Côte d'Ivoire : Après la sortie d'Adjoumani, le porte-parole adjoint du FPI répond « Non, l'opposition n'a pas peur de Ouattara, mais de votre dictature »
Lia Gnan Ferdinand
Dans un climat politique marqué par des tensions persistantes, le débat autour d'un autre mandat controversé d’Alassane Ouattara continue de susciter des réactions passionnées.
Si les dirigeants sont souvent pointés du doigt pour leurs décisions, le poids des entourages politiques dans la structuration et le maintien d’une gouvernance autoritaire n’est pas à négliger. C’est ce que rappelle Lia Gnan Ferdinand, porte-parole adjoint du Front Populaire Ivoirien (FPI), dans une déclaration visant à dénoncer ce qu’il qualifie de « dictature collective » au sein du RHDP, parti présidentiel.
Le problème, pour l’opposition, n’est pas uniquement la figure d’Alassane Ouattara mais également le rôle prépondérant de son cercle rapproché dans des décisions jugées contraires à l’intérêt national. C'est ce qu'affirme Lia Ferdinand.
La candidature du chef de l’État pour un troisième mandat en 2020, interdite par la constitution selon ses détracteurs, illustre cette dynamique. Devant le Congrès en 2020, Ouattara avait annoncé qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat, affirmant vouloir respecter le texte fondamental.
L’opposition avait vu dans cette volte-face comme une violation flagrante de l’article 183 de la constitution ivoirienne. Ce texte, qui garantit la continuité des dispositions constitutionnelles après la révision de 2016, aurait dû, selon les juristes critiques du régime, empêcher toute tentative de briguer un mandat supplémentaire. Cette situation, dénoncée comme une « forfaiture » par le FPI et d’autres partis d’opposition, risque, selon eux, de créer un précédent inquiétant.
Pour Lia Gnan Ferdinand, la peur exprimée par l’opposition n’est pas celle de la personne d’Alassane Ouattara mais de l’instabilité et des violences qu’une candidature en 2025 pourrait engendrer.
Mais cette « dictature » ne s’exprime pas seulement à l’encontre de l’opposition. Elle touche également les membres du RHDP eux-mêmes, souligne Lia Gnan Ferdinand.
Il ajoute que le cas d’Adama Bictogo, président de l’Assemblée nationale, est emblématique, précisant que celui qui aurait nourri des ambitions présidentielles pour 2025 a vu son rêve se transformer en cauchemar sous la pression du régime, illustre l’opposition.
Ce type de musellement interne démontre, selon le porte-parole adjoint du FPI, une incapacité du RHDP à tolérer la moindre expression de dissidence ou de compétition saine.
L’opposition redoute ainsi une politique d’intimidation systématique qui ne vise pas seulement à garantir la domination du régime mais qui s’appuie sur des moyens coercitifs tels que des enlèvements et des actes de torture.
Pour Lia Gnan Ferdinand, la situation actuelle en Côte d’Ivoire reflète une dérive autoritaire où la violation répétée du cadre constitutionnel et la répression deviennent des outils de gouvernance. L’opposition, bien qu’inquiète pour l’avenir du pays, reste déterminée à dénoncer ces abus, espérant mobiliser les consciences et rappeler que la démocratie ne saurait être confisquée par une poignée d’individus, aussi puissants soient-ils.
Si le porte-parole adjoint du FPI conclut son intervention en interpellant Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre et porte-parole du parti au pouvoir, c’est pour adresser un message sans équivoque : les Ivoiriens craignent pour leur avenir, non pas face à une figure politique, mais face à un système qui banalise l’abus de pouvoir et l’instabilité au détriment des intérêts collectifs.
Jean Chresus, Abidjan
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire