L’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) a 30 ans. La cérémonie officielle de lancement des activités marquant les 30 années d’existence de cet important outil d’intégration sous-régionale, s’est déroulée, ce mardi 23 juillet à Abidjan. Elle a vu la participation de plusieurs membres du gouvernement notamment, le Ministre du Patrimoine, du Portefeuille de l’Etat et des Entreprises publiques, Moussa Sanogo, représentant le ministre Adama Coulibaly, en charge du Budget et des Finances, par ailleurs, parrain de l’événement et des présidents d’institution en l’occurrence, Dr Eugène Aka Aouélé du CESEC et Yua Koffi, de la Cour de Cassation. 

Gustave Diasso, le représentant résidant de l’UEMOA en Côte d’Ivoire, a dans son intervention, rappelé ce qui a constitué l’essence de la création de cette union. « Cela fait 30 ans déjà, que grâce à la clairvoyance des pères fondateurs, l’UEMOA est née avec pour mission de construire autour de notre monnaie commune le FCFA, un espace économique harmonisé au sein duquel circulent librement les personnes, les biens, les services et les capitaux. Il s’agissait par cet acte, de poser la première pierre de l’édifice, pour bâtir sur le fondement de la solidarité entre nos peuples et de la complémentarité de leurs économies, une ère de prospérité, de progrès et de solidarité entre les Etats membres de l’Union », a-t-il indiqué d’entrée.

Par la suite, il a dressé un bilan succinct des 30 ans d’existence de l’UEMOA, en termes de parcours et de résultats et relevé les principaux acquis apportés par l’organisation aux populations de cette zone économique. « Au cours des trois décennies, nous avons réalisé d’importants chantiers, des progrès réels ont été enregistrés grâce au dynamisme des différentes instances de notre union, avec le fonctionnement de tous les organes décisionnelles, juridictionnelles et consultatifs, ainsi que les institutions spécialisées. L’union a contribué à la stabilité du cadre macro-économique, grâce aux mécanismes de la surveillance multilatérale des économies des Etats membres. Elle a avancé dans l’institution du marché commun, à travers la mise en place de l’union douanière et la libéralisation des prestations de service par la libre circulation et le droit d’établissement au sein de l’espace communautaire des ressortissants exerçant certaines professions libérales », a-t-il ajouté.

Le représentant résidant s’est appesanti sur des projets communautaires concrets réalisés dans le cadre du programme économique régionale. « En matière d’hydraulique villageoise, des infrastructures routières, d’aménagements hydro-agricole, de sécurité alimentaire, d’enseignement supérieur, de formation professionnelle, de santé humaine et animale etc., de nombreux projets ont été réalisés pour le bien des populations », a-t-il déclaré.

S’agissant du cas spécifique de la Côte d’Ivoire, Gustave Diasso, a révélé : « A décembre 2023, le montant total du portefeuille net des 15 programmes et projets résiduels en exécution au profit de la Côte d’Ivoire s’élevaient à 57.986.447.000 FCFA ».

Le représentant résidant de l’UEMOA en Côte d’Ivoire s’est réjoui du fait que l’Union ait une monnaie stable. De plus, le taux de croissance de l’espace est en moyenne de 5,75%, avec des pointes allant jusqu’à 10%. Cependant, le niveau des échanges intra-communautaires, reste encore en deçà des 20%. « Notre organisation est citée un peu partout comme un modèle d’intégration régionale réussie. C’est le lieu de rendre un vibrant hommage au nom du président de la commission à nos partenaires qui nous ont toujours fait confiance en mettant leurs ressources financières et leurs expertises à la disposition de l’UEMOA », a-t-il confié.

En dépit des succès enregistrés au cours de ces trente années, l’UEMOA, fait face aujourd’hui à un contexte régional et international des plus perturbés, marqués par des mutations profondes et des défis multiples au plan sécuritaire et économique. D’ailleurs, le thème choisi pour la célébration de ce trentième anniversaire de la création de l’UEMOA à savoir : « UEMOA, 30 ans : une expérience d’intégration résiliente face aux chocs exogènes », est loin d’être fortuit. Ce thème selon Gustave Diasso, permet d’avoir un regard rétrospectif sur le chemin parcouru et de réfléchir à des mesures idoines, pour renforcer la stabilité macro-économique et sociale, ainsi que la résilience des Etats, face aux chocs exogènes.

