Côte d'Ivoire : Règlement des conflits sur le continent, Tiémoko Koné encourage l'UA à privilégier les instruments adaptés à l'architecture africaine de paix et de sécurité
Tiémoko Koné ce vendredi à Abidjan
Abidjan, la capitale économique ivoirienne, abrite depuis, ce vendredi 25 octobre 2024, la 15ᵉ Retraite annuelle de haut niveau sur la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique.
Cette initiative de l’Union Africaine (UA), créée en 2010 à l'occasion de l'Année africaine de la paix et de la sécurité, est devenue le principal forum permettant aux Hauts représentants spéciaux, aux Envoyés, aux Ambassadeurs, aux Représentants permanents, au Groupe des Sages et aux médiateurs travaillant en Afrique, de partager leurs expériences et leurs meilleures pratiques dans les domaines de la prévention des conflits, de la consolidation de la paix et du rétablissement de la paix.
A l'occasion de cette 15ᵉ édition qui se tient en Côte d'Ivoire, les réflexions vont être concentrées autour du thème : « L'impact et la durabilité de la diplomatie préventive et de la médiation de l'UA », avec en toile de fond, le 20ᵉ anniversaire du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) et la fin du mandat de l'actuel Président de la Commission de l'UA, S.E. Moussa Faki Mahamat.
Présidant la cérémonie officielle d’ouverture de l’événement qui a pour cadre le Sofitel Hotêl Ivoire d’Abidjan Cocody, le Vice-président de la République de Côte d’Ivoire, Tiémoko Meyliet Koné a remercié le président de la Commission de l’UA pour le choix porté sur son pays pour abriter cette retraite. Pour lui, la tenue de ce forum en Côte d’Ivoire, est une occasion pour l’Etat ivoirien de « réitérer sa gratitude à l’Union Africaine et aux Nations Unies pour leur forte implication dans la résolution de la grave crise militaro-politique qui a secoué la Côte d’Ivoire avant et après les élections de 2010 ».
En effet, l’Union Africaine et les Nations Unies, poursuit l'ancien Gouverneur de la BCEAO, « ont à travers leurs conseils de sécurité, su déployer les instruments de prévention, de médiation, de maintien et de consolidation de la paix. Ces efforts ont largement contribué à la résolution de la crise ivoirienne », a-t-il indiqué.
Tiémoko Meyliet Koné a fait savoir, qu’au lendemain de la crise, « la Côte d’Ivoire a œuvré inlassablement à mettre en place des institutions démocratiques crédibles, ainsi que des plateformes de dialogues politiques et divers programmes de réconciliations et de cohésions sociales. De même, la Côte a mis un accent particulier sur les investissements socio-économiques de base et sur la création de richesses et d’emplois, surtout pour les jeunes. Et enfin, à travers les accords de partenariats stratégiques, des diplomaties de bon voisinage ont été développées avec les pays de la sous-région. Ce qui a contribué à créer un climat de paix et de confiance mutuelle ». Des initiatives qui, selon lui, ont bénéficié du soutien et de l’accompagnement de l’UA et des Nations Unies.
Sur la retraite, l'homme de confiance du Président Ouattara a déclaré, qu’elle s’inscrit dans la continuité de l’intervention mémorable du président Alassane Ouattara devant le conseil de sécurité des Nations Unies en décembre 2018 qui a illustré les enseignements tirés du succès de l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire.
« Dans la continuité de cette réflexion, votre retraite arrive à point nommé pour explorer les approches en faveur de la paix, la cohésion sociale qui nous ont permis de stabiliser et de consolider ces progrès. Nous restons convaincus qu’au niveau national, investir dans la bonne gouvernance et la cohésion sociale et l’inclusion économique constituent l’un des moyens essentiels pour prévenir et éviter les conflits », a-t-il ajouté.
Le numéro deux constututionnel a par ailleurs, fait remarquer que la présente retraite se tient dans un contexte particulièrement préoccupant.
« Notre continent, tout comme le reste du monde, fait face à une montée des conflits armés, à des changements anticonstitutionnels, à des tensions géopolitiques croissantes et à l’extension du terrorisme. En plus de tous ces fléaux, l’Afrique doit également faire face aux effets du réchauffement climatique. Ces défis multiples, menacent la paix et la sécurité mondiale, perturbent l’économie mondiale et la sécurité alimentaire et énergétique internationale. Le constat est clair : nous sommes de plus en plus impuissants face à ces conflits, incapables de les résoudre durablement et de restaurer la paix dans le monde. Le multilatéralisme qui fonde nos actions collectives, a besoin d’être soutenu par les Nations Unies. Face à cette impuissance, les peuples africains payent un tribut de plus en plus lourd, en raison des conflits qui dévastent notre continent et compromettent les efforts de développement en cours », a-t-il fait constater.
