L'économie ivoirienne, principalement axée sur l'agriculture, fait face à des défis majeurs en matière de disponibilité de protéines animales. Malgré une production végétale remarquable, la Côte d'Ivoire doit importer une quantité significative de viandes, de poissons et de produits laitiers, engendrant des sorties de devises estimées à plus de 400 milliards de FCFA par an. Le secteur des ressources animales et halieutiques, bien que crucial pour la sécurité alimentaire, ne représente que 4,5 % du PIB agricole et 2 % du PIB total.

Pour remédier à cette situation, le gouvernement ivoirien a lancé la « Politique Nationale de Développement de l'Élevage, de la Pêche et de l'Aquaculture (PONADEPA 2021-2025) ». Cette politique vise à renforcer l'autosuffisance en produits animaux et halieutiques. Le secteur des ruminants a été divisé en trois filières stratégiques : la filière lait, les gros ruminants (bovins) et les petits ruminants (ovins et caprins).

L'Assemblée Générale Constitutive de l'organisation interprofessionnelle des petits ruminants (INTERPRU) s'est tenue le 6 septembre 2024, sous l'égide du Ministère des Ressources Animales et Halieutiques. Cette organisation a pour objectif de créer un cadre de concertation entre les professionnels de la filière. Elle se concentre sur plusieurs axes, notamment la coordination, le développement des actions des organisations professionnelles et l'établissement de règles contractuelles entre les membres concernant les prix et les normes de qualité.

Les activités de l'INTERPRU incluent la défense des intérêts communs de ses membres, l'aide à la production, la transformation et la promotion des produits de la filière, la représentation de la filière auprès des institutions, la constitution d'une base de données sur les petits ruminants, ainsi que la recherche de financements pour soutenir les initiatives de la filière.

Le Général Gaoussou Soumahoro, Président de lINTERPRU, s'est exprimé face à la presse ce jeudi 24 octobre pour dénoncer les pratiques jugées « malveillantes » d'Issiaka Sawadogo, Président des gros ruminants, qui, selon lui, entravent l'organisation de la filière. Il a affirmé qu'Issiaka Sawadogo ne respecte pas son domaine de compétence, créant ainsi une cacophonie nuisible au secteur. « Il vend les enclos du nouveau parc à bétail aux acteurs de l'interprofession des petits ruminants à 500 mille FCFA. Nous ne savons pas qui lui a donné cette autorisation », a-t-il déploré.

Un point marquant de son discours a été son mécontentement face à un manque de communication avec les autorités. Malgré ses efforts pour dialoguer avec certaines mairies de la ville d'Abidjan, il a signalé des difficultés persistantes pour obtenir des réponses. Pour lui, ce manque de coopération soulève des questions quant à la volonté des autorités d'accompagner les acteurs du secteur.

Le général Gaoussou a également dénoncé le trafic d'influence qui nuit à l'organisation du secteur, affirmant qu'il ne tolérera pas de telles pratiques et qu'il prendra des mesures si nécessaire pour garantir l'intégrité du marché. En matière de priorités, il a identifié plusieurs axes pour restructurer le secteur des petits ruminants. Il a plaidé pour une meilleure organisation des producteurs afin d'accroître la production, l'établissement de circuits de vente clairs pour éliminer les pratiques illégales qui perturbent le marché, ainsi que la mise en place de normes strictes pour assurer la qualité des produits d'origine animale.

Après une tournée dans le pays, il a dressé un état des lieux des problèmes rencontrés et a exprimé son intention de collaborer avec des ingénieurs et experts pour développer des solutions durables. Tout en rassurant les acteurs des petits ruminants sur l'engagement de l'INTERPRU à défendre leurs intérêts, le Président a invité à un cadre de concertation inclusif pour favoriser la synergie d'actions au bénéfice des acteurs et de la population.

L'INTERPRU joue un rôle essentiel dans la structuration et le développement de la filière des petits ruminants en Côte d'Ivoire. Avec le soutien du gouvernement et des acteurs concernés, elle aspire à améliorer les conditions de vie des producteurs tout en contribuant à la souveraineté alimentaire du pays. Malheureusement, le Président a déploré que le ministère des Ressources animales et halieutiques semble privilégier Issiaka Sawadogo, car, selon lui, chaque fois qu'il sollicite la tutelle, il n'y a pas de suite.

Wassimagnon