Cameroun : Bamenda, une élue municipale assassinée après avoir assisté à la projection d'un film sur Biya
Joko Frida (Ph)
Le pays est secoué par un nouveau développement tragique de la crise anglophone. Mme Joko Frida, deuxième adjointe au maire de Bamenda II, a été retrouvée morte ce lundi matin, victime présumée des séparatistes ambazoniens. Son assassinat survient dans un contexte particulièrement tendu, quelques jours seulement après sa participation à la projection d'un documentaire célébrant les quarante années de présidence de Paul Biya.
Enlèvement audacieux au cœur de la ville
Selon des témoins, l'élue, également présidente de la section des femmes de l’OFRDPC (branche des femmes du parti au pouvoir) dans le département de la Mezam, a été enlevée samedi 26 octobre à son domicile dans la ville de Bamenda.
Des hommes armés, opérant avec une audace, ont fait irruption chez elle peu après son retour de la projection du film à Upstation. L'enlèvement a été effectué à bord d'un véhicule Hilux, marquant une évolution inquiétante dans les modes opératoires des groupes séparatistes, qui privilégiaient auparavant les motos.
Le corps sans vie de celle que l'on surnommait affectueusement "Mami Joko" a été découvert au carrefour Nchuoboh dans la subdivision de Bamenda 2, baignant dans une mare de sang. Des riverains rapportent avoir entendu des coups de feu vers 22 heures dimanche soir. Bien que l'identité des assassins reste à confirmer officiellement, les soupçons se portent sur les ADF (Ambazonia Defense Forces), une faction séparatiste fidèle à Lucas Ayaba Cho, particulièrement active dans la région.
Connue pour sa personnalité douce et bienveillante, Joko Frida était une figure respectée à Bamenda. Son assassinat, survenu après sa participation à la projection d'un documentaire retraçant les quatre décennies de pouvoir du président Paul Biya, soulève une vague d'indignation et de chagrin dans la communauté. Le Conseil de Bamenda II et les habitants pleurent la perte d’un leader apprécié, tandis que cet événement tragique souligne une fois de plus la détérioration continue de la situation sécuritaire dans la région.
Cet assassinat s'inscrit dans une spirale de violence qui perdure depuis maintenant huit ans dans les régions anglophones du Cameroun. Selon les dernières données de l'ONU, plus de 6000 personnes ont perdu la vie dans ce conflit. 638 421 personnes sont déplacées à l'intérieur du pays. 63 204 ont trouvé refuge au Nigeria. Toujours selon l’ONU, 2 245 écoles restent non fonctionnelles dans les régions anglophones.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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