Côte d'Ivoire : Port-Bouët, l'origine du bras de fer entre Sidi Touré et le District Autonome d'Abidjan autour de l'abattoir
La police à l'abattoir (Ph KOACI)
Le lundi 18 novembre 2024, une scène inattendue s’est jouée à l’abattoir de Port-Bouët, poumon de la filière viande à Abidjan. La tentative d’installation d’équipes de contrôle vétérinaire, initiée par le ministre des ressources animales et halieutiques, Sidi Touré, a tourné court, dévoilant un conflit latent entre le ministère et le District Autonome d’Abidjan, dirigé par ibrahima bacongo cissé. Ce différend, aux relents d’affront institutionnel, met en lumière une guerre d’influence sur la gestion d’un site stratégique.
Au cœur de ce blocage, un désaccord sur les prérogatives respectives des deux entités. Depuis des décennies, la gestion des abattoirs d’Abidjan est sous la responsabilité exclusive du District, en vertu d’un transfert de compétences opéré en 1980. Pourtant, le ministre Sidi Touré, à travers une initiative jugée unilatérale, a tenté de repositionner des agents vétérinaires, une décision perçue comme un acte de défiance par les autorités du District.
L’incident du 18 novembre a débuté avec l’arrivée d’une délégation ministérielle à Port-Bouët pour officialiser l’installation des agents. Mais, à peine la cérémonie entamée, le directeur général des services techniques du District est intervenu pour exiger son interruption. Motif invoqué : l’absence d’autorisation préalable du District, gestionnaire légal du site. Face à la fermeté des responsables locaux, les installations ont été démontées, sous les regards médusés des commerçants et usagers présents.
Ce bras de fer administratif s’inscrit dans un contexte où le District s’est engagé à moderniser et sécuriser les activités de l’abattoir. Depuis la fin du détachement des agents vétérinaires du ministère en mai dernier, le District a redoublé d’efforts pour assurer la sécurité sanitaire des viandes avec ses propres moyens. Les résultats sont probants : une augmentation notable du volume d’abattages réguliers et une lutte efficace contre les pratiques clandestines. Ces progrès, visibles sur le terrain, n’ont pas été salués par le ministère, qui semble privilégier une reprise de contrôle.
Les observateurs soulignent que cette tentative d’intervention s’apparente davantage à une démonstration d’autorité qu’à une action coordonnée. Le District, soutenu par des textes juridiques clairs, voit dans cette manœuvre une violation flagrante de ses prérogatives, tandis que le ministère défend une volonté d’harmoniser le contrôle sanitaire à l’échelle nationale.
Ce nouvel épisode d’une relation institutionnelle conflictuelle entre le ministère et le District illustre un problème plus large : le manque de concertation et de respect mutuel dans la gestion des infrastructures publiques. L’abattoir de Port-Bouët, qui joue un rôle vital dans l’approvisionnement alimentaire d’Abidjan, ne peut être un terrain de rivalités administratives.
Pour éviter que ce type d’incidents ne se reproduise, il devient urgent que les deux parties privilégient le dialogue et la collaboration. Si le ministre Sidi Touré entend imposer sa vision, il devra, à l’avenir, composer avec les autorités locales, garantes d’une gestion quotidienne efficace. Quant au District, il gagnerait à rappeler l’importance de ses acquis et à défendre fermement ses compétences, pour le bien-être des populations.
Jean Chresus, Abidjan
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