La quatrième session du pré-Comité Conjoint de Mise en Œuvre (pré-CCMO) de l'Accord de Partenariat Volontaire (APV) sur l'Application des Réglementations Forestières, la Gouvernance et les Échanges Commerciaux (FLEGT) a eu lieu ce vendredi 29 novembre à Abidjan, marquant une avancée décisive dans les efforts conjoints de la Côte d'Ivoire et de l'Union européenne pour garantir une gestion durable des forêts.

Cet accord, qui a été signé en février 2024 à Bruxelles, fait partie des engagements internationaux visant à lutter contre l'exploitation illégale des forêts, promouvoir la durabilité des chaînes d'approvisionnement en bois et renforcer la gouvernance forestière. En cette occasion, les discours prononcés par les acteurs clés ont souligné l'importance de cet accord pour le secteur forestier de la Côte d'Ivoire, ainsi que les progrès réalisés dans la mise en œuvre des réformes nécessaires.

Le ministre ivoirien des Eaux et Forêts, Laurent Tchagba, a ouvert la session en réaffirmant l'engagement du gouvernement ivoirien à poursuivre la mise en œuvre des réformes prévues par l'APV-FLEGT. Il a rappelé que la signature de cet accord représente un tournant majeur dans la gestion durable des ressources forestières du pays, tout en consolidant les relations avec l'Union européenne.

"Ce partenariat avec l'Union européenne vise à garantir que les bois et leurs produits dérivés exportés vers l'UE soient légaux et traçables", a précisé le ministre.

Tchagba a également souligné l'importance du financement obtenu auprès de la Banque Européenne d'Investissement (BEI) à hauteur de 100 milliards de FCFA, qui soutiendra la stratégie de préservation et d'extension des forêts (SPREF) du pays. Cette politique vise à couvrir 20% du territoire national en forêts d'ici 2030 et à garantir un approvisionnement durable des marchés en produits forestiers.

Le ministre a également évoqué les efforts en cours pour la mise en place d'un système national de vérification de la légalité et de la traçabilité du bois, un élément clé pour la délivrance des autorisations FLEGT et la conformité avec le Règlement Européen sur la Déforestation (RDUE).

L'Ambassadrice de l'Union européenne en Côte d'Ivoire a pris la parole pour exprimer son soutien indéfectible aux efforts de la Côte d'Ivoire pour la durabilité des forêts. Elle a salué l'initiative ivoirienne en matière de gouvernance forestière et a souligné l'importance de l'APV-FLEGT comme modèle de partenariat pour le développement durable.

Elle a rappelé que l'Union européenne soutient activement la Côte d'Ivoire dans la mise en œuvre de cet accord à travers des programmes financiers tels que le Programme d'Appui aux Systèmes Sylvicoles et Agroalimentaires Durables (PASSAD), en partenariat avec l'Institut Européen de la Forêt.

De plus, elle a salué la signature d'un programme d'appui budgétaire sur la Croissance Inclusive et Durable, qui soutient des initiatives comme le système national de surveillance des forêts et la gouvernance forestière.

L’Ambassadrice a également insisté sur le rôle des parties prenantes, y compris des acteurs privés, dans la réussite de l'APV. "Le succès de cet accord repose sur une collaboration active entre les autorités ivoiriennes, le secteur privé, la société civile et les communautés locales", a-t-elle affirmé.

Les discussions ont également porté sur les réformes adoptées dans le cadre de l'APV, notamment l'adoption de 46 textes d'application du Code forestier ivoirien, qui ont été le fruit d'un processus participatif et inclusif. Ces réformes visent à rendre le cadre réglementaire plus robuste et opérationnel. La rencontre a permis de confirmer la ratification de l'accord par la Côte d'Ivoire, marquée par un Conseil des ministres le 30 septembre 2024.

L'accord FLEGT prévoit une mise en œuvre effective à partir de 2025, avec la mise en place d'un système de vérification qui garantira la légalité et la traçabilité du bois exporté vers l'UE. Ce système vise à renforcer la compétitivité du secteur forestier ivoirien, tout en soutenant les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique.

Le ministre des Eaux et Forêts a conclu son discours en appelant à une mobilisation continue des ressources financières et à une coopération renforcée pour atteindre les objectifs de l'APV-FLEGT. Il a souligné la nécessité de poursuivre les actions prioritaires, telles que l'opérationnalisation du système national de vérification et le renforcement de la sensibilisation des acteurs de la filière forêt-bois.

Pour sa part, l'Ambassadrice de l'Union européenne a appelé à une action concertée et à une collaboration accrue entre tous les acteurs pour garantir que l'APV-FLEGT devienne un modèle de réussite.

"Ce partenariat symbolise notre engagement commun pour un avenir meilleur, où forêts, économies et communautés prospèrent ensemble", a-t-elle conclu.

La quatrième session préparatoire du pré-CCMO a permis de franchir une étape décisive vers la mise en œuvre de l'APV-FLEGT, renforçant ainsi la gouvernance forestière et la durabilité du secteur forestier en Côte d'Ivoire. Le partenariat entre la Côte d'Ivoire et l'Union européenne, soutenu par des financements et des réformes législatives importantes, marque un tournant dans les efforts de lutte contre la déforestation et l'exploitation illégale des forêts.

Avec l'entrée en vigueur imminente du règlement européen sur la déforestation et la mise en place d'un système de traçabilité des produits forestiers, l'APV-FLEGT offre des perspectives prometteuses pour la préservation des forêts et la compétitivité du secteur en Côte d'Ivoire. 

Ce modèle de coopération pourrait bien inspirer d'autres pays de la région dans leurs propres efforts pour une gestion durable des ressources naturelles.

Wassimagnon