Côte d'Ivoire : Accusé d'avoir nommé illégalement un chef intérimaire, le préfet de Jacqueville échappe de peu à une séquestration par les habitants du village d'Akrou
Le Préfet de Jacqueville, Félicité Kra Takia épouse Oula, a échappé de peu à une situation délicate vendredi dernier. Après une réunion avec une délégation de la Commission électorale indépendante (CEI) concernant la révision de la liste électorale qui a démarré le 19 octobre 2024, elle a failli être confrontée à une vive protestation de la part des habitants d'Akrou, un village situé à environ 5 km de Jacqueville.
Ces habitants, en colère depuis le matin, avaient l'intention de tendre un guet-apens pour manifester leur mécontentement vis-à-vis d'un arrêté qu'elle aurait pris, visant à nommer un chef intérimaire pour six mois. Cette décision ne plaisait pas à une grande partie de la population locale, qui soutient Gervais Tékry comme leur chef, et non celui désigné par le Préfet.
Les villageois ont observé les mouvements de Madame Oula toute la journée, attendant de la confronter une fois sa réunion terminée. Cependant, elle semble avoir eu vent de leurs intentions et a décidé de rester dans son bureau avec ses collaborateurs jusqu'à ce que la tension retombe.
Lorsque la réunion s'est enfin terminée, les jeunes du village ont bloqué la route, formant une longue file de véhicules à l'arrêt sous l'oeil impuissant des forces de l'ordre venues prêter main-forte à la Préfète, qui ont tenté sans succès de calmer la situation jusqu'à minuit.
Le président des jeunes d'Akrou, Herman Loïc Tékry, a exprimé la colère des villageois. Selon lui, le Préfet s'est ingéré dans les affaires locales en imposant un chef, alors que traditionnellement, ce sont les villageois eux-mêmes qui désignent leur chef. Il a ajouté que la communauté avait déjà choisi son chef et que la décision de la Préfète, qui a nommé un intérimaire issu du camp adverse, ne faisait qu'aggraver la situation. Les habitants demandent l'abrogation de cet arrêté et une consultation populaire pour résoudre la crise de manière pacifique, comme cela se fait généralement dans de telles circonstances.
« Nous sommes ce soir sur la route pour nous faire entendre, afin que les autorités de la Côte d'Ivoire nous écoutent. Nous avons un Préfet ici qui se mêle des affaires du village, qui s'ingère dans nos affaires. Un Préfet qui nous a imposé un chef. Or, nous savons que ce sont les villages qui nomment leur chef. Elle va même jusqu'à prendre un arrêté pour nommer un chef intérimaire alors qu'il y a déjà un chef qui a été choisi et qui est dans ce village. S'il y a une crise et qu'elle doit la régler, c'est en nommant des personnes qui viendront faire une consultation ou des négociations. Elle vient, contre toute attente, et nous impose un chef de village sorti de nulle part, qui est même l'un des belligérants de la crise d'Akrou. C'est elle que nous avons attendue jusque-là. C'est elle que nous voulions prendre, puisqu'elle a décidé de se mêler des affaires du village () Qu'elle abroge son arrêté. Il ne faut pas qu'elle vienne nous diviser avant de partir », a conclu Herman Loïc Tékry, président des jeunes du village dAkrou.
Depuis le décès du chef du village, Ignace Nangba Yacé, en mars dernier, Akrou est plongé dans une crise de succession, avec deux camps en conflit pour le trône. La décision du Préfet de nommer un chef intérimaire a été perçue comme un soutien à l'une des factions, ce qui a intensifié les tensions. L'autre camp réclame une consultation populaire pour éviter davantage de divisions.
Selon d'autres informations en notre possession, tard dans la nuit de vendredi, des agents auraient fait irruption dans le village à la recherche des organisateurs de cette manifestation de protestation contre la Préfète.
Wassimagnon
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