Lors de la COP29 sur le climat à Bakou, en Azerbaïdjan, la Côte d'Ivoire a annoncé qu'elle s'apprête à conclure un accord majeur, soutenu par la Banque mondiale, pour l'achat de réductions d'émissions de carbone, avec un objectif initial de 10 millions de tonnes. Cet engagement s'inscrit dans le cadre de la lutte mondiale contre le changement climatique et pourrait positionner la Côte d'Ivoire comme un leader dans la vente de réductions d'émissions basées sur des projets forestiers, un secteur clé de la finance climatique internationale.

Le ministre de lEnvironnement, du Développement durable et de la Transition écologique, Jacques Assahoré Konan, a souligné l'importance de cette initiative, tant pour l'environnement que pour les communautés locales. Il a précisé que les paiements issus des réductions démissions seront directement transférés via Mobile Money à environ 40 000 bénéficiaires, garantissant ainsi une compensation équitable pour les efforts de conservation des forêts et de réduction des émissions.

Les objectifs initiaux du projet ont été largement dépassés, avec des prévisions révisées atteignant désormais 30 millions de tonnes de CO2 équivalent (10 millions dans le cadre de l'accord en cours et 20 millions supplémentaires à venir). Ce dépassement témoigne du potentiel de la Côte d'Ivoire à jouer un rôle clé sur le marché du carbone international. L'exploitation de ces réductions d'émissions vérifiées pourrait ouvrir la voie à de nouveaux financements pour le climat, tout en consolidant la position du pays comme un acteur majeur dans la vente de crédits carbone de haute intégrité.

Jacques Assahoré Konan a ajouté : « Nous nous attendons à ce que le secteur privé soit très intéressé par l'achat de ces réductions d'émissions, qui proviennent directement de notre secteur forestier et respectent des normes de haute intégrité. La Côte d'Ivoire pourrait devenir un modèle à suivre, en étant lun des premiers pays à réussir à vendre des réductions d'émissions vérifiées et transparentes.»

Pour garantir la crédibilité et la vérifiabilité de ces réductions d'émissions, le gouvernement ivoirien, avec le soutien de la Banque mondiale et du Fonds du partenariat pour le carbone forestier, a mis en place des systèmes de suivi et de vérification rigoureux. Ces mécanismes sont essentiels pour assurer que les émissions sont réellement réduites et que les bénéfices sont correctement attribués. Cette approche renforce également la confiance des investisseurs et des acheteurs dans la qualité des crédits carbone proposés par la Côte d'Ivoire.

Le projet bénéficie de l'appui financier d'institutions internationales telles que la Banque mondiale, le Fonds du partenariat pour le carbone forestier et le FMI. Ce soutien a été renforcé lors de la table ronde sur le climat d'Abidjan en juillet 2024, où le pays a pris des engagements supplémentaires pour intensifier son action climatique. Ces efforts visent à attirer de nouveaux financements pour des projets verts tout en consolidant la résilience climatique de la région.

Le gouvernement de la Côte d'Ivoire a également lancé plusieurs initiatives pour stimuler l'investissement privé dans la transition écologique. En collaboration avec la Société financière internationale (SFI), il a mis en place des mécanismes visant à renforcer les marchés de capitaux locaux et à attirer des investisseurs responsables sur le plan climatique. Ce partenariat s'inscrit dans un programme plus large visant à constituer un portefeuille de projets verts, avec l'objectif de diversifier les sources de financement pour le climat.

En parallèle des initiatives de réduction des émissions, la Côte d'Ivoire développe également des projets d'adaptation au changement climatique, soutenus par plusieurs institutions internationales. Avec l'aide de la Banque européenne d'investissement, du Centre mondial pour l'adaptation et de la Banque africaine de développement (BAD), le pays a mis en place un mécanisme de préparation de projets d'adaptation, soutenant des initiatives d'une valeur totale de plus de 16 milliards de dollars. Une première série de 53 projets est actuellement en cours de développement.

Dans le cadre du programme Net Zero Nature Positive Accelerator du Fonds pour l'environnement mondial (FEM), la Côte d'Ivoire reçoit également un financement de 6 millions de dollars pour mettre en uvre des solutions fondées sur la nature et renforcer la définition d'objectifs climatiques. De plus, un montant supplémentaire de 4 millions de dollars sera alloué à la restauration des écosystèmes dans les savanes du nord et du centre du pays, une initiative essentielle pour la résilience des communautés locales face aux changements climatiques.

Ces initiatives renforcent la position de la Côte d'Ivoire comme un acteur clé du financement climatique, tout en offrant un modèle de développement durable qui pourrait inspirer d'autres nations. Le pays montre la voie en combinant des politiques ambitieuses, un cadre de gouvernance rigoureux et une collaboration active avec des partenaires internationaux, dans le but d'atteindre ses objectifs climatiques tout en générant des bénéfices pour ses populations. Avec des réductions d'émissions de haute intégrité et un cadre de financement innovant, la Côte d'Ivoire aspire à devenir un leader mondial dans la gestion forestière et la réduction des émissions basées sur la nature, ouvrant ainsi la voie à un avenir plus durable pour l'Afrique et le monde entier.

Wassimagnon