentants des six pays membres ont reconnu la nécessité de mettre en œuvre des réformes concertées pour éviter une potentielle crise économique et financière.

Dans son allocution d'ouverture, Paul Biya a clairement souligné les enjeux : « Si rien n'est fait, selon diverses expertises, nous pourrions faire face à des conséquences désastreuses, à la fois pour nos pays et pour notre sous-région ». Le président centrafricain Faustin Archange Touadéra, président en exercice de la conférence, a renchéri en détaillant les défis : tensions inflationnistes persistantes, croissance économique fragile, consolidation précaire des finances publiques et dépréciation des réserves de change.

Croissance en baisse

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. La croissance économique de la région a chuté de 3,3 % à 2,3 % entre 2022 et 2023. Les réserves de change, qui étaient passées de 2,3 mois d'importations en 2016 à 4,6 mois en 2023, connaissent désormais une tendance baissière inquiétante.

Abebe Selassie, directeur du département Afrique du Fonds monétaire international, s'est montré encourageant : « Nous sommes prêts à apporter un soutien technique et financier afin d'épauler ces pays dans la mise en œuvre des mesures annoncées ».

Les recommandations du sommet sont ambitieuses. Elles incluent la poursuite d'une consolidation budgétaire rigoureuse, la production régulière de données économiques fiables, et l'établissement de programmes formels avec le FMI. Seuls le Cameroun, la Centrafrique et le Congo disposaient jusqu'à présent d'un programme économique et financier avec l'institution.

Dans son discours de clôture, Paul Biya a insisté sur la nécessité de passer aux actes : « Ces assises ne produiront les résultats escomptés que s'ils sont suivis d'actions concrètes ». Il a également souligné l'importance de l'unité : « Ce n'est qu'ensemble que nous pouvons surmonter les difficultés actuelles et bâtir de meilleures perspectives économiques et sociales pour nos États et nos populations ».

Malgré les défis considérables, le président camerounais reste optimiste. Il entrevoit un « avenir commun » pour la sous-région Afrique centrale, à condition que les recommandations soient effectivement et rapidement mises en œuvre.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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