Côte d'Ivoire : Déguerpissement dans la forêt classée de Bonon, Laurent Tchagba : « Il est inacceptable d'affirmer que notre action vise spécifiquement les Baoulés»
Le déguerpissement de la forêt classée de Bonon dans le département de Bouaflé, entamé, le 16 septembre dernier, a fait couler beaucoup d’encres et de salives. Cette action a même été récupérée par certains partis politiques qui ont vite fait d’y voir une stratégie savamment orchestrée par le gouvernement pour chasser de cette localité, les planteurs baoulés qui y exercent depuis des décennies.
Lors de sa visite à Bonon où est située cette forêt classée pour constater de visu cette situation de déguerpissement, Laurent Tchagba, Ministre des Eaux et Forêts, s’est voulu ferme sur cette intox véhiculée par ces politiciens et qui sont de nature à entamer la cohésion sociale.
« J’ai été surpris de voir cette action utilisée à des fins politiques, en prétendant que nous traquons les Baoulés. Cette forêt classée abrite également d'autres communautés, notamment des Burkinabès, des Gouros, des Sénoufos et des Malinkés. Il est inacceptable d’affirmer que notre action vise spécifiquement les Baoulés », a-t-il déclaré avec fermeté.
Il a rappelé aux députés qu'en tant que représentants du peuple, il était de leur devoir de se rapprocher des services compétents pour obtenir des informations précises, plutôt que d’utiliser la situation à des fins politiques.
Faisant le point de la situation à l’émissaire du gouvernement, le préfet du département de Bonon, Ogou Yapi a informé que parmi les 42 campements identifiés, seuls 12 ont été touchés pour l'instant ajoutant qu’en collaboration avec la direction régionale de l’éducation nationale des mesures sont en cours pour intégrer dans d’autres écoles les élèves impactés.
« Il est important de souligner que personne n'a rapporté de conditions indécentes d'hébergement pour les personnes déplacées. Nous restons en contact avec les autorités de sécurité pour garantir une gestion adéquate de la situation. Nous poursuivrons nos efforts pour que les populations se retirent pacifiquement de ces zones sensibles », a déclaré le préfet.
Après avoir entendu les préoccupations du préfet et des députés Trazié Bi Guessan (Bonon-Zaguieta) et Jean Likane (Boguhé), le ministre a annoncé la suspension de l'opération de déguerpissement, qui avait commencé le lundi 16 septembre 2024.
« Aujourd'hui, nous sommes ici pour aborder la question de manière constructive. Je réaffirme que l’activité de déguerpissement est suspendue. Avec les autorités préfectorales et les élus, nous allons établir un état des lieux des populations impactées. Cependant, je ne peux pas accepter que ceux qui occupent illégalement des terres demandent à y être rétablis », a-t-il averti.
Le ministre a promis de poursuivre les efforts de sensibilisation avec ses services, le corps préfectoral et les élus, afin de s’assurer que les décisions prises ensemble soient correctement mises en œuvre.
Au nom des élus, le député Trazié Bi Guessan a exprimé sa gratitude envers l’émissaire du gouvernement pour avoir établi un cadre de dialogue constructif.
Le préfet de Bonon a rappelé qu’environ 15 000 hectares de la forêt classée, sur près de 40 000 hectares, avaient été cédés aux populations en 1974 pour leurs activités agricoles. Cependant, certaines de ces populations ont vendu ou exploité leurs terres, entraînant une pression sur les 20 350 hectares restants, que l'État s’efforce de protéger.
Le préfet de Bonon a également souligné que les agents de la Société de développement des forêts (SODEFOR) sont souvent victimes d’attaques de la part d’infiltrés lorsqu'ils tentent de mener des patrouilles de contrôle, incidents qui sont documentés par des preuves visuelles.
Wassimagnon
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire