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Côte d'Ivoire : Alépé, un vieil homme accusé de sorcellerie et violenté par une foule, sa maison incendiée
 

Côte d'Ivoire : Alépé, un vieil homme accusé de sorcellerie et violenté par une foule, sa maison incendiée

 
 
 
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© Koaci.com - samedi 21 septembre 2024 - 15:51

La maison incendiée du vieux (Ph KOACI)



Dans certaines régions d'Afrique, les croyances autour de la sorcellerie demeurent profondément enracinées et influencent le comportement des communautés face aux mystères de la mort.


Pour ces populations, le décès d’un proche ou d’un membre de la communauté n’est que rarement attribué à des causes naturelles. C'est dans ce contexte que se déroule un événement tragique dans le village de Monga, situé à quelques kilomètres d'Alépé.


Comme confié à KOACI par des sources sur place, le 14 septembre 2024, le village se prépare à enterrer un jeune homme dont la disparition soudaine a bouleversé la les populations. Ses amis, encore sous le choc de la perte, refusent d’accepter que sa mort puisse être le fruit du destin ou d’une maladie.


Convaincus qu’une force obscure est à l’œuvre, ils décident de recourir à une ancienne pratique ancestrale : celle de laisser le cercueil guider leurs pas pour désigner le responsable de la tragédie. Cette croyance repose sur l’idée que l’esprit du défunt, via le mouvement du cercueil, pourra révéler l’identité du coupable.


Ainsi, dans un climat de tension et de suspicion, un groupe de jeunes hommes porte le cercueil du défunt à travers les rues de Monga, espérant qu’il les mène vers celui qu’ils jugent responsable de cette mort inexpliquée. Les porteurs avancent en tanguant sous le poids de la dépouille, dirigés par des mouvements qu’ils interprètent comme des signes.


 

Peu à peu, ils s’approchent de la maison d’un vieillard respecté dans le village, Ohoussou Kalala, âgé de 80 ans. Selon des témoins, lorsque les porteurs sont arrivés à proximité de son domicile, le cercueil a brusquement heurté la mâchoire du vieil homme, qui s’est effondré sous la violence du choc.


Pour les jeunes hommes, cet événement est perçu comme une preuve irréfutable : le défunt, à travers son cercueil, a désigné Ohoussou Kalala comme l'auteur de sa mort. Animés par la colère et la certitude que le vieil homme est un sorcier ayant provoqué la mort prématurée de leur ami, ils se déchaînent contre lui. Blessé et à terre, Ohoussou Kalala n’a aucune chance d’échapper à leur rage.


Sans chercher à comprendre ou à obtenir d’autres explications, les jeunes décident de passer à l’action. Non seulement ils le rouent de coups, mais ils poussent la violence encore plus loin en incendiant sa maison, une bâtisse de sept pièces.


Les flammes engloutissent rapidement la demeure du vieil homme, emportant avec elles une partie de son existence. Alertés par des témoins effrayés, les sapeurs-pompiers civils du centre de protection civile d’Alépé se rendent sur les lieux dans l'espoir de maîtriser l’incendie et de porter secours à la victime. Mais à leur arrivée, il est déjà trop tard pour sauver la maison. Quant à Ohoussou Kalala, il a été rapidement évacué vers les urgences de l’hôpital général d’Alépé, grièvement blessé et en état de choc.


Cet événement dramatique met en lumière d'autres tragédies similaires qui se sont produites dans le passé, où des individus, accusés à tort de pratiquer la sorcellerie, ont été lynchés par des foules en colère.


Dans le département d’Alépé, la pratique consistant à désigner un coupable par le biais du cercueil est loin d’être éradiquée, malgré les appels des autorités et des chefs traditionnels à abandonner cette coutume dangereuse. Plusieurs années auparavant, des personnes accusées de sorcellerie avaient trouvé la mort dans des circonstances similaires.


Aujourd’hui encore, cette croyance continue de faire des victimes, semant la terreur parmi ceux qui sont accusés sans preuve. Pour de nombreuses communautés, la mort ne peut être accidentelle ou naturelle ; elle est souvent attribuée à des forces occultes. Mais ce type de superstition peut avoir des conséquences graves, comme l’a tristement démontré l’histoire d’Ohoussou Kalala.


 

Alors que l’octogénaire lutte pour sa vie à l’hôpital, la question demeure : combien de temps ces pratiques continueront-elles à faire des victimes innocentes dans des villages tels que Monga ? Et surtout, quelles mesures peuvent être prises pour sensibiliser ces populations à l’importance de l’abandon de telles coutumes, sources de violence et de drames humains ?


L’incident de Monga devrait servir de signal d’alarme pour les autorités locales et les chefs communautaires. Une action concertée est nécessaire pour mettre fin à ces pratiques qui, sous couvert de traditions, ne font que perpétuer des injustices et des souffrances.




Jean Chresus, Abidjan


 
 
  Par Koaci
 
 
 
 
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