Fraternité Matin, véritable institution de la presse ivoirienne et fleuron du journalisme national, traverse une période de crise sans précédent. Bien que l'État ait investi des sommes importantes dans le but de redresser ce média historique, les difficultés persistent et semblent même s'aggraver, laissant les travailleurs dans une situation particulièrement précaire.

Dans un communiqué daté du 6 novembre 2024, le Syndicat des travailleurs unis de Fraternité Matin (Syntu Frat Mat), dirigé par Faustin Kouadio Amani, exprime son ras-le-bol face à une gestion qui laisse trop de points d'ombre.

Selon le syndicat, plusieurs revendications, pourtant discutées et approuvées en plusieurs instances de négociation, restent sans réponse de la part de la direction générale de l'entreprise.

Les difficultés majeures pointées par le syndicat sont multiples et concernent tant les conditions de travail que la gestion financière de l'entreprise :

Il s'agit de la non-signature de la convention unique, pourtant essentielle pour réguler les rapports entre l'employeur et les employés, du paiement des salaires hors délai, une pratique récurrente qui met à mal les finances des agents, du non-paiement des droits légaux des travailleurs ayant quitté lentreprise, notamment ceux partis en raison de décès, retraite ou démission, de l'absence d'assistance funéraire pour les employés décédés, du non-paiement des 10 mois de minima catégoriels, un droit élémentaire des salariés, du non-reversement des précomptes mutualistes et à la BNI, totalisant plus de 45 millions de FCFA, du non-paiement des 17 mois de carburant dus aux bénéficiaires, du blocage de la nouvelle rotative offerte par l'État de Côte d'Ivoire, restée inutilisée au port autonome d'Abidjan depuis plus dun an et des conditions de travail délétères, qui affectent gravement le moral et la santé des travailleurs.

Malgré les multiples tentatives de négociation sous l'égide de la Centrale syndicale Dignité et des émissaires du ministre de la Communication, la direction de Fraternité Matin semble demeurer sourde aux revendications légitimes des employés. Le syndicat, fidèle à son engagement, a tenté de résoudre ces problèmes dans un esprit de dialogue, mais la situation na cessé de se détériorer.

Alors que Fraternité Matin se prépare à célébrer, le 9 décembre 2024, son 60e anniversaire, une date symbolique marquant son âge dor et son rôle majeur dans le paysage médiatique ivoirien, les travailleurs se sentent laissés pour compte. Le Syntu Frat Mat rappelle que si lon doit saluer l'histoire de l'entreprise, il est impératif de ne pas ignorer les difficultés actuelles qui gangrènent son avenir.

"Il est tout à fait normal que les 60 ans de l'entreprise soient célébrés, car Fraternité Matin représente un pilier pour la presse ivoirienne et pour le pays. Mais il est inacceptable que cette célébration se fasse dans lombre des souffrances quotidiennes que nous endurons", déclare Faustin Kouadio Amani, Secrétaire général du syndicat. "Les frustrations accumulées ne doivent pas entacher limage de cette institution", poursuit-il.

L'issue de cette crise semble encore incertaine. Dans son communiqué, le Syntu Frat Mat indique qu'il se réserve le droit d'utiliser tous les moyens légaux à sa disposition pour obtenir la satisfaction des revendications dans les jours à venir. Une déclaration qui témoigne de la détermination des travailleurs, conscients que sans une réponse rapide et satisfaisante, la situation pourrait se détériorer davantage, nuisant à la réputation de Fraternité Matin et affectant son rôle de média d'intérêt public.

L'appel à la réconciliation et à la résolution des problèmes reste pressant, car il est évident que sans une gestion plus responsable et respectueuse des droits des travailleurs, Fraternité Matin risque de ne pas pouvoir célébrer son 60e anniversaire sous de bons auspices.

"Fraternité Matin, véritable patrimoine national, mérite mieux que d'être un symbole de souffrance pour ses employés. L'État, les syndicats et la direction doivent se mobiliser pour redresser la situation avant qu'il ne soit trop tard", lit-on dans le document.

Wassimagnon