Cameroun : Crise anglophone, couvre-feu nocturne décrété pour les établissements de loisirs dans la Manyu
Yves Bertrand Awounfac Alienou préfet de la Manyu (Ph)
Voici sept ans que dure la crise anglophone au Cameroun, qui a débuté fin 2016. Elle continue d'impacter lourdement les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays. Et le quotidien des populations.
Le préfet du département de la Manyu, Yves Bertrand Awounfac Alienou, a ordonné la fermeture de tous les bars, snacks et night-clubs de 20h à 6h du matin.
Selon l’autorité administrative, cette décision est motivée par des « exigences de sécurité, de préservation de la paix et de maintien de l'ordre public ». Elle restera en vigueur jusqu'à nouvel ordre, a-t-il précisé. Les contrevenants s'exposent à des sanctions, et les autorités locales ainsi que les forces de l'ordre sont chargées de l'application de cette mesure.
La crise anglophone a éclaté en octobre 2016, initiée par des revendications d'avocats et d'enseignants des deux régions majoritairement anglophones du pays qui protestaient contre la marginalisation perçue de leurs localités et la "francisation" du système judiciaire et éducatif. Ces manifestations pacifiques se sont rapidement transformées en un conflit armé sécessionniste à partir de 2017, opposant des groupes séparatistes à l'armée camerounaise.
Selon les experts, les origines de cette crise remontent à la période post-coloniale et à la réunification du Cameroun en 1961, qui a vu la fusion des régions anglophones (anciennement sous tutelle britannique) avec le reste du pays majoritairement francophone. Les tensions linguistiques et culturelles, ainsi que le sentiment de marginalisation économique et politique des régions anglophones, ont contribué à l'escalade du conflit.
Le conflit a entrainé les déplacements massifs de population. La perturbation du système éducatif avec de nombreuses écoles fermées, la détérioration des services de santé, le ralentissement de l'activité économique dans les régions touchées et l’augmentation de l'insécurité et des violences
Selon les dernières données de l'ONU disponibles, le bilan officiel de cette crise s'élève à environ 6 000 morts, plus de 765 000 déplacés internes et plus de 70 000 réfugiés camerounais au Nigeria
De nombreuses mesures prises pour tenter de maitriser le conflit ont débouché sur des restrictions des libertés qui sont devenues monnaie courante dans le contexte de ce conflit qui dure depuis maintenant sept ans.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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