Côte d'Ivoire : Exécution du budget 2023, le groupe parlementaire PPA-CI rejette la loi de règlement malgré son adoption par la majorité
Les députés PPA-CI à l'assemblée nationale (Ph KOACI)
Le mercredi 13 novembre 2024, au sein de la Commission des affaires économiques et financières (CAEF) de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, a eu lieu un débat intense autour de la loi de règlement pour l'exercice budgétaire 2023, présentée par Adama Coulibaly, ministre des finances et du budget.
Ce projet de loi, qui a pour objectif de valider et d'analyser les dépenses effectuées par le gouvernement au cours de l'année écoulée, a suscité des réactions mitigées parmi les députés, marquant une fracture nette entre les groupes parlementaires présents.
Au cœur des discussions, le groupe parlementaire PPA-CI a exprimé son opposition ferme à l'adoption de cette loi. Représenté par Kety Soumahorou Lanciné, Hie Pawa Cyrille et Garou Anthony, le PPA-CI a voté contre, une décision soutenue par le vice-président de l'Assemblée nationale, Georges-Armand Ouégnin.
Selon une déclaration de Kety Soumahorou, la position du groupe parlementaire a été motivée par un rapport alarmant de la Cour des comptes, qui a révélé des lacunes significatives dans l’exécution du budget 2023. Pour eux, les réponses apportées par le ministre Adama Coulibaly lors des débats n’ont pas suffi à dissiper les doutes sur la gestion des fonds publics. En effet, plusieurs questions relatives aux dépenses non justifiées et aux écarts par rapport aux prévisions initiales ont été soulevées, sans que des explications satisfaisantes ne soient fournies.
D'un autre côté, le groupe parlementaire PDCI-RDA a choisi une position plus nuancée, optant pour l’abstention. Les députés de ce groupe, bien que critiques sur certains points, ont préféré attendre de voir si les promesses d'amélioration faites par le ministre des finances se concrétiseront dans les prochains exercices budgétaires.
L'Honorable Gozé Séplé Bernard, porte-parole du PDCI-RDA sur cette question, a souligné que leur décision reflétait une volonté de laisser une chance aux ajustements promis, tout en maintenant une vigilance sur les prochaines étapes de la gestion budgétaire.
Malgré ces oppositions, la loi de règlement 2023 a été adoptée grâce aux voix du groupe parlementaire RHDP, majoritaire au sein de la CAEF. Leur soutien inconditionnel a permis de faire passer le texte, traduisant une confiance en la gestion gouvernementale, malgré les critiques de l'opposition.
Le contexte de l'exercice budgétaire 2023 a été marqué par des défis globaux considérables. Les effets résiduels de la pandémie de COVID-19 et l'impact prolongé de la guerre en Ukraine ont contribué à ralentir la croissance économique mondiale, qui s’est établie à 3,3 %, contre 3,5 % en 2022. Ces conditions difficiles ont affecté les performances économiques de nombreux pays, y compris la Côte d'Ivoire, et ont rendu l'exécution du budget plus complexe. Cependant, pour les députés de l'opposition, ces facteurs extérieurs ne justifient pas pleinement les manquements relevés par la Cour des comptes, et ils appellent à une gestion plus rigoureuse des finances publiques pour les années à venir.
En conclusion, l'adoption de cette loi de règlement ne masque pas les divergences profondes entre le gouvernement et l'opposition sur la gestion des finances publiques. Le parti de Gbagbo en votant non, et le PDCI-RDA, en s’abstenant, ont exprimé des réserves importantes, tandis que le RHDP a maintenu sa confiance dans les explications du ministre.
Le débat autour de cette loi révèle les tensions croissantes au sein de l’Assemblée nationale sur les questions de transparence et de bonne gouvernance financière, alors que le pays continue de naviguer dans un contexte économique mondial incertain.
Jean Chresus, Abidjan
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