Cameroun : Surpopulation carcérale, détention provisoire et corruption dans les prisons camerounaises, au cœur des défis de la société civile
Le système carcéral camerounais fait face à de nombreux défis, notamment une surpopulation chronique (173% en moyenne). Des taux alarmants allant jusqu'à 500% dans certains établissements. Cette situation critique est principalement due à un taux élevé de détention provisoire, touchant 58% des détenus, dont certains attendent leur procès pendant plusieurs années. Les lenteurs judiciaires, exacerbées par une administration surchargée et sous-financée, aggravent cette problématique.
Face à ces enjeux, le consortium composé d'Avocats Sans Frontières France, de l'ONG RECODH et de RIDEV a lancé le Projet d'Appui à une Gouvernance Carcérale Basée sur les Droits Humains au Cameroun (PAGOC). Cette initiative ambitieuse vise à améliorer les conditions de détention, l'accès à la justice et la réinsertion socio-professionnelle des détenus les plus vulnérables.
Face à ces défis majeurs, le consortium composé d'Avocats Sans Frontières France, de l'ONG RECODH et de RIDEV a lancé le Projet d'Appui à une Gouvernance Carcérale Basée sur les Droits Humains au Cameroun (PAGOC). Cette initiative ambitieuse, s'étendant sur 42 mois du 1er avril 2024 au 30 octobre 2027, vise à transformer en profondeur le système carcéral camerounais en améliorant les conditions de détention, l'accès à la justice et la réinsertion socio-professionnelle des détenus les plus vulnérables.
Le PAGOC s'articule autour de quatre axes stratégiques : le renforcement des capacités des acteurs de la chaîne pénale, l'amélioration de la prise en charge des détenus et de leur accès à la justice, l'établissement d'un groupe de monitoring fonctionnel, et la mise en place d'une dynamique, multi-acteurs. Cette approche holistique reconnaît la complexité du système pénitentiaire et la nécessité d'impliquer tous les acteurs concernés pour obtenir des changements durables.
Le projet interviendra dans sept régions clés du Cameroun, couvrant les villes principales de Yaoundé, Douala, Bafoussam, Buea, Bamenda, Garoua et Maroua. Cette couverture géographique étendue permettra d'avoir un impact significatif sur l'ensemble du système carcéral du pays. Bénéficiant du soutien financier de l'Union Européenne et du Barreau de Paris, le PAGOC vise à mobiliser un large éventail d'acteurs, incluant les autorités publiques, les avocats et les organisations de défense des droits humains.
Parmi les objectifs ambitieux du projet, on note la formation de 80 acteurs de la chaîne pénale sur le respect des droits humains des détenus, la formation spécialisée de 60 avocats pour une meilleure prise en charge des personnes privées de liberté, et la fourniture d'une assistance judiciaire à 120 détenus en situation de vulnérabilité. Le PAGOC prévoit également la création d'un réseau d'avocats compétents en milieu carcéral, le développement de modules de formation en ligne sur les droits de l'homme, et l'organisation d'un colloque national sur les peines alternatives, une initiative importante pour réduire la surpopulation carcérale.
Réinsertion socio-professionnelle
Un aspect particulièrement novateur du PAGOC est son focus sur la réinsertion socio-professionnelle des détenus. Cette composante est essentielle pour réduire les risques de récidive et briser le cycle de la criminalité. Le projet ambitionne d'accompagner 220 détenus dans leur processus de réinsertion, une démarche qui va bien au-delà de la simple libération. Cette approche reconnaît que la réinsertion est un processus complexe qui nécessite un soutien multidimensionnel.
La réinsertion socio-professionnelle des ex-détenus est un enjeu déterminant pour la société camerounaise dans son ensemble. Elle implique non seulement de fournir aux détenus des compétences professionnelles pendant leur incarcération, mais aussi de les accompagner dans leur transition vers la vie active une fois libérés. Cela peut inclure des programmes de formation professionnelle, un soutien psychologique, une aide à la recherche d'emploi, et un accompagnement dans la réintégration communautaire. En dotant les ex-détenus des outils nécessaires pour reconstruire leur vie, on réduit significativement les risques de récidive, contribuant ainsi à la sécurité publique et à la cohésion sociale.
Le PAGOC prévoit également de sensibiliser 3500 détenus sur leurs droits et les voies de recours légales à leur disposition, renforçant ainsi leur capacité à naviguer dans le système judiciaire et à faire valoir leurs droits. Cette sensibilisation est vitale pour responsabiliser les détenus et les préparer à une réintégration réussie dans la société.
Cette initiative s'inscrit dans un contexte où le Cameroun dispose déjà d'un cadre législatif intégrant des textes protecteurs des droits humains, notamment la Constitution de 1996 et diverses conventions internationales ratifiées. Cependant, la mise en œuvre effective de ces dispositions reste un défi majeur, soulignant l'importance d'initiatives comme le PAGOC pour traduire ces engagements en actions concrètes.
Le PAGOC représente ainsi une opportunité unique de combler l'écart entre les engagements législatifs du Cameroun en matière de droits humains et la réalité du terrain dans le système carcéral. En promouvant une approche participative et inclusive, le projet vise à créer une dynamique positive pour améliorer durablement les conditions de détention, l'accès à la justice pour les détenus les plus vulnérables, et leur réinsertion socio-professionnelle.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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