Pour le Vice-président de la république de Côte d’Ivoire est donc impératif d’inverser cette trajectoire. C’est pourquoi la Côte d’Ivoire, dit-il, soutien la détermination de la Commission de l’Union Africaine à privilégier la diplomatie préventive dans la résolution des conflits, afin d’empêcher que les tensions ne dégénèrent en affrontement. Il encourage également les Etats africains à « favoriser la gouvernance qui respecte les normes démocratiques de tout changement de régime ». Il a pour finir, encouragé les retraitants à réajuster les instruments disponibles dans le cadre de l’architecture africaine de paix et de sécurité pour mieux prévenir les conflits, consolider la démocratie, la paix et le développement sur le continent.
Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union Africaine, dans son intervention, a exprimé sa gratitude envers les autorités ivoiriennes pour la grande attention qu’elles portent à l’agenda de l’UA. Il a salué le leadership du président Alassane Ouattara et s’est dit ravi d’être à Abidjan pour, dit-il, apprendre de l’expérience, de la sagesse et du sens du leadership du chef de l’Etat, « dans une Côte d’Ivoire qui est sortie de son conflit pour devenir un modèle de résilience ».
Le président de la Commission de l’UA a également encouragé la Côte d’Ivoire à demeurer ce havre de paix, « car cela est dans son ADN ». Pour lui, cette 15ᵉ Retraite annuelle de haut niveau sur la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique, se tient en Côte d’Ivoire, pilier central à tous égards de l’Afrique de l’Ouest, dont la CEDEAO traverse en ce moment une période difficile. Il a donc invité les retraitants à capitaliser le dialogue, pilier de toute diplomatie et de médiation. Moussa Faki Mahamat a profité de l’occasion pour exprimer “ la solidarité de l’UA aux populations du Mali, du Burkina Faso et du Niger, en proie à la barbarie des groupes terroristes et des extrémistes violents”. “Vivement que ces pays regagnent la famille ouest-africaine, regagnent la CEDEAO et par conséquent l’Union Africaine”, a-t-il exhorté.
Poursuivant, il a regretté le fait que “l’Afrique continue d’être confrontée à des défis anciens, conjoncturels et structurels, portés par des facteurs endogènes et exogènes qui ne cessent de rivaliser”. Moussa Faki Mahamat reconnait que si depuis 2017, des avancées significatives ont été réalisées en matière de diplomatie, “ nous restons loin d’avoir vaincu un monstre qui continue de décimer l’Afrique”. Il en veut pour exemple les conflits dans les différentes parties de l’Afrique
Pour lui, le déficit de confiance entre les différentes parties en conflit est le premier obstacle qui se pose sur le chemin de l’UA. Selon lui, pour le rétablissement de cette confiance, les médiateurs doivent d’abord s’atteler à travailler sur la crédibilité, l’expérience, le savoir-faire, la dextérité, la connaissance du terrain et la puissance du conflit, les croyances etc.., pour pouvoir être efficace sur les terrains de conflits.
Mahamat Faki Moussa reconnait aussi que les défis globaux qui assaillent le continent africain, exige des dirigeants de l’UA de ses envoyés spéciaux, ses ambassadeurs etc., de se surpasser pour davantage de création et d’inventivité. “ Usez et donnez libre cours à votre intelligence”, leur a-t-il recommandé.
Face aux conflits, il soutient qu’il ne s’agit pas d’impliquer uniquement des moyens politiques et militaires, mais il faut impliquer dans les résolutions, les femmes, les jeunes et les universitaires, les chefferies traditionnelles et les forces économiques.
Il a également prôné pour des solutions de plus en plus africaines dans la résolution durable des conflits sur le continent.
Mahamat Faki Moussa qui vivait sa dernière retraite annuelle de haut niveau sur la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique en tant président de la Commission de l’UA, a été honoré par le commissaire aux affaires politiques, paix et sécurité de l’UA, l’ambassadeur Bankole Adeoye et ses pairs, qui lui ont symboliquement remis un présent.
La 15ᵉ Retraite annuelle de haut niveau sur la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique, s’achève ce samedi 26 octobre à Abidjan.
Wassimagnon
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire