Le secteur de l'hévéa en Côte d'Ivoire, une filière stratégique pour l'économie nationale, bénéficie d’un soutien décisif avec la distribution des fonds COVID-19. Lors d'une conférence de presse tenue par l'Association des Jeunes Agriculteurs Modernes Hévéicoles de Côte d'Ivoire (AJAMHCI), son président, Camara Issouf a exprimé sa gratitude envers le Président de la République et toutes les parties prenantes pour avoir permis la mise à disposition de 5 milliards de FCFA. Ces fonds, répartis entre plus de 45 000 producteurs, représentent une bouée de sauvetage pour les acteurs du secteur, durement frappés par les effets économiques de la pandémie.

Il a annoncé que chaque producteur reçoit en moyenne 40 190 FCFA, un montant vital dans un contexte rural souvent marqué par la précarité. Cette aide intervient après quatre ans d’attente, donnant ainsi un espoir tangible aux producteurs, tout en leur fournissant un soutien financier immédiat.

Le président de l’AJAMHCI a également appelé les producteurs à se rendre dans les bureaux compétents pour vérifier leurs informations afin d’éviter d’éventuelles complications pendant la phase de contentieux.

Au cours de cette rencontre, l’Association a également mis en avant la nécessité de s'adapter aux nouvelles normes imposées par l'Union européenne d'ici 2025. La filière doit impérativement procéder au géo-référencement de toutes les plantations d’hévéa pour se conformer aux exigences internationales de traçabilité du caoutchouc. Ce processus, en plus de fournir une base de données fiable, permettra d’améliorer les conditions de travail et de renforcer la compétitivité des producteurs ivoiriens.

Camara Issouf a encouragé les producteurs à collaborer avec les équipes de géo-référencement qui se rendront sur le terrain. Cette initiative vise à optimiser la gestion des plantations, à garantir une meilleure traçabilité des produits, et à soutenir une croissance durable dans un secteur stratégique.

Un autre sujet de préoccupation soulevé lors de la conférence est le manque de contrôle efficace des prix de vente du caoutchouc. Selon l'AJAMHCI, des pratiques abusives sont souvent constatées sur le terrain, où des acheteurs peu scrupuleux profitent de l’absence de régulation pour exploiter les producteurs.

Face à cette situation, l’Association demande à ce que la commission de contrôle des prix, pourtant déjà formée, soit rapidement opérationnelle. Si aucune mesure concrète n'est prise, les producteurs se réservent le droit de mener des actions de contrôle à partir du 1er novembre, afin de garantir des prix justes et stables pour la filière.

Enfin, l’AJAMHCI a fermement dénoncé la poursuite de l’exportation des fonds de tasses, une pratique qui fragilise l'approvisionnement local des usines de transformation. Depuis l’interdiction de cette exportation en décembre 2023, les prix du caoutchouc brut ont connu une amélioration significative, atteignant près de 395 FCFA le kilogramme. L’Association estime qu’il est incompréhensible que certains continuent d’autoriser cette exportation, malgré les besoins croissants du marché local.

L'AJAMHCI appelle à une action immédiate du Conseil Hévéa Palmier à Huile (CHPH) pour stopper cette exportation et garantir une meilleure disponibilité de caoutchouc pour les usines locales. Le président de l’Association a également sollicité une attention accrue de la part du Chef de l'État et du Premier ministre sur cette question cruciale pour l’avenir de la filière.

Les producteurs d’hévéa jouent un rôle essentiel dans l’économie de la Côte d'Ivoire, et leur bien-être doit être une priorité. L'AJAMHCI reste déterminée à défendre les droits des producteurs, en veillant à la transparence des opérations et en s’engageant pour une meilleure régulation de la filière. Les mesures actuelles, telles que la distribution des fonds COVID-19, le géo-référencement des plantations et le contrôle des prix, sont des étapes cruciales pour assurer la pérennité et la compétitivité de cette filière stratégique pour l’avenir du pays.

«Les producteurs d’hévéa, qui contribuent de manière significative à l'économie du pays, méritent une protection et une juste rémunération. Nous restons déterminés à défendre nos droits et à assurer la transparence dans toutes les opérations liées à la filière hévéa », a conclu, M. Camara.

Wassimagnon