Côte d'Ivoire : IDA21, après deux jours de réflexion, voici l'accord d'Abidjan signé par des dirigeants politiques et chefs d'entreprises
Alassane Ouattara et certains décideurs à la cérémonie de clôture à Cocody Sofitel Hôtel Ivoire (Ph KOACI)
L’Afrique est à un tournant de son histoire économique. C’est avec cette prise de conscience que s’est tenue l’Assemblée pour le Développement Économique à Abidjan, en Côte d’Ivoire, un événement phare ayant rassemblé plus de 100 chefs d'entreprises, dirigeants politiques de premier plan et personnalités influentes du monde des arts.
Après deux jours de débats intensifs et de réflexions collectives, cet événement s'est conclu hier jeudi 10 octobre 2024 au Sofitel Hôtel Ivoire de Cocody par la signature de l'Accord d'Abidjan, un appel pressant aux gouvernements du G20 afin qu'ils augmentent leur soutien financier à l’Association Internationale de Développement (IDA) de la Banque mondiale.
L'IDA, créée pour répondre aux besoins des nations les plus pauvres du globe, représente un vecteur de changement fondamental pour des pays en développement, dont beaucoup sont situés en Afrique subsaharienne. Alors que la région continue de faire face à des défis structurels et économiques majeurs, cet appel à la reconstitution des ressources de l'IDA, dans le cadre de son 21e cycle de financement, est vu comme une étape essentielle vers la réduction de la pauvreté et l'amélioration des infrastructures vitales dans plusieurs pays.
L'Accord d'Abidjan demande à ce que les nations du G20 apportent un soutien à hauteur de 120 milliards de dollars d’ici la fin de l’année 2024, une somme jugée nécessaire pour permettre aux pays les plus vulnérables de bénéficier de conditions de financement favorables. Cet engagement est d’autant plus crucial que nombre de ces nations sont actuellement étranglées par des taux d'intérêt élevés sur les prêts, ce qui freine leur développement en détournant des ressources qui pourraient être utilisées pour améliorer les services publics tels que la santé, l'éducation et les infrastructures.
Parmi les signataires de cet accord historique, figurent des personnalités comme Lawrence Summers, ancien secrétaire au Trésor des États-Unis, Mary Robinson, ancienne présidente d'Irlande, et Stefan Löfven, ancien premier ministre de Suède. À leurs côtés, des entreprises de renommée mondiale telles que Cisco et Intel se sont engagées à soutenir cette initiative, illustrant une fois de plus l'importance d'une collaboration entre le secteur privé et les gouvernements pour résoudre les problèmes globaux.
Au-delà de cette contribution des acteurs politiques et économiques, l'Accord d'Abidjan a également reçu le soutien de figures emblématiques du monde des arts et de la culture. Des artistes influents tels que Femi Kuti, Gyakie, et Ariel Wayz ont eux aussi signé cet appel, soulignant ainsi l’importance de la mobilisation de toutes les sphères de la société dans la construction d’un avenir meilleur pour l’Afrique.
L’Assemblée pour le Développement Économique d'Abidjan a mis en lumière les nombreux défis auxquels le continent africain est confronté, mais aussi les opportunités qui s’y trouvent. La population de l'Afrique subsaharienne, en rapide croissance, représente aujourd'hui un atout majeur pour la région. Dans les décennies à venir, cette région comptera près d'un quart de la population mondiale en âge de travailler. C'est ce potentiel démographique et économique qui pourrait transformer l’Afrique en un moteur central de la croissance mondiale, à condition toutefois que les investissements et les ressources nécessaires soient mobilisés dès maintenant.
Cette assemblée a aussi été marquée par des annonces concrètes d’investissements dans le développement durable du continent. Parmi ces initiatives, Energea et Hecate Energy ont fait part de leur volonté de construire des installations solaires à grande échelle, apportant ainsi de l’énergie propre à des millions de foyers africains. D’autres entreprises, telles que Zipline, ont dévoilé des projets innovants, notamment pour étendre la livraison de vaccins aux communautés rurales en Côte d'Ivoire, soulignant ainsi l’importance d’intégrer la technologie et les innovations logistiques au développement du continent.
Mais l’aspect le plus marquant de cette rencontre a sans doute été l’appel à une plus grande coopération entre les secteurs public, privé et la société civile pour s’attaquer aux défis du développement africain. L’Accord d’Abidjan s’inscrit dans cette logique, appelant les dirigeants des pays du G20 à prendre des mesures concrètes pour soutenir la région à travers le refinancement de l’IDA.
En amont du sommet du G20 prévu en novembre à Rio de Janeiro, cet appel revêt une importance capitale. Il en va non seulement de l’avenir de l’Afrique, mais aussi de l’économie mondiale. La Banque mondiale et les entreprises partenaires, telles que Bridgewater Associates, Global Citizen et Harith General Partners, ont souligné le rôle crucial que jouerait un soutien accru à l’IDA pour stimuler la croissance économique et améliorer les conditions de vie de près de deux milliards de personnes.
Ajay Banga, président de la Banque mondiale, a exprimé son optimisme quant à la capacité des acteurs globaux à répondre à cet appel. Selon lui, des investissements stratégiques en Afrique permettront non seulement de réduire la pauvreté, mais aussi de renforcer la stabilité économique mondiale à long terme. « Nous avons l'opportunité de transformer les trajectoires de croissance de pays clés en Afrique subsaharienne, et cette transformation profitera à l'ensemble de la planète », a-t-il déclaré lors de son discours de clôture.
Cette vision d’un avenir plus prospère pour l’Afrique a été partagée par d'autres personnalités présentes, dont le président ivoirien, Alassane Ouattara, et le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, qui ont insisté sur la nécessité pour les pays africains de jouer un rôle central dans la définition de leur propre trajectoire de développement, tout en bénéficiant du soutien de la communauté internationale.
Ainsi, l'Assemblée pour le Développement Économique d'Abidjan et l'Accord d'Abidjan qui en découle, marquent une étape clé dans les efforts mondiaux pour soutenir le développement de l’Afrique. Plus qu’un simple appel à l’action, cet accord incarne une vision d’un continent qui, avec les investissements et la collaboration nécessaires, peut non seulement surmonter ses défis actuels, mais aussi devenir un acteur majeur de l'économie mondiale.
Jean Chresus, Abidjan
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