Cameroun : Affaire Martinez Zogo, le procès entre dans le vif du sujet, tous les accusés plaident non coupables
Le procès de l'affaire Martinez Zogo, secoue le Cameroun et la communauté internationale des médias, a franchi une étape significative ce lundi 9 septembre 2024 lors de sa sixième audience au Tribunal militaire de Yaoundé. Cette affaire, qui concerne l'enlèvement, la torture et l'assassinat du célèbre journaliste et animateur radio Martinez Zogo en janvier 2023 près de Yaoundé, est enfin sur le point d'entrer dans le vif du sujet après six mois de débats procéduraux.
Après des mois d'attente et de controverses, le tribunal militaire de Yaoundé a enfin procédé à l'identification formelle des 17 accusés et à la notification des charges retenues contre eux. Cette étape marque le début d'une nouvelle phase dans ce procès hautement médiatisé et politiquement sensible.
Les accusés face à leurs charges
Parmi les 17 prévenus, on compte des figures importantes du paysage médiatique et sécuritaire camerounais : Jean-Pierre Amougou Belinga, promoteur du groupe L'Anecdote, accusé de complicité de coaction de torture. Bruno François Bidjang Oba'a Bikoro, directeur général du groupe de médias Vision4, Satellite Fm et L'Anecdote, accusé de conspiration de torture, d'arrestation et de séquestration. Léopold Maxime Eko Eko, ancien patron de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), accusé de complicité de torture.
Justin Danwe, lieutenant-colonel et ancien directeur des opérations à la DGRE, faisant face à quatre chefs d'accusation : complicité d'arrestation et de séquestration, complicité de torture, complicité d'assassinat et violation de consignes.
Plusieurs autres agents de la DGRE, des officiers de police et de l'armée, ainsi que des civils, complètent la liste des accusés, tous faisant face à des charges graves liées à l'assassinat de Martinez Zogo.
Non-culpabilité
Dans un moment marquant de l'audience, chacun des 17 accusés a plaidé « non coupable » face aux charges qui lui sont imputées. Cette position unanime laisse présager des débats intenses lors des prochaines audiences, alors que l'accusation devra présenter des preuves solides pour étayer ses allégations.
L'État camerounais, un rôle controversé
Un point de contentieux majeur dans ce procès concerne le rôle de l'État camerounais. Malgré les efforts des avocats de l'État pour modifier sa position, le tribunal a maintenu sa décision de considérer l'État comme civilement responsable. Cette décision signifie que l'État pourrait être tenu de verser des dommages et intérêts en cas de condamnation de ses agents, mais ne pourra pas se constituer partie civile comme le souhaitaient ses représentants.
Me Claude Assira, avocat de l'État et de la DGRE, a tenté en vain d'obtenir une rétractation de cette décision, soulignant les enjeux considérables pour l'État camerounais dans cette affaire.
L'audience de lundi a également permis de fixer le cadre des prochaines étapes du procès.
Report stratégique
À la demande des avocats de la défense, le tribunal a accordé un délai supplémentaire pour la préparation des exceptions. La prochaine audience est fixée au 30 septembre 2024.
La prochaine session devrait marquer le véritable début des débats sur le fond de l'affaire, avec la présentation des preuves et l'audition des témoins.
Les avocats de la défense auront l'opportunité de soulever leurs exceptions, ce qui pourrait encore retarder l'entrée dans le vif du sujet si des questions procédurales importantes sont soulevées.
L'affaire Martinez Zogo dépasse largement le cadre d'un simple fait divers. Elle soulève des questions fondamentales sur.
La liberté de la presse au Cameroun. L'assassinat d'un journaliste connu pour ses enquêtes sur la corruption a envoyé une onde de choc dans la communauté journalistique.
L'implication présumée des services de sécurité : La présence de nombreux agents de la DGRE parmi les accusés soulève des questions sur le rôle des services de renseignement dans cette affaire.
La responsabilité de l'État : Le statut de « civilement responsable » attribué à l'État pourrait avoir des implications significatives en termes de réparations et de réformes institutionnelles.
Le déroulement de ce procès est scruté de près, tant au niveau national qu'international, comme un test de l'indépendance et de l'efficacité du système judiciaire camerounais.
La communauté internationale, les organisations de défense des droits de l'homme et les associations de journalistes suivent de près ce procès. Beaucoup espèrent qu'il apportera non seulement justice pour Martinez Zogo et sa famille, mais aussi des changements significatifs dans la protection des journalistes au Cameroun.
Les familles des victimes et les organisations de la société civile attendent avec impatience le début des débats de fond, espérant que la vérité sur cet assassinat brutal sera enfin révélée.
Alors que le procès entre dans sa phase décisive, de nombreuses questions restent en suspens. La capacité du système judiciaire camerounais à mener à bien ce procès complexe et politiquement sensible est mise à l'épreuve. Les prochaines audiences promettent d'être riches en révélations et pourraient avoir des répercussions durables sur le paysage médiatique et politique du Cameroun.
L'affaire Martinez Zogo reste un symbole puissant de la lutte pour la liberté de la presse et la justice au Cameroun, et son dénouement sera suivi avec attention bien au-delà des frontières du pays.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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