Côte d'Ivoire : Conflit interne, après avoir saisi la justice pour annuler le congrès du FPI, Affi suspend Dagbo Godé du parti
Le Front Populaire Ivoirien (FPI) est secoué par une bataille juridique et politique interne, à quelques semaines de son 5ᵉ congrès ordinaire prévu les 8 et 9 novembre 2024 à Yamoussoukro.
Pierre Dagbo Godé, ancien vice-président du parti et candidat à la présidence du FPI, a initié deux procédures devant le Tribunal de Première Instance d’Abidjan Plateau pour contester la tenue de ce congrès. En réponse, le Comité Central du FPI a décidé, lors d'une session extraordinaire du dimanche 20 octobre 2024, de suspendre Dagbo Godé Pierre, accusé de porter atteinte aux intérêts du parti.
Selon les informations recueillies, Dagbo Godé Pierre a introduit deux assignations contre le FPI. La première, déposée le 7 octobre 2024, vise à obtenir l’annulation des décisions prises lors des sessions du Comité Central des 30 mai et 7 septembre 2024, lesquelles convoquent le congrès de novembre.
L'ancien vice-président d'Affi argue que ces décisions sont irrégulières, affirmant que le Comité Central n’est pas habilité à convoquer un congrès ordinaire, en vertu des articles 23 et 28 des statuts du parti. La seconde assignation, déposée le 14 octobre 2024, demande la suspension de la tenue du congrès en référé ordinaire. Ces deux requêtes seront examinées respectivement les 22 et 23 octobre 2024.
Face à ces attaques judiciaires, le Comité de Contrôle du FPI, présidé par Marcellin Koua Wognin, a tenté d’engager un dialogue avec Godé Pierre en l’invitant à une séance de travail le 18 octobre 2024 au siège du parti. Cette rencontre visait à comprendre les motivations de l'ancien vice-président et à clarifier pourquoi il avait choisi de saisir directement la justice sans passer par le Comité de Contrôle, pourtant chargé de veiller à la conformité des actes des instances du parti avec les textes fondamentaux.
Cependant, l'actuel troisième adjoint au maire de Yopougon a décliné l’invitation, estimant que le Comité de Contrôle n’avait pas compétence pour l’interroger.
Le Comité Central du FPI a considéré ces manœuvres comme une tentative de déstabilisation du parti, aggravée par la rupture du partenariat avec le RHDP, et soupçonne une complicité avec d'autres cadres du parti.
Selon Marcellin Koua, l'attitude du collaborateur de Bictogo Adama constitue une violation des obligations statutaires du parti, notamment le non-respect des décisions du Comité Central et de l'obligation de réserve. Il lui est également reproché d'avoir adopté des comportements nuisant à la cohésion et à l'image du FPI.
Lors de cette session extraordinaire, le Comité Central a décidé de sanctionner sévèrement Dagbo Godé Pierre en votant sa suspension à l’unanimité quasi-totale. Sur 292 votants, 282 membres se sont prononcés en faveur de la suspension, tandis que trois ont voté contre et sept se sont abstenus.
Cette suspension, prise en vertu de l’article 92 des statuts du FPI, prive l'avocate de toute légitimité pour représenter le parti ou agir en son nom, en attendant une éventuelle décision du congrès.
Dans un communiqué dont copie est parvenue à KOACI, le Comité Central a exhorté la direction du parti à prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer une défense efficace du FPI devant le tribunal, rejetant les accusations portées par Dagbo Godé comme étant sans fondement statutaire. Le parti réaffirme sa détermination à maintenir le calendrier du congrès de novembre, malgré les tentatives de blocage.
Cette crise illustre les tensions internes au sein du FPI, où des ambitions personnelles se heurtent aux exigences de cohésion et de discipline.
Jean Chresus, Abidjan
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