Côte d'Ivoire : Crise au FPI, après avoir saisi la justice pour annuler le congrès, Dagbo Godé se justifie et dénonce une gestion autocratique d'Affi
Dagbo Godé (Ph KOACI)
Le Front Populaire Ivoirien (FPI) traverse une crise interne qui divise ses dirigeants à l’approche de son prochain congrès du 8 et 9 novembre 2024 à Yamoussoukro. Lors d’une conférence de presse tenue le 10 octobre 2024, Pierre Dagbo Godé, membre du parti, a accusé Pascal Affi N'Guessan, président sortant, de manipuler les instances du FPI pour se maintenir au pouvoir malgré l’expiration de son mandat.
L'ancien vice-président qui a été démi de ses fonctions par Affi N'guessan à l'approche du congrès a rappelé que le mandat de l'actuel président du FPI avait pris fin le 27 juillet 2023, mais ce dernier continue de diriger le parti en prenant des décisions unilatérales.
Selon le troisième adjoint au maire de Yopougon, ces agissements violent les statuts du parti et compromettent le fonctionnement démocratique du FPI. À titre d’exemple, il a révélé que le président sortant avait supprimé de manière arbitraire le Secrétariat général, une structure fondamentale prévue par l'article 39 des statuts, pour le remplacer par des Conseils Politiques Régionaux (CPR). Ces nouveaux organes, non reconnus par les textes du parti, serviraient à renforcer le contrôle d'Affi N'Guessan en influençant la sélection des délégués au congrès.
Dagbo Godé a également dénoncé un manque de transparence dans le processus de prise de décision. Il a affirmé que plusieurs décisions avaient été imposées sans respect des règles de délibération fixées par l'article 7, privant les organes dirigeants de toute capacité réelle d'opposition. Il a aussi critiqué le traitement réservé aux membres en désaccord avec Affi N'Guessan, comme Firmin Krékré, récemment limogé de manière arbitraire.
Pour le candidat au poste de président du FPI, ces actions sont en contradiction avec les principes fondamentaux du parti, notamment le droit à l’alternance et à une gouvernance partagée. Il a souligné qu'après 23 ans à la tête du FPI, Affi N'Guessan devrait accepter de céder la place à de nouveaux dirigeants, mais au lieu de cela, il s'accroche au pouvoir. La démission d’Akpa Landry, président de la commission juridique du parti, illustre la frustration croissante face à ce mode de gestion autoritaire.
Un autre point de friction concerne l'organisation du congrès. Dagbo Godé a révélé que Pascal Affi N'Guessan avait non seulement déposé sa candidature le 23 septembre 2024, mais avait aussi, quelques minutes plus tard, limogé Issiaka Sangaré, le président du comité d'organisation du congrès. Cette manœuvre vise, selon lui, à empêcher toute opposition efficace et à s’assurer du contrôle total du processus électoral.
Le collaborateur du maire de Yopougon Adama Bictogo a également critiqué la tenue de la session extraordinaire du 5 octobre 2024, présidée par Affi N'Guessan lui-même, en violation des règles internes.
Cette session a entériné l’inscription de 7000 délégués sans clarification sur les critères de sélection, annulant par ailleurs les cotisations ordinaires pour 2024, ce qui contrevient à l’article 16 des statuts. Cette décision, selon Dagbo Godé, pourrait engendrer des tensions lors du congrès, rendant difficile la distinction entre délégués légitimes et simples participants.
Face à ces dérives, Dagbo Godé a annoncé avoir saisi la justice pour annuler les décisions controversées, espérant restaurer le respect des statuts du parti. Pour lui, le FPI ne doit pas devenir la propriété d’un seul homme, mais rester un patrimoine commun à l’ensemble de ses militants.
Il a conclu en soulignant que lui et Affi N'Guessan étant tous deux candidats à la présidence du parti, il aurait été logique que l’organisation du congrès repose sur un consensus. Or, aucune concertation n’a été engagée pour garantir un processus équitable.
Avec ces nouvelles accusations, le FPI semble s’enfoncer davantage dans une crise qui pourrait fragiliser l’organisation de son prochain congrès voir même l'annuler. Dagbo Godé espère que son appel à la justice permettra de remettre le parti sur la voie de la démocratie interne, mais l’issue de ce bras de fer reste incertaine.
À suivre.
Jean Chresus, Abidjan
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire