Côte d'Ivoire : Yopougon, arrestation de trafiquants d'ivoire, une nouvelle prise qui met en lumière la menace pesant sur les éléphants
Les présumés trafiquants d'Ivoire (Ph KOACI)
Deux présumés trafiquants ont été interpellés à Abidjan, dans la commune de Yopougon le lundi 16 septembre 2024 ,en possession de deux défenses d'éléphant pesant au total 14 kilogrammes.
Cette saisie, résultat d'une opération conjointe menée par l'Unité de lutte contre la Criminalité Transnationale Organisée (UCT), la Direction de la Police forestière et de l’Eau du Ministère des Eaux et Forêts (DPFE-MINEF), avec le soutien technique de l'ONG Eagle-Côte d’Ivoire, illustre une fois de plus l'ampleur du trafic illicite d'ivoire, qui menace les populations d'éléphants en Afrique de l'Ouest et en Côte d'Ivoire en particulier.
Les deux suspects, après avoir transporté les ivoires depuis Tanda, une ville située à l'est du pays, jusqu'à Abidjan, se préparaient à vendre leur marchandise lorsqu'ils ont été pris en flagrant délit par les forces de sécurité. Rapidement mis en garde à vue, ils ont ensuite été transférés au Pôle pénal, économique et financier d’Abidjan-Cocody où ils ont été placés sous mandat de dépôt dans l'attente de leur jugement. Selon la loi N°2024-364 du 11 juin 2024 portant gestion de la faune, ces individus risquent une peine allant de dix à vingt ans d’emprisonnement et une amende pouvant atteindre 100 millions de francs CFA.
Malgré l'interdiction du commerce international de l'ivoire depuis 1989, la demande reste élevée, alimentée principalement par les marchés asiatiques. En conséquence, entre 20 000 et 30 000 éléphants sont tués chaque année pour leurs défenses, contribuant à un déclin rapide des populations d’éléphants africains. Les éléphants, emblèmes de la faune africaine, sont ainsi décimés par un trafic lucratif et clandestin.
En Côte d'Ivoire, la situation est particulièrement préoccupante. Selon les estimations du rapport de 2016 de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la population d'éléphants dans le pays oscillerait entre 200 et 600 individus. Une grande partie de cette population se trouve dans le parc national de la Comoé, une réserve classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, mais qui peine à maintenir ses effectifs. Les éléphants de cette région sont encore extrêmement vulnérables, et leur rétablissement pourrait prendre des décennies si des mesures rigoureuses ne sont pas prises pour protéger leur habitat et endiguer le braconnage.
Ce déclin des éléphants s'explique par deux principaux facteurs. Le premier est l'intensification du trafic illégal d'ivoire, encouragée par la demande internationale. Le marché noir de l’ivoire continue de prospérer, malgré les efforts des gouvernements et des ONG pour endiguer ce fléau. Le second facteur est l'exploitation abusive des terres et des ressources naturelles nécessaires à la survie des éléphants. L'agriculture industrielle, l'expansion des infrastructures et l'occupation anarchique des zones forestières privent les éléphants de leur habitat naturel, les rendant encore plus vulnérables aux chasseurs illégaux.
Néanmoins, ces actions ponctuelles, aussi efficaces soient-elles, ne suffiront pas à stopper l'hémorragie. Une approche plus globale et concertée est nécessaire, associant une répression accrue des réseaux de trafiquants à des campagnes de sensibilisation visant à dissuader les consommateurs d'acheter de l'ivoire. En parallèle, la préservation des habitats naturels des éléphants doit être érigée en priorité. La Côte d'Ivoire, autrefois surnommée le pays des éléphants, a vu ces majestueux pachydermes presque disparaître de ses savanes et de ses forêts. Si des actions fortes ne sont pas prises rapidement, les éléphants ivoiriens pourraient disparaître à jamais.
Jean Chresus, Abidjan
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