« Avec 30 ans d’existence, l’UEMOA est à la phase de majorité. Elle se doit de se projeter dans l’avenir, si elle veut demeurer une organisation de référence en Afrique et dans le monde. Cette projection nous amène à identifier les défis qui vont du reste être abordés au cours de la conférence publique. Il s’agit de la question de la sécurité face à la montée du terrorisme, le renforcement de la convergence et la stabilité macro-économique qui tend à se détériorer depuis les chocs indus par la pandémie du Covid-19, l’amélioration de l’environnement des affaires et la réduction des fragilités externes grâce au renforcement de la transformation des produits de base, l’accélération de la transformation structurelle des économies en poursuivant les reformes, afin de réduire progressivement les asymétries structurelles entre les Etats de l’Union et l’approfondissement du marché financier régional et le développement de l’intermédiation financière », a énuméré le représentant résidant.

Pour sa part, le ministre Moussa Sanogo, lui-même pur produit de l’intégration économique, pour avoir longtemps appartenu à une institution communautaire régionale, a rendu un vibrant hommage aux pères fondateurs de l’UEMOA « pour la clairvoyance dont ils ont fait preuve et pour les efforts qu’ils ont consentis en vue de porter sur les fonds baptismaux cette union économique dont nous sommes aujourd’hui fiers ».

Le Ministre du Patrimoine, du Portefeuille de l’Etat et des Entreprises publiques, a indiqué que tout au long de ses 30 années d’existence, l’UEMOA s’est investie avec ingéniosité et abnégation à bâtir le processus d’intégration économique et à impulser le développement social des Etats membres à travers l’adoption et la mise en œuvre de reformes et politiques déclinées en programme et projets communautaires. 

Toute chose qui selon lui, a contribué à « la consolidation du processus d’intégration des économies et des peuples de ses Etats membres », à travers trois grandes stratégies de son point de vue. Il s’agit d’abord du rapprochement de la convergence économique des Etats, ensuite le développement d’un marché commun et enfin, la mise en œuvre des politiques sectoriels dédiées à l’amélioration des conditions de vie des populations.

« Le taux moyen de mise en œuvre des reformes menées dans le cadre de l’approfondissement du processus d’intégration économique, qui ressortait à 40% en 2013, s’est accru significativement pour atteindre un taux de 75,9% en 2023, grâce à l’institution de la revue annuelle des reformes politiques et programmes et autres projets institués par l’acte additionnel du 24 octobre 2013. La Côte d’Ivoire assure depuis près d’une décennie, des performances remarquables, avec un taux important d’application des reformes. Ce taux ressort en 2023, à 85,4% », a-t-il noté.

Des succès indéniables qui font malgré tout face à des défis au plan sécuritaire et économique, dans un environnement économique régionale et mondiale perturbé et qui menacent gravement les importants acquis réalisés. 

Moussa Sanogo au cours de son intervention a confié que l’espace UEMOA est la région la plus intégrée en Afrique, en dépit des certaines opinions soulevées, dernièrement dans certains pays voisins. « Nous avons une monnaie commune, une banque centrale commune, une législation bancaire uniforme dans tous nos Etats, un superviseur bancaire unique, un pool commun de devise et il n’y a pas plus grande solidarité que cela. Nous avons des codes douaniers harmonisés, une fiscalité harmonisée, une règlementation financière extérieure unique, un code de marché public unique etc. Je pense qu’au vue de tout cela nous pouvons être fiers du chemin parcouru », a-t-il passé en revue. 

Il s’est dit convaincu que dans la solidarité et la cohésion, l’UEMOA pourra réaliser de grands progrès pour le développement de son espace communautaire en vue d’améliorer les conditions de vie des populations, avant de déclarer ouvertes, les festivités marquant les 30 ans de l’institution économique et monétaire sous-régionale. 

Pour rappel, c’est le 10 janvier 1994 à Dakar au Sénégal qu’a été créée l’UEMOA. Il regroupe huit Etats que sont : la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.

Wassimagnon