Le 4 septembre 2024, à Yopougon Ficgayo, s’est tenue la célébration de la Journée Internationale des Personnes Handicapées (JIPH), marquée par un discours fort et mobilisateur de Raphaël Dogo, Président de la Fédération des Associations des Handicapés de Côte d'Ivoire (FAHCI) et porte-parole des personnes handicapées.

Cette journée a réuni de nombreuses personnalités, ainsi que des milliers de personnes handicapées venues de diverses régions du pays, pour revendiquer plus de droits, d’opportunités et d’inclusion dans la société.

Dans son discours, Raphaël Dogo a salué la mobilisation des personnes handicapées et des organisations partenaires, notamment la CAPHCI et la COPHCI, en soulignant l’importance du thème de l’année : « Amplifier le leadership des personnes handicapées pour un avenir inclusif et durable ». Ce thème a interpellé le public sur la question centrale de la place accordée aux personnes handicapées dans la construction de la société ivoirienne.

« Nous devons garantir aux personnes handicapées les outils et les opportunités nécessaires », a affirmé Dogo. Selon lui, l’accès à l’éducation, à la formation et à l’emploi ne doit pas être perçu comme un privilège, mais comme un droit fondamental. Il a exprimé sa satisfaction suite au lancement du recrutement dérogatoire des personnes handicapées dans la fonction publique ivoirienne en 2024, tout en appelant à des actions concrètes pour améliorer les conditions des personnes handicapées dans le secteur public et au-delà.

Cependant, le président de la FAHCI a exprimé sa vive préoccupation concernant la récente décision gouvernementale de dissoudre le Groupement pour l’Insertion des Étudiants Handicapés Physiques de Côte d’Ivoire (GIEHPCI).

Cette mesure, a-t-il déploré, a entraîné l’expulsion d’étudiants handicapés logés sur le campus de Cocody, créant ainsi une grande incertitude pour ces jeunes en situation de handicap. Dogo a lancé un appel en faveur de la réhabilitation du GIEHPCI et de la préservation des droits des étudiants handicapés dans les résidences universitaires.

L’un des points forts du discours de Raphaël Dogo a porté sur l’importance de transformer les mentalités. Selon lui, amplifiant le leadership des personnes handicapées, il est primordial de changer notre regard sur elles et de dépasser les stéréotypes. Il a souligné que les talents et les réussites des personnes handicapées doivent être valorisés et encouragés, et que des mesures doivent être prises pour permettre à ces dernières d’occuper des postes de leadership dans toutes les sphères de la société.

Dans un appel à l’inclusivité, M. Dogo a réitéré la demande des organisations représentatives des personnes handicapées (FAHCI, CAPHCI, COPHCI) pour la nomination de personnes handicapées à des postes stratégiques au sein des institutions publiques et privées. Il a aussi plaidé pour l’intégration formelle de référents-handicap dans toutes les administrations, afin que la question du handicap soit portée par chaque ministère technique.

« Nous devons bâtir un environnement inclusif grâce à une collaboration multisectorielle », a déclaré Raphaël Dogo. Il a également demandé la désignation de points focaux handicap dans chaque ministère et la mise en œuvre effective du Comité interministériel du handicap, un organe prévu par la loi n°98-594 du 10 novembre 1998, mais qui peine encore à se déployer pleinement.

Dans son discours Raphaël Dogo n’a pas omis de saluer les efforts déjà réalisés par le gouvernement, notamment la ratification en 2014 de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées et l’augmentation des subventions aux associations œuvrant pour l’insertion des personnes handicapées. Il a également félicité l’État pour la mise en place de mécanismes comme le Fonds pour l’Insertion Professionnelle des Personnes en Situation de Handicap (FIPPSH).

Toutefois, le porte-parole a insisté sur le fait que beaucoup reste encore à faire. Il a formulé des demandes précises, telles que l’institutionnalisation des référents-handicap dans toutes les institutions publiques, l’augmentation des subventions annuelles aux Organisations de Personnes Handicapées (OPH), ainsi que la mise en œuvre effective des décrets existants pour garantir une autonomie accrue pour les personnes handicapées.

Dans un appel à la gouvernance inclusive pour l’avenir, Raphaël Dogo a sollicité une audience auprès du Président Alassane Ouattara, en vue de discuter de la création d’un secrétariat d’État dédié aux personnes handicapées, ainsi que de la nomination de personnalités handicapées à de hautes responsabilités d’État si le Président venait à être réélu en 2025.

Il a également appelé tous les candidats à la présidentielle de 2025 à inclure systématiquement la question du handicap dans leurs programmes et à considérer les personnes handicapées comme un groupe électoral stratégique représentant près de 16% de la population.

Raphaël Dogo a exprimé sa gratitude à l’égard des partenaires techniques et financiers, notamment l’ONG Sightsavers, la Fondation Children of Africa, l’Union Européenne et d’autres partenaires qui soutiennent les initiatives en faveur des personnes handicapées. Il a également salué les efforts du gouvernement et des autorités pour améliorer les conditions de vie des personnes handicapées, mais a insisté sur le fait que ces efforts doivent être intensifiés pour garantir une inclusion véritable et durable.

La Journée Internationale des Personnes Handicapées a été l’occasion pour Raphaël Dogo de rappeler les défis persistants auxquels sont confrontées les personnes handicapées en Côte d'Ivoire, tout en formulant des propositions claires et ambitieuses pour garantir leur pleine intégration dans la société.

Son discours a été un appel à l’action collective pour construire un avenir plus inclusif, où les personnes handicapées auront non seulement leur place, mais pourront pleinement exercer leur potentiel et contribuer à la prospérité du pays.

Wassimagnon