le Corridor Douala-Bangui (Ph)

La tension monte entre les transporteurs camerounais et le groupe Wagner, aboutissant à un mouvement de grève qui pourrait avoir des répercussions sur l'approvisionnement de la Centrafrique.

Les transporteurs camerounais ont déclenché une grève le 20 novembre suite à une série d'exactions attribuées aux mercenaires russes du groupe Wagner. L'événement déclencheur a été l'assassinat de Mohamadou Awalou, un chauffeur camerounais, le 18 novembre à Boali, à 95 km de Bangui.

Les circonstances de sa mort sont particulièrement troublantes. Selon des témoins cités par plusieurs médias camerounais et centrafricains, présents dans le convoi, le drame s'est joué lors d'une livraison pour Wagner. Le camion de la victime, sujet à des problèmes de surchauffe, nécessitait des arrêts fréquents. C'est lors d'un de ces arrêts qu'un mercenaire russe aurait fait descendre Mohamadou Awalou avant de l'exécuter froidement.

Ce meurtre s'inscrit dans un contexte de violences croissantes contre les transporteurs dans la région frontalière. Les témoignages font état de passages à tabac pour des retards, de tortures suite à des accidents de la route, et même d'exécutions sommaires sur simple suspicion de vol. Le bilan est lourd : au moins six victimes auraient déjà succombé sous les balles russes.

Face à cette situation alarmante, Oumarou Sahabo, président du Syndicat national des transporteurs routiers camerounais (SNTRC), a appelé à la suspension immédiate des activités dans les zones frontalières de Gari Gombo, Kenzou et Garoua Boulaï (region de l’Est du Cameroun, frontalière a la République centrafricaine). Le syndicat exige justice pour Mohamadou Awalou, dont la dépouille reste toujours en Centrafrique, et menace de bloquer totalement les frontières si des mesures concrètes ne sont pas prises.

Cette menace n'est pas à prendre à la légère. La Centrafrique, pays enclavé, dépend de l'axe routier reliant Bangui au port de Douala pour son approvisionnement. Le message du syndicat aux autorités centrafricaines et à leurs alliés russes est clair : "Si les Russes le souhaitent, qu'ils assurent eux-mêmes le transport de leurs marchandises avec leurs propres chauffeurs et convoyeurs."

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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